| CANALISER, verbe trans. A.− Emplois techn. 1. PONTS ET CHAUSSÉES a) [Le compl. désigne un cours d'eau] Le transformer afin de le rendre apte à la navigation, ou de régulariser son cours au moyen d'écluses, d'épis, d'ouvrages en maçonnerie, etc. Canaliser la Loire, le Rhin; canaliser la rivière (Michelet, Journal,1839, p. 320): 1. Deux torrents, qu'on entendait rebondir à travers les feuillages sans que nul songeât encore à les canaliser, faisaient office d'égouts...
Toulet, Le Mariage de Don Quichotte,1902, p. 151. b) Sillonner un pays par un système de canaux. Canaliser la Hollande. On défriche, on construit, on creuse, on canalise (A. Pommier, Océanides et fantaisies,1839, p. 162). 2. TECHNOL. Transporter à distance un liquide, un gaz, etc., au moyen de conduites : 2. Pour construire la courbe d'ionisation on canalise les rayons du radium au moyen d'un diaphragme à tubes, ...
MmeP. Curie, Traité de radioactivité,t. 2, 1910, p. 156. B.− P. anal. 1. CIRCULATION ROUTIÈRE. [L'obj. désigne la masse des piétons, des automob., etc.] En régulariser le mouvement. Canaliser la foule, le flot des spectateurs. Canaliser tout ce monde (Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 42). − Emploi pronom. à sens passif : 3. ... Zazie se mit à considérer gravement la foule qui, de l'autre côté de la chaussée, se canalisait entre deux rangées d'éventaires.
Queneau, Zazie dans le métro,1959, p. 60. 2. Au fig. Empêcher la dispersion, concentrer, diriger selon des voies déterminées. Canaliser les informations, la correspondance. Canaliser sa force dans le travail (P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 113): 4. Pourquoi ne se consacrerait-il pas tout entier [Saccard] à l'administration des bonnes œuvres de la princesse? ... devenir le dispensateur de cette royale charité, canaliser ce flot d'or qui coulait sur Paris.
Zola, L'Argent,1891, p. 56. − Emploi pronom. à sens passif : 5. Il devrait lui sembler que son destin, épars d'abord, et ruisselant en tous sens, comme dans une prairie de montagne, se ramasse et se canalise peu à peu.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 67. Prononc. et Orth. : [kanalize], (je) canalise [kanali:z]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1585 fig. (?) « enfermer comme dans un canal » (Fr. Feuardent, le Sepmaine des Dialogues, 168b ds Fr. mod., t. 5, p. 72), attest. isolée; 1829 « action d'ouvrir des canaux dans un pays » (Boiste); 1838, juin « convertir en canal, rendre navigable » ici empl. fig. (Sainte-Beuve, Correspondance gén., t. 2, 1818-69, p. 393 : J'ai repris avec bonheur mon ancienne place sur les bancs d'Ampère, d'où j'assiste du rivage, non pas aux tempêtes, il n'y a pas de tempêtes sur sa mer; c'est canalisé d'un bout à l'autre, mais excellent); 1842 au propre (L. Reybaud, Jérôme Paturot, p. 126). Dér. de canal*; suff. -iser*. Fréq. abs. littér. : 53. DÉR. 1. Canalisable, adj.Qui peut être canalisé. Fleuve, rivière canalisable (cf. Ac. 1932 et la plupart des dict. du xixesiècle). − [kanalizabl̥]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1836 (Land.); du rad. de canaliser, suff. -able*. 2. Canalisateur, trice, subst. et adj.a) Celui qui creuse des canaux (cf. Quillet 1965). b) Au fig. Celui qui centralise. Nous sommes ici, nous autres, les canalisateurs de ce flot incessant (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 426).− Seule transcr. ds Littré : ka-na-li-za-teur. − 1reattest. 1831 (Balzac, Correspondance, t. 1, p. 620); de canaliser, suff. -ateur (-eur2*). − Fréq. abs. littér. : 2. |