| CALCINER, verbe trans. Soumettre à l'action du feu les pierres calcaires pour les transformer en chaux. − P. ext. 1. Soumettre à une très forte température pour obtenir une combustion totale. Calciner du bois : 1. Il prépara un charbon d'origine animale, en calcinant dans un creuset fermé des os d'animaux de boucherie.
J. Rouberty, Manuel de sucrerie,1922, p. 54. Emploi abs. : 2. « On pourrait encore suivre le procédé suivant : dissoudre une partie de magnésie dans de l'acide sulfurique, évaporer la liqueur à siccité, calciner légèrement, et reprendre par l'eau, qui dissout le sulfate de magnésie et laisse le sulfate de chaux... »
J.-B. Kapeler, J.-B. Caventou, Manuel des pharmaciens et des droguistes,t. 1, 1821, p. 154. Emploi pronom. Brûler jusqu'à totale combustion : 3. [dans le four Porion]. Pendant que la masse est en feu et se calcine, il faut la remuer énergiquement avec un ringard; ...
L. Ser, Traité de phys. industr.,t. 2, 1890, p. 370. ♦ P. métaph. ou au fig. Détruire : 4. Il faut une conscience fidèle et qui réfléchisse, dans sa transparence, les fautes passées; il faut une douleur puissante, qui fende et calcine la dureté du cœur; ...
Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 148. 2. Dessécher, brûler : 5. Nous nous sommes mis à table à neuf heures un quart et grâce à la prudence de ma cuisinière qui n'a embroché qu'en entendant les coups de canon, le dîner n'a pas été calciné.
Mérimée, Lettres à la comtesse de Boigne,1870, p. 74. ♦ P. métaph. : 6. ... puis, lui, pauvre diable, mais bon prince, avala quatre assiettées du potage écarlate, lequel, entre parenthèses, calcine joliment les boyaux, et lampa deux bouteilles de blanc et quatre ou cinq de rouge; ...
L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 311. Emploi pronom. : 7. ... Il [le père Tellier] a fait tant de bamboches quand il était jeune!... Il s'est calciné avec l'eau-de-vie! Mais c'est fâcheux, tout de même, de voir une connaissance s'en aller.
Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 120. 8. ... ils se voyaient comme ils étaient : la grande foire, la foule, beaucoup trop calme, avec cent faces grises; la rue se calcinait de soleil, se tordait sous le ciel éventré, brûlait les talons et les fesses, ils se laissaient brûler; ...
Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 83. Loc. Se calciner le sang. Se tourmenter : 9. − Il vous aime tant... Il se calcine le sang, pécaïré!
A. Daudet, Numa Roumestan,1881, p. 253. Prononc. et Orth. : [kalsine], (je) calcine [kalsin]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xives. (B. de Gord., Pratiq., I, 22 ds Gdf. Compl.); xvies. se calciner (B. Palissy, Disc. admir., p. 354 ds IGLF Litt.). Empr. au lat. médiév. calcinare de même sens (xiie-xiiies. ds Mittellat. W. s.v., 63, 69), lui-même dér. de calx, calcis, v. chaux. Fréq. abs. littér. : 23. Bbg. Gohin 1903, p. 361. |