| * Dans l'article "CAILLER,, verbe." CAILLER, verbe. I.− Emploi trans. [En parlant du sang ou du lait] Faire coaguler en caillots. Il faut plus de présure pour cailler du lait gras que du lait maigre (A.-F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 543). − P. métaph. Le ciel lourd et tiède où la brume était peu à peu caillée en gros nuages (Giono, Le Chant du monde,1934, p. 203). Rem. On rencontre ds la docum. cailler les fromages (Pourrat, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 123). II.− Emploi intrans. ou pronom. réfl. A.− [Le sujet désigne le sang ou le lait] Se coaguler en caillots. Le lait qui caille dans l'éclisse (Leconte de Lisle, Poèmes antiques,Les Plaintes du cyclope, 1874, p. 175).Le coutelas brillait. Le sang rouge noir dégouttait, giclait, coulait, se caillait (Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 102). − P. métaph. Se figer. Le temps ne coule plus, les souvenirs se caillent dans leur mémoire ankylosée (Romains, La Vie unanime,1908, p. 225): Tu as trouvé à ton foyer la contre-mère dont les deux seins sont acides. La présure de la tendresse, qui fait cailler le lait dans l'estomac des enfants du bonheur, tu ne la connais pas.
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 229. B.− P. anal., pop. Être figé par le froid. On caille sur cette plage (Dub.).Ça caille. Il fait froid. Rem. On rencontre ds la docum. l'arg. se cailler au sens de « se faire du souci », qui se rattache plutôt au verbe cailler « fienter » (cf. caille2rem.). Depuis le début de l'autre semaine ça durait comme ça ... vraiment rien d'extravagant!... J'aurais eu tort de me cailler ... Ça mijotait sans pétard. Et même un peu après quatre heures un certain calme s'est établi! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 535). Prononc. et Orth. : [kɑje] ou [ka-]. [ɑ] post. ds Passy 1914, Pt Rob. et Warn. 1968. Cf. encore Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Fél. 1851. [a] ant. ds Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Cf. aussi Gattel 1841, Nod. 1844 (qui note [ɑ] post. pour le subst.) et Littré. Pour le timbre de a et pour la transcr. par [λ] mouillé ou yod cf. caille1et la finale -aille. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Début xiies. « se coaguler, se figer » (Psautier Oxford, CXVIII, 70 ds Gdf. Compl.); début xives. subst. masc. caillé issu du syntagme lait caillé (Fab. d'Ov., Ars 5069, fo193e ds Gdf. Compl. : caillié fres). Du lat. class. de même sens coagulare. Fréq. abs. littér. : 35. DÉR. 1. Caillage, subst. masc.Action de faire cailler le lait. − [kaja:ʒ]. − 1reattest. 1867 (Lar. 19e); de cailler, suff. -age*. 2. Caillement, subst. masc.[En parlant du lait ou du sang] . Action de se cailler; le résultat de cette action. Les microbes contenus dans le lait ... en déterminent le caillement avant que tous les globules butyreux se soient séparés (A.-F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 195).− [kajmɑ
̃] ou [ka-]. [ɑ] post. : Passy 1914, Pt Rob. (cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 88). Pour les dict. hist. cf. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Fél. 1851, et DG. [a] ant. : Lar. Lang. fr. Cf. aussi Gattel 1841, Nod. 1844 et Littré. Ds Ac. 1762-1835. − 1reattest. 1478 caillement du laict (G. de Chauliac, Gde Chirurgie, fo178 ds G. Sigurs, Contribution à l'ét. du fr. médiév., Thèse Université de Montpellier, 1963-64); du verbe cailler, suff. -(e)ment1*. BBG. − Duch. 1967, § 12.1. − Nurmela (T.). Anc. fr. caillier et faire le caillier. Neuphilol. Mitt. 1943, t. 44, pp. 97-106. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 193. − Sigurs 1963/64, p. 54, 387 (s.v. caillement). |