| CAHOTER, verbe. A.− Emploi trans. [Souv. à la tournure passive] Secouer par des cahots : 1. Les ornières cahotaient les grosses roues, les chaînes de l'attelage grelottaient au vent du matin, les sabres brillaient...
Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 124. − P. métaph. 1. Secouer rudement; malmener. La vie l'a cahoté : 2. Les récits coupés et rapides, en entraînant le lecteur, le cahotent.
Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 121. 3. Au troisième acte [de Marion de Lorme], MmeDorval, mal arrangée en Chimène, dit mal les vers du Cid ... l'acte fut cahoté.
MmeV. Hugo, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie,1863, p. 154. 2. Jeter violemment de côté et d'autre, ballotter : 4. ... la forme tragique paraît plus en faveur aujourd'hui que la forme romantique. Nous sommes cahotés entre ces deux formes, ...
Zola, Nos auteurs dramatiques,1881, p. 27. B.− Emploi intrans. Être secoué de cahots : 5. Quand la voiture, cessant de cahoter, partit au trot, Pauline comprit qu'on avait rejoint la route et qu'on descendait vers la ville; à une fraîcheur, au roulement qui changea, qu'on passait sur le grand pont, plus tard.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 232. − P. anal. Avoir une démarche heurtée, irrégulière ou pénible : 6. Comme si Kyo eût craint de rentrer, il le regardait s'en aller, smoking cahotant le long du mur blanc.
Malraux, La Condition humaine,1933, p. 217. − P. métaph. : 7. Je n'ai presque rien fait d'Eugénie Grandet et des Aventures d'une idée. Il y a des moments où l'imagination cahote et ne va pas.
Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1850, p. 54. Rem. On rencontre parfois dans le même sens la forme pronom. : 8. ... en écrivant cette lettre, je vois, de ma fenêtre, les fiacres se cahoter dans les ruisseaux, éclaboussant chacun; ...
Zola, Correspondance,1902, p. 149. Prononc. et Orth. : [kaɔte], (je) cahote [kaɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xiiies. peut-être attesté indirectement par le composé racahotée « abîmée (à force d'être rudement heurtée?) » (Chanson d'Aspremont, éd. L. Brandin, vers 5941, ms. 3equart xiiies. : Hé! Durendal ... Or estes si del tot racahotee); 1564 (J. Thierry, Dict. fr.-lat. ds Gdf. Compl. : Cahoter, faire des cahots). Orig. obsc. L'unique attest. du mot en a. fr. (s'il s'agit bien du même mot), ne permet guère d'accepter l'hyp. d'un étymon frq. *hottôn « secouer » [dont est dér. le frq. *hottisôn, v. hocher] (FEW t. 16, p. 233b; Bl.-W.5). Le corresp. m. néerl. hotten « secouer », Verdam (Valkh., p. 330) est un étymon plus vraisemblable. L'hyp. d'une orig. onomatopéique (EWFS2) ou celle d'un étymon lat. *quatottare, fréquentatif de quatere « secouer » (Bugge ds Romania, t. 4, 1875, p. 352) n'emportent pas la conviction. Fréq. abs. littér. : 47. DÉR. 1. Cahotage, subst. masc.Action de cahoter; son résultat. Je ne puis souffrir le cahotage d'une voiture (Ac.1835-1932).P. métaph. Ce cahotage de tous les styles (Sainte-Beuve, Portraits contemp.,t. 3, 1868, p. 409).− [kaɔta:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. − 1reattest. 1694 (Ac.); de cahoter, suff. -age*. 2. Cahotement, subst. masc.Même sens. Le cahotement [de la charrette] a provoqué ... un vomissement salutaire (Latouche, L'Héritier, Dernières lettres de deux amans de Barcelone,1821, p. 154).Fréq. emplois littér. p. méton. (« bruit »), p. anal. (« secousse »), p. métaph. Le cahotement d'une charrette s'éloignait (Mauriac, Le Baiser au Lépreux,1922, p. 174).Un cahotement de fièvre (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 246).− [kaɔtmɑ
̃]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1769 cahotement des voitures (S. A. Tissot, De la santé des gens de lettres, Lausanne, éd. Grasset, p. 201); de cahoter, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 10. BBG. − Bugge (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 352. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 17; t. 3 1972 [1930], p. 400. |