| CAGOULE, subst. fém. A.− Vieilli. Vêtement de religieux, d'une seule pièce, ample et sans manches, dont le capuchon couvre parfois entièrement la tête en laissant apparaître les yeux, éventuellement la bouche ou le nez : 1. ... on en remarquait quatre [des vieilles femmes] qu'à leur cagoule grise, sorte de soutane, on devinait attachées à quelque confrérie dévote.
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 166. − P. méton. Personne portant une cagoule : 2. Ce mort qu'ils avaient vu passer à la course, emporté par les cagoules, il était tranquille, quelque part dans un petit cimetière fleuri...
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 231. B.− Usuel 1. Capuchon enveloppant complètement la tête, généralement percé d'ouvertures laissant apparaître les yeux, éventuellement la bouche ou le nez. Cagoule de pénitent; bandit en cagoule : 3. On compléta mon costume par l'apport d'une cagoule en toile bleue destinée à cacher le visage des prisonniers dans leurs passages par les corridors pour les promenades dans les préaux...
Verlaine, Mes prisons,1893, p. 395. − P. métaph. : 4. Certaines figures sous la cagoule de leurs cheveux blancs avaient déjà la rigidité, les paupières scellées de ceux qui vont mourir, et leurs lèvres, agitées d'un tremblement perpétuel, semblaient marmonner la prière des agonisants.
Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 938. − P. anal., rare. Ornement de parade, couvrant la tête d'un cheval, percé à l'endroit des yeux. Les six chevaux noirs battaient de l'œil sous leurs cagoules (Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 105). − Arg. des casernes, vx. Masque à gaz utilisé pendant la première guerre mondiale : 5. ... Bouffioux ne voulait plus quitter son masque, (...). Pendant une heure on l'avait entendu bredouiller : « Ça sent la pomme... Ça sent la moutarde... Ça sent l'ail... » Et chaque fois, il remettait peureusement sa cagoule.
Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 282. 2. P. ext. Passe-montagne, porté surtout par les enfants (Pt Rob. et Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth. : [kagul]. Ds Ac. 1878-1932. Étymol. et Hist. Ca 1175 cogole « vêtement de moine » ([B. de Ste Maure], Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 13539); 1552 cagoulle (Rabelais, Quart Livre, chap. XI). Du lat. chrét. cuculla « vêtement de moine » (v. aussi cucul(l)e) qui est la forme fém. correspondant au masc. cucullus « voile, capuchon couvrant la tête » (Columelle ds TLL s.v., 1280, 70); en tant que terme d'Église et parce qu'originaire de la zone sud-ouest de la langue d'oïl (cf. a. prov. cogola), a conservé, sous la forme -g-, le -c- intervocalique; passage de o initial à a par dissimilation. Fréq. abs. littér. : 36. DÉR. Cagoulard, subst. masc.Membre de la Cagoule (appellation cour. du Comité secret d'action révolutionnaire − C.S.A.R. −, organisation française d'extrême droite [1932-1940] dont les membres portaient une cagoule à l'occasion de certaines manifestations). ... la plupart avançaient que j'étais candidat à la dictature; que mon entourage, noyauté de fascistes et de cagoulards, me poussait à instituer en France, lors de la libération, un pouvoir personnel absolu (De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 86).− [kagula:ʀ], fém. [-aʀd]. − 1reattest. 1937 (Fac-similés de journaux et photographies de l'époque ds Ph. Bourdrel, La Cagoule, Paris, 1970, p. 192); de cagoule (la Cagoule), suff. -ard*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 109, 199; t. 2 1972 [1925], p. 95. |