| CACHET, subst. masc. I.− [Désigne (l'instrument d') une marque] A.− Domaine de la vie administr.Petit objet de métal ou de pierre fine, souvent monté sur un anneau ou un manche, gravé en creux ou en relief d'initiales, d'emblèmes ou d'armes, que l'on imprime sur de la cire (ou autre matière malléable) pour fermer une lettre ou servir de marque distinctive. Cachet bien gravé; cachet d'or, d'argent, d'agate; cachet de chiffres, d'armes (Ac. 1798-1878); apposer un cachet sur une lettre : 1. Il [Lucien] en fit un paquet [des pièces de théâtre], le ferma par des pains à cacheter, y mit, avec la force que donne le délire, l'empreinte d'un cachet à ses armes qu'il avait au doigt, ...
Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 475. ♦ P. métaph. Le monde n'est qu'une cire à laquelle notre esprit comme un cachet impose son empreinte (Barrès, Les Déracinés,1897, p. 16): 2. ... cette nef que quatre siècles bâtirent et scellèrent de leurs armes, en y apposant ces extraordinaires empreintes, ces fabuleux cachets qui s'épanouissent en relief sous le berceau renversé des voûtes.
Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 52. − P. ext., vieilli. Timbre ou tampon de caoutchouc avec lequel on imprime à l'encre un cachet. B.− P. méton. 1. Empreinte réalisée par cet objet. a) Pastille de cire (ou de plomb, etc.) portant cette empreinte distinctive, servant généralement à sceller une lettre ou garantissant l'origine et l'authenticité de l'objet sur lequel elle est apposée. Le cachet est entier, rompu; le cachet d'un fabricant; appliquer un cachet sur des bouteilles : 3. Le paquet est sous double enveloppe, noué d'une corde et scellé de cinq cachets noirs. J'y ai empreint mon cachet de pair de France, je reproduis ce cachet sur cette lettre pour que vous puissiez constater que rien n'a été ouvert.
Hugo, Correspondance,1862, p. 380. ♦ Cachet volant (vieilli). Cachet fixé au pli supérieur d'une lettre et n'empêchant pas de l'ouvrir. La lettre que je lui ai envoyée pour le ministre était à cachet volant, sous cachet volant, afin qu'il pût en prendre lecture (Ac.1835-1878). − HIST. Lettre de cachet. Sous l'Ancien Régime, ,,lettre du roi contresignée par un secrétaire d'État, fermée du cachet royal et qui contenait un ordre d'emprisonnement ou d'exil`` (Ac. 1932); attesté dep. Ac. 1798.Expédier, envoyer une lettre de cachet; être exilé par lettre de cachet : 4. ... la Bastille? C'est là qu'il faudrait envoyer le jeune Octave, avec une bonne lettre de cachet.
P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 140. − Loc. fig. Mettre un cachet sur la bouche de qqn. Lui imposer silence (attesté par Lar. 19e, Lar. 20e, Littré, Guérin 1892, Rob.). b) Empreinte à l'encre laissée par un timbre de caoutchouc. Le cachet bleu de la Trésorerie (Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epart., 2, p. 104),le cachet du pharmacien apposé sur une ordonnance ou une feuille de maladie. ♦ Cachet postal. Marque indiquant le lieu, la date et l'heure de départ d'une lettre. Dater [une lettre] d'après le cachet de la poste Lettre 2. samedi (12 mai 1900, d' après le cachet de la poste). (Claudel, Correspondance,[à A. Gide], 1899-1926, p. 45). 2. P. métaph. et/ou au fig. Caractère particulier d'une personne, d'un objet. Imprimer son cachet sur qqc. Les arènes sont le cachet du peuple romain sur Nîmes, Arles, Orange (Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1921-22, p. 187): 5. ... il [Renan] fait de l'histoire la création propre et originale, le « cachet du dix-neuvième siècle » : ...
Massis, Jugements,1923, p. 61. − Spéc., usuel. Caractère distinctif, original des œuvres d'un artiste, d'un auteur. Son style a un cachet particulier; cet écrivain a son cachet (Ac.1798-1878).Cet ouvrage porte le cachet de l'époque où il fut composé (Ac.1835-1932). − Loc. usuelles [En parlant d'un vêtement, d'un obj., parfois d'une pers.] ♦ Avoir du cachet. Avoir du chic, de l'originalité : 6. ... les artistes sont venus; les femmes de F... ont appris qu'elles avaient beaucoup de couleur et de cachet, qu'elles étaient pittoresques enfin...
O. Feuillet, Bellah,1850, p. 1. ♦ Avoir beaucoup de cachet. La « robe » doit sortir, tant elle a de cachet, d'un atelier de fée (Ponchon, La Muse au cabaret,1920, p. 223). C.− Domaine de l'organisation de la vie notamment artistique ou intellectuelle.Carte d'abonnement marquée d'un cachet pour chaque prestation à laquelle elle donne droit. Repas au cachet, des cachets de bains. − Spécialement 1. Vieilli. Carte qu'un élève remettait à son professeur pour qu'il y mette son cachet afin de décompter les leçons. ♦ P. méton. Leçon particulière. Ce maître de danse prend cinquante francs, cent francs pour douze cachets (Ac.1835-1932). ♦ Loc. (usuelle). Courir le cachet. Vivre difficilement de leçons particulières. L'ingrate course au cachet (Voguë, Les Morts qui parlent,1899, p. 148).Professeur ... qui devait doubler ses six mille francs d'appointements en courant le cachet (Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 447). 2. P. anal. Rétribution d'un artiste par représentation, par concert. Le cachet d'un artiste, d'un acteur, d'un musicien; toucher un cachet. Les vedettes européennes à gros cachets (Morand, New-York,1930, p. 116). − P. méton. Représentation, concert, etc., rétribué au cachet. Aller faire des cachets (H. Génin, Le Lang. des planches,1911, p. 44). II.− [P. anal. de forme et de matière, désigne un enveloppement] PHARM. Capsule de pain azyme permettant l'absorption du médicament en poudre qu'elle renferme. Un cachet d'aspirine, avaler un cachet, prendre un cachet : 7. Bonjour, Tricot... celui-là, pour donner un baiser, il ferme les yeux et il tire le gosier, comme s'il avalait un cachet trop gros.
Frapié, La Maternelle,1904, p. 247. − P. ext., fam. Comprimé (d'aspirine). Prendre un cachet pour dormir. ♦ Loc. Être blanc comme un cachet d'aspirine. Anton. être bronzé. PRONONC. : [kaʃ
ε]. Homon. cachais, cachai(en)t. ÉTYMOL. ET HIST. − A.− 1. a) 1464 « petit sceau » (Rec. des anciennes Lois générales, éd. Isambert, Jourdan, Decrusy, Paris, 1825, t. 10, p. 490); 1606 (Nicot : cachet du Roy [...] nom du Roy en caracteres, ou matrices d'argent, grauans en blanc par impression [...] duquel on use és lettres closes & patentes [lettres du cachet]); 1636 lettre de cachet (Monet, Inventaire des deus lang. fr. et lat., Lyon); b) av. 1630 « matière qui porte l'empreinte du cachet » (D'Aub., Vie, p. CXI dans Littré); 2. 1564 « empreinte du cachet sur une matière » (J. Thierry, Dict. fr.-lat., Paris); 3. 1733 « marque permettant de tenir le compte de certaines prestations (ici de leçons données par un professeur) » (Rousseau à une cliente de Chambéry dans Brunot t. 6, p. 1355); 1835 fam. courir le cachet (Ac.); 4. 1762 « signe caractéristique » (J.J.R., Em. IV dans Gohin, p. 342); 1866 avoir du cachet (Lar. 19e). B.− 1899 pharm. (Nouv. Lar. ill.).
A, B dér. du rad. de cacher* pris au sens de « presser », v. FEW t. 2, 1, p. 807a; cf. aussi 1543 (G. de Selve, Trad. de Huict Vies de Plutarque, Paul Emile, 108 vodans Hug.); suff. -et*, servant à désigner l'objet avec lequel l'action s'accomplit (Nyrop t. 3, § 224, no4). STAT. − Fréq. abs. littér. : 741. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 151, b) 2 056; xxes. : a) 692, b) 650. BBG. − Gohin 1903, p. 342. − Rigaud (A.). Hymne à la paie. Déf. Lang. fr. 1971, no59, p. 19. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 449. |