| CABRIOLER, verbe intrans. A.− [Le suj. désigne un animal] Faire des bonds, des cabrioles, des culbutes : 1. Suspendus dans les rochers comme par magie, une chèvre et son chevreau cabriolèrent et vinrent se poser sur une table de granit près de Raphaël, en paraissant l'interroger.
Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 281. − P. ext. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] :
2. Il marchait maintenant sur une mousse épaisse, humide et fraîche, et ce tapis doux sous les pieds lui donna des envies folles de faire la culbute, comme un enfant. Il prit son élan, cabriola, se releva, recommença. Et, entre chaque pirouette, il se remettait à chanter : ...
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Vagabond, 1887, p. 677. 3. Le petit navire dansait si fort qu'une table cabriola les pieds en l'air; désarroi des grands naufrages.
Gide, Voyage au Congo,1927, p. 828. − Emploi factitif : 4. [Barnabé] − ... on doit faire à sa tête, surtout quand l'amitié se met de la partie et vous fait cabrioler le sang dans l'estomac.
F. Fabre, Barnabé,1875, p. 94. B.− P. anal. et p. métaph. [En parlant de l'esprit, de la pensée, etc.] :
5. ... certains procédés (...) de dialoguer la phrase et de faire cabrioler la pensée, qui (...) avaient fait impression dans sa cervelle de collégien, ne lui ont pas été inutiles plus tard [à Rochefort].
A. Daudet, Trente ans de Paris,1888, p. 208. 6. Dans ces moments-là (...) mon esprit aussi cabriole et chahute...
Léautaud, Le Petit ami,1903, p. 129. PRONONC. ET ORTH. : [kabʀijole]. Pour yod de passage et pour la forme caprioler, cf. cabriole. ÉTYMOL. ET HIST. − 1584 (Du Monin, Uranologie, a 5a dans Fr. mod., t. 5, p. 72); 1585 caprioler (N. du Fail, Contes d'Eutrapel dans le Dict. de Dochez d'apr. Littré).
Dér. de cabriole*; dés. -er; un empr. à l'ital. capriolare (Bl.-W.5; EWFS2; Dauzat 1973) attesté seulement au xviiies. (Algarotti dans Batt.) est improbable (Hope, p. 171). STAT. − Fréq. abs. littér. : 31. BBG. − Sar. 1920, p. 12. |