| CÉRÉBRAL, ALE, AUX, adj. I.− Relatif au cerveau. A.− Qui appartient ou qui est propre au cerveau. Cellules cérébrales : 1. Compare (...) la bizarrerie et la complication de la structure cérébrale avec l'idée simple de pensée, d'âme, d'esprit.
Valéry, Suite,1934, p. 23. 2. ... le système ganglionnaire est le siège de l'âme endormie; le système cérébral est le lieu de l'esprit éveillé.
Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 116. SYNT. Appareil, organe, viscère cérébral; centre, cortex, hémisphère, lobe, sinus, tissu, ventricule cérébral; l'artère cérébrale (ou, p. ell., la cérébrale); aire, circonvolution, écorce, pulpe, substance cérébrale; boîte cérébrale; métabolisme, congestion, fonction, lésion cérébrale; chirurgie, pathologie cérébrale. Ramollissement cérébral. Nécrose du tissu cérébral insuffisamment irrigué. Synon. encéphalo-malacie. P. métaph. La folie, l'amour, la dévotion, voilà les trois formes du ramollissement cérébral (E. et J. de Goncourt, Journal, 1862, p. 1059). Tronc cérébral. Partie de l'encéphale constituée par les pédoncules cérébraux, la protubérance annulaire et le bulbe rachidien. Synon. isthme de l'encéphale. − P. méton. Qui concerne le rôle du cerveau. Théorie cérébrale. Théorie selon laquelle les fonctions supérieures mentales et morales ont leur siège dans le cerveau (cf. Comte, Catéchisme positiviste, 1852, p. 18). B.− MÉD., PATHOL. 1. Qui a pour origine une lésion du cerveau. Syndromes cérébraux. − P. méton. Infirme moteur cérébral. Malade dont l'incapacité motrice a pour origine une lésion cérébrale. 2. Qui a pour conséquence des troubles d'ordre neuropsychique. Oreillon cérébral (vx), pneumonie cérébrale (vx), rhumatisme cérébral, syphilis cérébrale (cf. tabès). 3. À base de substance cérébrale. Antigène cérébral de singe (Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXes.,1946, p. 28). 4. Arg. Fièvre cérébrale. Accusation d'un crime justiciable de la peine capitale (cf. F. Vidocq, Les Voleurs, 1836, p. 161). C.− Spéc., PHONÉT. Phonème cérébral (subst. les cérébrales). ,,Phonème (...) dont l'articulation comporte l'application du bord antérieur de la langue contre le sommet (...) du palais dur, et qui se classe ainsi entre les palatales et les vélaires`` (Mar. Lex. 1933, p. 42). Consonne cérébrale. Synon. cacuminal*. II.− P. métaph. ou au fig. A.− Qui concerne l'esprit, l'intelligence, la pensée, la raison, etc. L'ivresse cérébrale de quelques artistes (Baudelaire, Paradis artificiels,Le Poème du haschisch, 1860, p. 377).L'homme libéré du travail servile, cérébral ou manuel (Ruyer, La Cybernétique,1954, p. 18): 3. L'espèce d'ataxie cérébrale du poète et la débandade perpétuelle, infinie, de cette imagination de fulminate était trop connue de lui pour qu'il s'en déconcertât.
Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 162. 4. Plus jeune, je n'aurais pas encore assez de cette vie purement cérébrale et de cette amitié purement platonique, intelligente et froide : quand je vous ai connu, je n'aimais pas l'amour, je n'en avais pas besoin, ...
Montherlant, Les Jeunes filles,1937, p. 1000. SYNT. Assoupissement, dérangement, effort, exercice, jeu, raffinement cérébral; activité, capacité, débilité, évocation, faculté, image, spéculation, supériorité cérébrale. − En partic. ♦ [P. oppos. à l'affectivité] Une sympathie froide, purement cérébrale (L. Daudet, L'Astre noir,1893, p. 230).C'était la verroterie et le clinquant de Weber, sa sécheresse de cœur, son émotion cérébrale (R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 390). ♦ [P. oppos. aux sens] Les grandes passions, cérébrales ou sensuelles (Benoit, L'Atlantide,1919, p. 297): 5. Sa passion purement cérébrale éclatait, aucune sensualité sournoise ne s'éveillait encore dans ses grands yeux clairs d'enfant.
Zola, La Joie de vivre,1884, p. 855. 6. Amour cérébral? Toujours est-il qu'il cultiva surtout des tendresses ardentes qui semblèrent platoniques, ...
Blanche, Mes modèles,1928, p. 160. B.− Qui accorde une place prépondérante aux activités de l'esprit; qui vit par la pensée, par l'imagination. Un milieu purement cérébral, où les seules formes estimées de la vie étaient les intellectuelles (P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 108).Trop cérébral pour prêter attention à ses mains, il oubliait tout ce qu'elles tenaient (Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 199). − Emploi subst. C'est une femme qui ne vit que de coups de tête. Littéralement. Une cérébrale (Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 27): 7. Ce sont des circonstances toujours pénibles; mais MmeVerdurin est une femme forte, c'est une cérébrale encore plus qu'une émotive.
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 896. Rem. On rencontre ds la docum. cervical. Synon. de cérébral, créé par attraction paronymique de cerveau. Une foule d'hommes, tous distingués par l'ampleur de la boîte cervicale et par la lourdeur, par les circonvolutions de leur cervelle (Balzac, Théorie de la démarche, 1833, p. 614). C'est, dit-on, de la faiblesse cervicale, de la sénilité (Hogier-Grison, Pigeons et vautours, 1886, p. 134). Prononc. et Orth. : [seʀebʀal], plur. [-o]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. [1560 Paré d'apr. Dauzat 1972, sans réf.]; 1. av. 1615 « qui a rapport au cerveau » (Pasquier, Lettres, t. II, p. 789 ds La Curne); 1829 méd. (Janin, L'Âne mort et la femme guillotinée, p. 125 : Fièvres cérébrales); 2. fig. 1825 « de l'esprit » (Brillat-Savarin, Physiol. du goût, p. 210 : je me trouvais dans un état d'excitation cérébrale tout à fait extraordinaire); spéc. 1853 « dont toute l'activité semble limitée à l'intellect » (Flaubert, Correspondance, p. 362 : Un tempérament cérébral titanique); 3. 1838 phon. lettres cérébrales « dont le son, moitié nasal, moitié palatal, semble venir du cerveau » (Ac. Compl. 1842). Dér. du rad. du lat. class. cerebrum « cerveau »; suff. -al*. Fréq. abs. littér. : 760. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 101, b) 873; xxes. : a) 1 385, b) 991. DÉR. 1. Cérébralement, adv.Au plan cérébral a) [P. réf. au cerveau en tant qu'organe (cf. cerveau I A)] Dans la nature actuelle, les placentaires passent, cérébralement, avant les marsupiaux (Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 157).b) [P. réf. au cerveau en tant que siège des facultés intellectuelles (cf. cerveau I B 1)] Il était malheureux qu'elle agisse sur moi seulement physiquement, et pas cérébralement (E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 409).Il avait peu d'idées, il n'avait que des intuitions. Jamais un problème ne captivait cérébralement sa curiosité (R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1410).− 1reattest. 1857 juin (Michelet, Journal, t. 2, 1828-60, p. 333); de cérébral, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 9. 2. Cérébralisme, subst. masc.a) Phonét., vx. Caractère propre aux phonèmes cérébraux (cf. cérébral I C). Attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Guérin 1892.b) Synon. de intellectualisme.« Cette jeune école, on pourrait l'appeler l'école du cérébralisme. Elle a par-dessus tout l'amour de la forme et de la nature ». (...) (O. Mirbeau (...) 29 juin 88) (L. Larchey, Dict. hist. d'arg.,Nouv. Suppl., 1889, p. 50).Irrationalisme bergsonien, cérébralisme éleuthérien, chacun exploite l'une des tendances contradictoires d'un peuple nomade et cahoté (Massis, Jugements,1924, p. 227).− 1resattest. a) 1867 gramm. (Lar. 19e), b) 1888, 29 juin (O. Mirbeau ds le Figaro, cité par L. Larchey, loc. cit.; de cérébral, suff. -isme*. − Fréq. abs. littér. : 1. |