| CÉLADON, subst. masc. A.− [P. réf. à Céladon, berger, personnage de l'Astrée] Fam. et gén. iron. Amoureux fidèle, sentimental et généralement platonique : 1. ... pour les contemporains, le tout est de savoir si Pyrrhus n'est pas un prince amoureux trop brutal, ou si au contraire ce roi barbare ne fait point figure d'un céladon.
Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 85. − Adj. inv., péj., rare. Une (...) lettre qu'il trouva plus céladon encore et plus plate que celle qui était à la poste (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 28). Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. céladonique, rare. Qui dénote la fadeur, la langueur et la mièvrerie propre au céladon. M. De Voyer a laissé deux cassettes pleines de lettres céladoniques copiées deux fois de sa main (Chamfort, Caractères et anecdotes, 1794, p. 147). B.− P. méton. [En réf. avec la couleur du costume de berger dont ce personnage était vêtu] Couleur vert tendre, pâle et bleuté. 1. [Employé comme adj. inv.] Bleu céladon, vert céladon. Un fond de faïences bleu céladon (Barrès, Une Enquête aux pays du Levant,t. 2, 1923, p. 129). 2. [Employé comme subst.] Nuances du bleuâtre et du blanc, du tanné et du céladon, qui annonce le midi (A. Arnoux, Rhône, mon fleuve,1944, p. 218). − Porcelaine céladon, p. ell. céladon. Porcelaine recouverte d'émail craquelé, généralement de couleur vert tendre. Objet en céladon. Des céladons chinois (Ac.1932).Fromentine a posé un lotus blanc au centre de la table dans un céladon plein d'eau (Morand, L'homme pressé,1941, p. 120): 2. La porcelaine figure parmi les plus anciens objets de trafic des mers de Chine et de l'océan Indien; des spécimens de l'ancien céladon chinois ne sont pas rares aux Philippines.
Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 289. Prononc. et Orth. : [seladɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1617 adj. de couleur pâle (D'Aubigné, Foeneste, I, 2 ds DG : Orangé, pastel céladon); 2. 1686 subst. (Fontenelle, Lettres du Chevalier d'Her., 37 ds Ritter, Les Quatre dict. fr., B. de l'Institut national genevois, 1905, t. 36 : Les céladons ne connaissent les rivières que pour s'y jeter de désespoir). Du nom de Céladon, personnage de l'Astrée d'Honoré d'Urfé, 1607, amant délicat et passionné, dont le costume de berger était agrémenté de rubans verts (Celadon [gr. κ
ε
λ
α
́
δ
ω
ν proprement « le retentissant »], d'apr. le nom d'un guerrier dans les Métamorphoses d'Ovide, 5, 144 ds TLL s.v.). Fréq. abs. littér. : 16. Bbg. Goug. Mots t. 1 1962, p. 280. − Migl. 1968 [1927], p. 180. − Tournemille (J.). Au Jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, pp. 408-411. |