| BUTOR, ORDE, subst. A.− Subst. masc. Oiseau échassier de l'ordre des ardéidés au plumage brun tacheté et aux formes ramassées (cf. héron). Butor étoilé. Le butor doré, (...) qui se tient immobile sur une longue patte, comme sur un épieu (Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 207): 1. ... il n'y eut rien qu'un oiseau terne, au vol bas, qui se leva devant eux sans un cri : quelque petit butor sans doute, troublé dans sa solitude. Ils l'entendirent longtemps après pousser sa clameur étrange, son beuglement mélancolique.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 68. B.− Subst. masc. ou fém., fig., fam. Personne lourde, stupide, grossière (cf. balourd, lourdaud). Butor de pied plat ridicule (E. Rostand, Cyrano de Bergerac,1898, I, 4, p. 44): 2. Un jour qu'elle balayait ma chambre et qu'il passait dans le corridor, elle lui avait jeté de la poussière sur ses beaux souliers reluisants. Lui de la traiter de butorde, elle de le qualifier de crocheteur; ...
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 38. − Emploi adj., rare. L'architecture butorde de Paestum (P. Borel, Champavert,M. de l'Argentière, l'accusateur, 1833, p. 10): 3. Elle [Rosine] détestait M. de Nelles, si butor envers les fournisseurs qu'elle craignait de le rencontrer rue de Prony.
Barrès, L'Appel au soldat,1897, p. 431. Rem. 1. Le fém. butorde est rare. 2. La plupart des dict. gén. indiquent que le fém. est plus fam. que le masc. 3. On rencontre dans la docum. butorder, verbe intrans. Se comporter en butor (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1891, p. 122). PRONONC. : [bytɔ:ʀ], fém. [-ɔ
ʀd]. ÉTYMOL. ET HIST. − Fin xiies. (Folie Tristan d'Oxford, éd. E. Hoepffner, v. 498); 1661 fig. (Molière, École des Maris, III, 7 dans Ch.-L. Livet, Lex. de la lang. de Molière, Paris, p. 307).
Sans doute d'un lat. vulg. *buti-taurus, composé du rad. de butio « butor » et de taurus « taureau ». Pline signale qu'à Arles, on appelait le butor taurus, à cause de son cri rappelant le mugissement des bœufs ou des taureaux (Hist. nat. 10, 42, 57 dans Forc., s.v. taurus, p. 671a). STAT. − Fréq. abs. littér. : 118. BBG. − Darm. Vie 1932, p. 98. − Le Gentil (P.). Notes sur un vers de la Ballade contre les ennemis de la France (Villon, poésies diverses, V). Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1970, t. 8, no1, pp. 129-134. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 313. − Rog. 1965, p. 39. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 414; t. 2 1972 [1925], p. 376; t. 3 1972 [1930], p. 183, 237; pp. 243-246. − Tobler (A.). Etymologisches. In : [Mél. Caix (N.) et Callone (U. A.)]. Firenze, 1886, pp. 71-72. |