Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BURE1, subst. fém.
A.− Étoffe grossière de laine brune, lourde, rêche et robuste. Robe, vêtement de bure. Il ressemblait à un bandit, avec sa barbe en désordre et son sac usé de bure (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 81):
1. Quant au linge, (...) il y avait lieu d'y saluer des échantillons de bures lacustres. Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Le Convive à Nina de Villard, 1883, p. 131.
2. La religieuse se leva. C'était une fille de taille moyenne et dont les formes gracieuses se révélaient sous la bure épaisse de sa robe. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 144.
P. métaph. :
3. ... à droite des arbres, un champ divisé en quatre petits jardins faits au point de croix avec la laine vert-chou des choux, la soie d'or rouge d'une petite plantation de pêchers, le fil bleu pâle des artichauts; tout ça sur fond de bure. Giono, Chroniques,Noé, 1947, p. 13.
B.− P. méton. Le vêtement (capote, manteau, froc, tenue de travail, etc.) confectionné avec cette étoffe. Vêtu, couvert d'une bure; bure de berger, de forçat, de moine; bure franciscaine :
4. Il faisait un temps de chien. Vous étiez enveloppé d'un grand manteau brun. Une sorte de bure. Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 644.
Rem. On rencontre dans la docum. un emploi unique en ce sens de bures pluriel :
5. Le moine redressa sa haute taille. − J'ai pensé à vous, ma chère sœur, dit-il en tirant de ses bures profondes une petite médaille, tenez, vous la passerez ce soir à votre cou... Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 146.
P. métaph. :
6. Sous la bure terne de son poil hivernal [du dix cors], des reflets rouges flambèrent en ondulant. Genevoix, La Dernière harde,1938, p. 159.
C.− Au fig.
1. Domaine concr.[P. réf. à la couleur et/ou à la rugosité du vêtement de bure] :
7. Thérèse aimait ce dépouillement que l'hiver finissant impose à une terre déjà si nue; pourtant la bure tenace des feuilles mortes demeurait attachée aux chênes. Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 275.
P. métaph. :
8. Le crépuscule envahissait la mer et le palais, et la longue bure du soir s'étendait sur le monde. G. Kahn, Le Conte de l'or et du silence,1898, p. 372.
2. Domaine abstr.[P. réf. à l'austérité du vêtement de moine]
P. méton. :
9. La science a fait comme la liberté; originale et créatrice sous la bure, routinière et paresseuse sous la livrée. Quinet, Allemagne et Italie,1836, p. 124.
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. fém. burette, dimin. de bure. Elle [la dame] s'aperçut que, malgré sa jaquette de burette et sa culotte scandaleusement loqueteuse (...) il [Guillery] gardait cependant bonne grâce et fière prestance (P. Arène, Veine d'argile, 1896, p. 199).
PRONONC. : [by:ʀ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1441 « grossière étoffe de laine brune » (Les comptes d'un grand couturier de Paris du xves., 160 dans Bull. de la Soc. de l'hist. de Paris et de l'Île-de-France, t. 38, 1911, pp. 118-192). L'apparition tardive de bure fait difficulté; le mot est soit directement issu d'un lat. vulg. *būra (bien que bure n'ait pas de corresp. dans les lang. rom., un esp. ou un port. bura n'étant en réalité pas attestés, Cor., s.v. buriel) d'orig. obsc., peut-être forme second. du lat. de basse époque bŭrra (bourre*); au xiies. le mot bourre peut désigner une sorte d'étoffe (E. de Fougères, Manières, éd. A. Talbert, 920 dans Gdf. Compl., s.v. bourre), cf. aussi bourras; soit dér. régr. de burel, bureau*, qui serait dér. du même type latin.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 125.
BBG. − George (K. E. M.). L'Emploi anal. de qq. n. d'étoffes dans le domaine gallo-rom. In : [Mél. Boutière (J.)]. Liège, 1971, t. 1, p. 267.