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BUFFET, subst. masc.
I.− [L'idée dominante est celle d'un présentoir; prép. sur]
A.− Vx. Table sur laquelle sont disposés la vaiselle, le pain et le vin servi au repas. Dresser le buffet, ôter le buffet.
Loc. fig. Danser devant le buffet. N'avoir plus rien à manger :
1. ... manger des briques c'est se serrer la ceinture, danser devant le buffet, se taper du vent; ... Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 70.
P. méton.
1. La vaisselle elle-même. Un beau, riche buffet; un buffet d'argent ciselé.
Rem. Attesté dans les dict. gén. du xixes. et dans Lar. 20eet Quillet 1965.
2. Personnel chargé du service au buffet. Quand on croit avoir bu trente bouteilles, le buffet en a bu la moitié (Ac. Compl.1842).
Rem. Attesté dans les dict. d'Ac. Compl. 1842 à Lar. 20e.
3. Pièce où le personnel prend ses repas. Synon. usuel office.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. 20e, Guérin 1892, DG.
B.− Usuel
1. [Les consommations sont gracieusement offertes] Dans un bal, une réunion de société, table où sont disposés les mets, la pâtisserie, les boissons. Buffet bien fourni; buffet froid, garni, campagnard; passer, s'attarder au buffet :
2. − Eh bien! ce sera la fête de l'été. Nous dresserons un buffet. Rien que des mets rustiques : jambons et saucisses, viandes froides, pâtés de gibier. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 164.
Loc. Vin du buffet. De bonne qualité p. oppos. à vin de table.
Rem. Le sens « vin fin » est enregistré dans les princ. dict. du xixes.; Lar. 20eseul dict. du xxes. à connaître l'expr. rectifie et dit prudemment ,,Anciennement, piquette (semble avoir désigné plus tard un vin de qualité)``; cette expr. véhiculée par les dict. pourrait reposer sur une mauvaise interprétation du Testament de Villon (passage cité dans Gdf. et Littré) où l'interprétation correcte est « mauvais vin » et où, faute de connaître l'humour de Villon, on aurait interprété « bon vin » (cf. étymol.).
P. méton.
a) Pièce où sont dressées les tables lors d'une réunion :
3. Vendredi 20 avril. Hier, dans la salle à manger de Daudet, transformée en buffet de bal, nous avons dîné sur une petite table, et presque aussitôt après a commencé le défilé des invités, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1888, p. 776.
b) [Les consommations servies sur les tables] Un buffet abondant et de qualité.
2. [Les consommations sont servies à titre onéreux] Vieilli. Table à étagère d'un restaurant où sont présentés les plats proposés aux clients.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. et dans les dict. techn. gastronomiques.
En partic., dans une gare des ch. de fer. Table dressée à la disposition des voyageurs.
P. méton. Salle où est dressée cette table; restaurant de la gare. Déjeuner, manger au buffet (de la gare) :
4. Mercredi 2 octobre. Départ de Jean-d'heurs. Ah, le terrible train omnibus! Une heure d'arrêt à Saint-Dizier, deux heures d'arrêt à Vitry-le-François. Dans l'ennui de cet arrêt, où il n'y a ni buffet ni petite boutique de librairie et où il pleut à verse, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 849.
II.− [L'idée dominante est celle d'une armoire; prép. dans]
A.− Usuel
1. Meuble, le plus souvent à deux corps, destiné à recevoir la vaisselle, le linge, le service de table. Buffet de cuisine, de salle-à-manger; buffet Henri II.
Rem. Cf. également argentier, bahut, crédence, desserte, vaisselier.
2. [En milieu pop.] Meuble identique, servant en outre de garde-manger :
5. Son ennui fut de ne rien trouver à manger ni à boire dans le buffet : sans doute, depuis trois jours qu'il était le maître, Pecqueux avait balayé jusqu'aux miettes sur les planches. Zola, La Bête humaine,1890, p. 166.
[P. anal. de destination] Pop. Estomac. N'avoir rien dans le buffet, s'en mettre plein le buffet :
6. − Si les boches m'font l'autopsie, ils ne me trouveront pas le buffet vide, avait dit le grand Vairon, les joues violettes et le ceinturon débouclé. Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 101.
P. ext., pop. La poitrine, le tronc, le ventre. Prendre, recevoir une balle, un mauvais coup dans le buffet. En avoir dans le buffet. Avoir du cœur au ventre. Ne pas manquer de buffet. Ne pas manquer d'audace (cf. ne pas manquer d'estomac). Avoir du buffet. Avoir le ventre proéminent et au fig. encaisser les coups du sort avec sang-froid. Rire à s'en tenir le buffet :
7. Robinson! Robinson! appelai-je, gaillard, comme pour lui annoncer une bonne nouvelle. Hé mon vieux! Hé Robinson!... Aucune réponse. Cœur battant fort, je me relevai et m'apprêtai à recevoir un sale coup dans le buffet... Rien. Alors assez audacieux, je me risquai jusqu'à l'autre bout de la case, à l'aveuglette, où je l'avais vu se coucher. Il était parti. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 215.
B.− Emplois techn. [P. anal. de forme et/ou de fonction]
1. MUS. Buffet d'orgue. Corps de menuiserie contenant le mécanisme d'un orgue :
8. ... inévitablement, chaque fois qu'on parlait d'une église, (...), ce qu'il [le marquis] s'empressait toujours de citer comme admirable c'était : « le buffet d'orgue, la chaire et les œuvres de miséricorde ». Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 945.
En partic. Corps de menuiserie contenant un jeu d'orgue. Buffet du grand jeu; buffet du positif :
9. Marianna dégagea, non sans peine, de ses couvertures un instrument aussi grand qu'un piano à queue, mais ayant un buffet supérieur de plus. Balzac, Gambara,1837, p. 81.
P. méton. Buffet d'orgue. (Petit) orgue de salon, de boulevard, etc.
Rem. Emplois attestés dans les dict. à partir de Ac. 1798.
2. CONSTR. Buffet d'eau. Tablements de pierre adossés à un mur ou placés au fond d'une niche, disposés en gradins, supportant des vasques, bassins ou coupes de manière à faire rejaillir l'eau en nappes ou cascades :
10. Le château coquet, pavoisé, décoré de balcons en saillie, et riant au soleil avec ses briques rouges, ses colonnes à la rustique, et le fer à cheval de son escalier, sous lequel se voyait un ancien buffet-d'eau, ... Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 230.
Rem. Attesté dans les dict. gén. dep. Besch. 1845 et dans les dict. techniques.
PRONONC. : [byfε].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1150 bufet « escabeau » [cf. m. angl. buffet « tabouret » dans NED] (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 930 : Un faudestueill ont iluec mis, Polinicés i ont assis; De l'autre part sist Thideüs Desus un bufet d'ybenus) − 1517, Invent. dans Gdf. Compl.; 2. a) 1268 « table, dressoir, comptoir » (E. Boileau, Métiers, 1ep., I, 55, Lespinasse et Bonnardot dans Gdf. : Li talemelier [...] pueent porter [...] leur estal ou buffez ou tables), attest. isolée; repris en 1606 au sens de « présentoir à vaisselle (au moment du dîner) » (Nicot); d'où 1532 « assortiment de vaisselle » (Inv. de Florimond Robertet, p. 31 dans Gay : Un buffet de cérémonie, d'argent vermeil doré extrêmement bien ciselé, composé de 3 grands bassins); Fur. 1690 note : ,,Buffet, maintenant se dit seulement d'une table longue, où on met la vaisselle d'argent, les verres & les bouteilles pour le service de la table``; d'où 1832 « (dans une réunion) table où sont présentés mets et boissons » (Raymond); 1863 danser devant le buffet (Littré); 1863 buffet [de gare] (Ibid.); b) p. anal. 1704 buffet d'eau (Trév.); 3. 1547 « meuble de rangement » (Inv. du chât. de Gaillon, p. 132 à 134 dans Gay); d'où 4. p. anal. a) 1680 mus. (Rich.); 1694 buffet d'orgues (Ac.); b) 1803 pop. « ventre, estomac » (d'apr. Esn.); 1907 pop. avoir le buffet garni, le buffet vide (France). Orig. obsc. (EWFS2; Dauzat 1973). L'hyp. d'une dérivation de la racine onomatopéique buff- exprimant le bruit d'un souffle, d'un déplacement d'air (cf. l'a. fr. buffet « soufflet de foyer », xiiies., Tonlieu de Cambrai dans Gdf.; FEW suppose à côté de *bǔff- [d'où le type bouffer] la var. *būff-) est la plus plausible, mais les textes ne fournissent pas de description assez claire de ce meuble pour affirmer (L. Spitzer, v. bbg.) que le buffet était à l'origine un meuble constitué par une planche qui, lorsqu'on l'abattait, faisait un bruit, un déplacement d'air, d'où une désignation onomatopéique qui le rattacherait à buffet « coup » (ca 1170 Rois, p. 337 dans Gdf.), dér. de buffe*, suff. -et*. Moins satisfaisante est l'hyp. d'une formation à partir de buff- interprété comme exprimant une idée de gonflement (Diez5), parce que ce meuble serait ventru ou objet d'apparat, avec rapprochement de l'a. fr. bufoi « orgueil, présomption » (xiies., Raimbert, Ogier dans Gdf.). Il est peu probable qu'il y ait un rapport entre buffet « meuble » et l'a. fr. bufet « piquette » (xes., Gerschom de Metz dans R. des Études juives, 1901, p. 247; xies., Gloses fr. de Raschi dans École des hautes études, t. 253-254, p. 18, no151) d'où l'expr. vin de buffet « piquette » (dep. le xives. dans T.-L. et en partic. dans Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1131) interprétée à contresens par Gdf. Compl. et Littré.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 688. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 269, b) 889; xxes. : a) 1 943, b) 1 050.
BBG. − Duch. 1967, § 64. − Rog. 1965, p. 80. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 69, 188. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 371; t. 3 1972 [1930], p. 109, 531. − Spitzer (L.). Etymologische Miszellen. Neuphilol. Mitt. 1923, t. 24, no7/8, p. 156.