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BRAISE, subst. fém.
A.− Résidu d'un feu, généralement de bois, brûlant sans flamme. De la braise ardente. Le pétillement des bûches réduites en braise (Zola, Une Page d'amour,1878, p. 1019):
1. Petit-Pouce, qui avait fini sa cigarette, en écrasa la braise contre son talon... Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 8.
SYNT. De la braise éteinte; un feu de braise; les crépitements de la braise; se consumer en braise; cuire qqc. à, sur, dans, sous la braise.
Spéc., ART CULIN. À la braise. Cuit dans une braisière. Un gigot à la braise (Ac.1835-1932).
P. compar. :
2. ... d'innombrables petites fleurs couleur lapis-lazuli (...) semblaient s'allumer, et l'on croyait voir des braises bleues. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 282.
3. ... elle le trompait, quasi, avec chaque homme qu'elle regardait, tant il y avait dans ses prunelles d'instinctive provocation, de sensualité complice, brûlante comme braise. Genevoix, Raboliot,1923, p. 33.
P. métaph. Des yeux de braise, un ciel de braise, une lueur de braise ... du soleil attisé, il tombait des braises (Zola, La Terre,1887, p. 244).... la braise d'or de tes cheveux ô pécheresse (Aragon, Le Roman inachevé,1956, p. 117):
4. ... quant à l'hydrophane elle ne brûle que dans l'eau et ne consent à allumer sa braise grise qu'alors qu'on la mouille. Huysmans, Àrebours,1884, p. 60.
[P. réf. à la couleur de la braise, sans idée d'éclat] :
5. ... des paonnes tristes gardant à peine autour du cou un peu de cette braise qui inondait au printemps tous les paons de mon île... Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 84.
[Symbole de vie, de chaleur...] :
6. Il y a, il doit y avoir, en l'homme, une secrète, une indestructible aspiration vers la grandeur... Et il faut souffler patiemment sur cette petite braise enfouie dans les cendres, pour qu'elle s'attise... pour qu'elle flambe, peut-être, un jour! R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 372.
7. Comment laisserais-je vivre en moi l'amour? Je ne peux que l'y laisser mourir. Cette braise n'est pas de celles qu'on attise : l'artifice y est pire que rien. Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 1011.
Rem. Un seul ex. dans la docum. de tout braise, tout flamme (cf. tout feu, tout flamme) :
8. ... on le voyait dur, net d'illusions, défiant, − par raison et de son naturel, − et tout d'un temps confiant par générosité, facile, avec un fond de jeunesse sans cesse revenu. Semblable à soi toujours, tantôt tout braise, tantôt tout flamme. Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 285.
Fam. Être sur la braise. Synon. de être sur des charbons ardents.
B.− Vieilli. Charbon de bois. Allumer de la braise :
9. ... Lisbeth allait chercher son lait, son pain, sa braise... Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 55.
Arg., vieilli. Argent. Éteindre de la braise. Dépenser de l'argent :
10. Eh toi, loufiat, cria-t-il au garçon, voilà de la braise, éteins-la, il y a cinq chopines à payer et en avant les paladins! Huysmans, Marthe,1876, p. 20.
Rem. On rencontre dans la docum. les dér. suiv. : a) Braiser, verbe intrans. (M. Stéphane, Ceux du trimard, 1928, p. 55). Dépenser de l'argent, payer. b) Braisillon, subst. masc. (Courteline, Le Train de 8 h 47, 1888, I, 5, p. 53). Petite braise. c) Braison, subst. masc. (L. de Vilmorin, La Fin des Villavide, 1937, p. 206, 216). Même sens. d) Braisoyer, braisoyante (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 108, et La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 58). Brasiller, brasillante.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀ ε:z]. Enq. : /bʀez/. Pour la graph. braize, cf. F. Vidocq, Les Voleurs, 1836, p. 36; ,,Braize, s. m. Argent monnoyé.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Vers 1170 breze « bois réduit par la combustion à l'état de charbon ardent » (Rois, p. 320 dans Gdf. Compl.); 2. 1176 fig. « flamme, ardeur » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 44 dans T.-L.); 3. 1396 bresze « charbon léger qui se rallume aisément » (23 janv., Inventaire de meubles de la mairie de Dijon, A. Côte-d'Or dans Gdf. Compl.); d'où 1718 (Ac. : Braise. Charbons que les boulangers tirent de leur four); 4. 1783 arg. « monnaie, argent » (Chanson dans Esn.); [1793] (Camille Desmoulins dans Vieux Cordelier, no5, éd. Calvet, pp. 158-159 dans Brunot t. 10, 1, p. 235 : en faisant chauffer ta cuisine et tes fourneaux de calomnies [Hébert dans le Père Duchesne appelait l'argent de sa subvention « la braise accessoire pour chauffer son fourneau », Sain. Sources Arg. t. 2, p. 296] avec les cent vingt mille francs et la braise de Bouchotte). Terme d'orig. obsc., peut-être germ., tôt attesté dans l'ensemble de la Romania (dès le xes. en lat. médiév., CGL t. 3, p. 598, 7 : brasas carbones), dont il est difficile de préciser la voie de pénétration à partir de la Germanie; le mot qui n'a pas existé en germ. occ. est attesté dans le domaine nord. (norv., suéd. bras (-eld) « feu pétillant »; norv. suéd. dial. brasa « rôtir »; dan. dial. brase « flamber », De Vries Anord.); comme pour des motifs géogr. et chronol., l'hyp. d'un empr. direct au nord. paraît invraisemblable, on peut supposer (FEW t. 15, 1, p. 259b) que le rad. *bras- a aussi vécu en got. et qu'il a été importé par les Goths dans la Romania. Étant donnée son implantation précoce dans la Romania et le fait que le mot n'a pas existé en germ. occid., l'hyp. d'un empr. à l'a. b. frq. (EWFS2; v. aussi Gam. Rom.1t. 1, pp. 31-32) fait difficulté; le terme isolé flam. braze « braise » (De Bo, Westvlaamsch Idioticon, 1890 cité par FEW, loc. cit., p. 260, note 24), peut-être empr. au fr., n'offre pas de point d'appui suffisant. Braise « argent, monnaie » est soit issu du sens dial. de braise « miette » (lyonnais, Du Puitsp.) soit issu de braise « charbon » considéré comme faisant bouillir la marmite (Sain., loc. cit.); ce dernier emploi n'est peut-être cependant qu'une métaphore de Hébert.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 547. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 264, b) 1 071; xxes. : a) 1 074, b) 880.
BBG. − Duch. 1967, § 64. − Gottsch. Redens. 1930, p. 77, 167, 225, 227. − Lammens 1890, pp. 56-57. − Meier (H.), Gelós (S. de). Zur Problematik des germanischen Einflußes auf den romanischen Wortschatz. Arch. St. n. Spr. 1968, t. 205, pp. 259-269. − Rigaud (A.). Les Vases communicants. Vie Lang. 1971, p. 535. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 85, 293. − Sain. Lang. par. 1920, p. 369.