| BRAGUETTE, subst. fém. Ouverture ménagée autrefois sur le devant d'une culotte d'homme, aujourd'hui sur le devant d'un pantalon, allant de la ceinture à l'entrejambes et se fermant souvent au moyen de boutons. Fermer, boutonner sa braguette. Il s'était boutonné entièrement du col à la braguette (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 149):1. Châteaubedeau s'avise qu'il est épié. Il rougit : il entre en fureur; il cherche un moyen de jouer aux indiscrets un tour fameux et mémorable. (...) il entr'ouvre, comme disait Rabelais, sa braguette et dirige un vigoureux et long jet d'eau blonde, avec adresse, sur les vingt pertuis du judas.
Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 114. ♦ P. compar. J'avais une âme débraillée comme une braguette (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932p. 291). Rem. 1. Une acception vieillie selon Guérin 1892 et DG. régionale selon Littré et ignorée des autres dict. est brayette « petite braie ». 2. P. anal. de forme, région. brayette ou brairette ou brairète. L'un des noms vulgaires de la primevère ou braie de coucou. − COST., HIST. ,,Au xviesiècle, la braguette était une partie du costume masculin de forme à peu près triangulaire attachée au bout-de-chausses par ses deux angles supérieurs, boutonnés ou noués par des aiguillettes`` (Leloir 1961). − P. méton. [P. allus. au sexe, au comportement sexuel de l'homme.] J'ai vu rarement un appel à la braguette avec une telle cochonnerie de l'œil, une telle appétence suceuse des lèvres (E. et J. de Goncourt, Journal,1874, p. 992): 2. Ce n'est pas l'acte sexuel qui est impur et vulgaire, c'est tout ce qu'on met autour. Il y a moins de bêtise dans la braguette de l'homme, que dans son cerveau et dans son cœur.
Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1439. Rem. On rencontre dans la docum. les mots a) Bragueteur, subst. masc. Séducteur sans manières (cf. G. d'Esparbès, Les Derniers lys, 1898, p. 130). b) Braguetté, ée, adj., néol. d'aut. Affublé d'un cache-sexe. Un salon avec Faune de Pompéi, en simili-bronze, dûment braguetté (Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1269). PRONONC. ET ORTH. : [bʀagεt]; brayette [bʀajεt]. Nod. 1844 et Passy 1914 transcrivent brayette [bʀ
εjεt]. Kamm. 1964, p. 121, note : ,,Dans certains cas la lettre [y] entre voyelles vaut uniquement yod (la voyelle qui précède garde alors sa valeur propre). [Ainsi] les mots fayot, tayon, tayaut, brayette, bayer, bayadère, papayer, mayonnaise, et la plupart des noms propres (aussi bien français qu'étrangers) : Ayen, Bayard, Bayonne, Cayenne, Fayoum, Himalaya, La Fayette, Mayence, Mayenne, Mayer, Payerne, Rayet, Ramayana...`` Cf. aussi Mart. Comment prononce 1913, p. 191 : ,,L'a reste intact dans le populaire fa-yot, dans ta-yon et ta-yaut qui s'écrit aussi taïaut, dans brayette, qui est plutôt braguette (mais non dans brayer ou brayon) et dans ba-yer aux corneilles, qui devrait être bai-yer (...). L'a se maintient dans coba-ye, cipa-ye, ba-yadère et papa-yer qui sont des mots d'origine étrangère, ainsi que dans l'expression exotique en paga-ye``. Répartition des 2 formes : Ac. 1798 brayette, Ac. 1835 et 1878 brayette, avec braguette comme vedette de renvoi. La forme brayette domine dans Besch. 1845, Lar. 19e(qui souligne : on l'appelait aussi bragues, brayes, braguette ou gaudepisse), dans Littré (pour lequel braguette est vedette de renvoi). Pour Guérin 1892 il faut distinguer braguette (dér. de brague) et brayette (dimin. de braie). Les 2 formes sont admises comme vedettes dans Pt Lar. 1966 et Lar. 20e. Braguette est seul enregistré dans Ac. 1932. Mais déjà Nouv. Lar. ill. donne la préférence à braguette (cf. aussi DG, Lar. encyclop. et Rob.). Pour ces dict. brayette est vieilli et ils ne lui consacrent qu'une vedette de renvoi. À comparer avec Lar. Lang. fr. qui mentionne cette forme s.v. braguette sans préciser qu'elle est vieillie. Noter enfin que Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 proposent la graph. braïette. (À ce sujet cf. aussi brayer3). ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1379 brayette « sorte de poche attachée en haut des chausses » (J. de Brie, Le Bon Berger, éd. P. Lacroix, p. 70); 1547 braguette (Rabelais, Gargantua, ch. VIII, éd. Marty-Laveaux, I, 32); 2. 1680 (Rich. : Braiette. Fente de haut de chausse).
Dér. de braie*, brague*; suff. -ette*. STAT. − Fréq. abs. littér. : Braguette. 32. Brayette. 1. BBG. − Hasselrot 1957, p. 170 (s.v. brayette). − Id. 20es. 1972, p. 10 (s.v. brayette). |