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BOYAU, subst. masc.
I.− Intestin ou viscère des animaux et, péjorativement de l'homme.
A.− [Appliqué aux animaux]
1. Intestin de certains animaux. Boyau de chat, boyau de mouton, boyau de porc. Boyau gras. Troisième intestin du porc.
2. Spéc., dans certains domaines techn.
a) MAN. Ce cheval a du boyau, il n'a point de boyau. ,,Il a beaucoup de flanc, ou il en a peu.`` (Ac. 1845) Ce cheval est étroit de boyau. ,,Il n'a point de corps`` (Ac. 1845).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
b) TECHNOL. Membrane de l'intestin qui, après traitement, sert à diverses industries, telles qu'en charcuterie la préparation des boyaux soufflés, la fabrication des baudruches, etc... :
1. Léon, de la main droite, soulevait un long bout de boyau vide, dans l'extrêmité duquel un entonnoir très évasé était adapté; et, de la main gauche, il enroulait le boudin autour d'un bassin, d'un plat rond de métal, à mesure que le charcutier emplissait l'entonnoir à grandes cuillerées. La bouille coulait, toute noire et toute fumante, gonflant peu à peu le boyau, qui retombait ventru, avec des courbes molles. Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 692.
Corde à boyau. Corde faite à partir de certains boyaux, en particulier du boyau de chat et utilisée surtout en chirurgie, en musique et dans la confection des raquettes de tennis. La vielle est un instrument monté de six cordes à boyau (M. Corette, Méthode pour apprendre à jouer de la vielle,p. 1):
2. Vierling (électrochord, 1920), Bizos, Boreau et beaucoup d'autres ont transformé, à l'aide d'électro-aimants, les vibrations mécaniques des cordes, en vibrations électriques dans des pianos, des violons, des violoncelles ou des guitares, ce qui nécessite en certains cas le remplacement des cordes de boyau par des cordes d'acier. Arts et litt. dans la société contemp.,t. 1, 1935, p. 3802.
MUS., fam. Racler le boyau. Jouer mal d'un instrument. Racleur de boyaux (A. France, Les Désirs de Jean Servien,1882, p. 140).
B.− [Appliqué à une pers.]
1. Gén. au plur., très fam. Intestins et plus généralement entrailles, viscères :
3. Le ventre n'est-il point repu dans le repli de ses boyaux, que vous lui donniez à digérer de la soupe et des pommes de terre, ou le pain le plus tendre et la chair la plus fine? Claudel, La Ville,2eversion, 1901, II, p. 460.
Descente de boyaux. Hernie. Panser les descentes de boyaux (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 280).
2. Loc. et expr. diverses
a) Très fam.
Rendre tripes et boyaux. Vomir les autres, les parisiens, pour s' être un jour risqués à y goûter, avaient failli rendre tripes et boyaux. (Zola, L'Assommoir,1877, p. 609).
Il a toujours six aunes de boyaux vides. Il a toujours faim (attesté dans la plupart des dict. gén.). Mes boyaux crient (Flaubert, La Tentation de st Antoine,1849, p. 324);la faim lui tordait toujours les boyaux (Zola, L'Assommoir,1877, p. 752).
Aimer quelqu'un comme ses petits boyaux. L'aimer comme soi-même. Est-ce ton oncle Pillerault qui nous aime comme ses petits boyaux (Balzac, César Birotteau,1837, p. 18).Ces vestales de mes petits boyaux (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 55).Les petits boyaux de Flaubert (sa nièce) (E. et J. de Goncourt, Journal,1880, p. 74).
Se tordre les boyaux; avoir le boyau de la rigolade. Avoir le fou-rire.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop., Dub. et dans quelques dict. d'argot.
b) Emplois exclam. Boyaux du pape! (Mérimée, Chronique du règne de Charles IX,1829, p. 160);ventre et boyaux! (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 333).
3. P. méton., arg. Boyau rouge. Bon buveur. On appelle « boyaux rouges », en Bourgogne, cette espèce d'ivrogne dont le corps ouvert a du tartre noir dans les entrailles, comme un vieux tonneau (E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1104).
Rem. A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 47 note que cette expr. empruntée à la Bourgogne est passée dans l'arg. du peuple.
II.− P. anal. Objet ou espace long et étroit comme un boyau.
A.− Dans la lang. cour.
1. Objet ayant la forme d'un boyau. Boyaux d'étoffe (Du Camp, Le Nil,1854, p. 201).
2. Passage (rue, chemin), endroit (corridor, pièce) long et peu large. L'étroit boyau des rues (Claudel, Connaissance de l'Est,1907, p. 30).À cette heure, la tombée du soir emplissait de doute l'étroit boyau, le prolongeait interminablement (Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, III, p. 103).
B.− Dans la lang. techn.
1. BOT. Boyau pollinique. [Dans la germination du pollen] Tube filamenteux qui se forme au niveau de la chambre pollinique lors du contact du grain de pollen avec l'ovule qu'il traverse pour se fixer au sac embryonnaire. Synon. tube pollinique.
2. CH. DE FER. ,,Tube flexible destiné à relier, entre deux véhicules, les conduites de distribution d'air, de vapeur, les commandes de freinage, etc.`` (Lar. 20e). Boyau d'accouplement (Ch. Bricka, Cours de ch. de fer, t. 2, 1894, p. 88; R. Champly, Nouv. encyclop. pratique, t. 7, 1927, p. 206).
3. ART MILIT. Fossé étroit, profond et sinueux qui facilite, en temps de guerre, l'accès aux tranchées parallèles ou à d'autres ouvrages. Boyau de tranchée; boyau de communication (P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 162):
4. On descend dans le boyau. Le soleil y donne. Le boyau est blond, sec et sonore. J'admire sa belle profondeur géométrique, ses parois lisses polies par la pelle, et j'éprouve de la joie à entendre le bruit franc et net que font nos semelles sur le fond de terre dure ou sur les caillebotis, petits bâtis de bois posés bout à bout et formant plancher. Barbusse, Le Feu,1916, p. 179.
Rem. V. aussi abri, t. 1, ex. 11 et 13.
4. MINES. Galerie étroite entre deux galeries plus larges (cf. Verne, Les 500 millions de la Bégum, 1879, p. 219).
5. TECHNOLOGIE
a) Long tuyau de cuir, de toile ou de caoutchouc permettant à une pompe hydraulique d'apporter l'eau à distance. Boyau d'arrosage.
b) Sorte de pneu fait d'une mince chambre à air entourée d'une enveloppe de caoutchouc et utilisé sur les bicyclettes de compétition. Roues à boyau (Pédale,10 mai 1927, p. 5, col. 2):
5. ... on ne voit personne sur la chaussée, sauf deux sinueux et nonchalants cyclistes juchés sur ces tout-endural à petits boyaux... qui sont l'honneur des petits gars de banlieue. H. Bazin, Lève-toi et marche,1952, p. 9.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bwajo]. Land. 1834 transcrit encore : boê-iô; Littré transcrit bo-iô en signalant : ,,Quelques-uns disent boi-iô``. À ce sujet cf. Buben 1935, § 78 : ,,La prononciation -ɔj- était longtemps en usage et se maintient encore en langage populaire; (...) Quelques dictionnaires enregistrent encore cette prononciation vieillie et populaire dans des mots archaïques et dialectaux`` Cf. aloyau. 2. Forme graph. − Au plur. des boyaux.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1100 forme fém. issue du plur. neutre *botella, buele « entrailles » (Roland, éd. Bédier, 2246); ca 1160 boiel masc. (Enéas, 491 dans Gdf.); ca 1340 boyau (Perce-forêt, t. 6, fo66, col. 2 dans Littré); b) 1623 technol. dans l'expr. fam. et fig. racler le boyau « jouer mal d'un instrument à corde » (Sorel, Francion, 83, éd. Colombey, Paris, Garnier, 1877 dans IGLF Litt. : se réveiller pour vous entendre racler deux ou trois méchants boyaux de chat?); c) 1651 loc. triviale vomir et tripes et boyaux (Scarron, Virgile Travesti, éd. V. Fournel, Paris, 1858 1. VI, p. 230a); 2. 1676 p. anal. milit. (A. Félibien, Des Principes de l'archit., ..., p. 99 : Boyaux sont des tranchées qui vont en serpentant et sans angles, comme les font les Turcs); d'où 1690 p. ext. « espace long et étroit » (Fur.). Du lat. botellus − dimin. de botulus [d'où a. fr. buille « boyaux » xiies. dans T.-L.] − d'abord attesté en lat. class. au sens de « petite saucisse », seulement plus tard, en l'état actuel de la docum., au sens de « boyau » en parlant de l'homme (802, Lex Frision. dans Mittellat. W. s.v., 1547, 24) et en parlant des animaux (ca 1277 Moses Panorm., De Infirm., 34 tit., ibid., 29); déjà appliqué au domaine techn. aux xiie-xiiies. (Pseudo-Gerhardus, Sal., II, 2, ibid., 31).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 474. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 578, b) 603; xxes. : a) 1 024, b) 582.
DÉR.
Boyauder, verbe trans.,néol., très fam. Étriper. Je t'essorillerai, je te boyauderai (R. Rolland, Colas Breugnon,1919, p. 123).Canon boyaudé. ,,Se dit d'un canon de calibre normal portant de multiples et fines rayures au pas très allongé, grâce auxquelles la grenaille se trouve dispersée`` (Burn. 1970). 1reattest. 1919 supra; dér. de boyau, dés. -er avec consonne d'appui.
BBG. − Couture (B.). Les Réseaux d'eau : éléments de vocab. Meta. 1970, t. 15, no3, p. 173. − Darm. Vie 1932, p. 164. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 201. − Sigurs 1963/64, p. 268.