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BOYARD, BOÏAR, subst. masc.
Ancien seigneur, gros propriétaire terrien des pays slaves en particulier de Russie et, p. ext. des provinces danubiennes d'Europe centrale :
1. Shéhérazade et Casanova ont été, furent, sont et seront, quelles que soient les guerres futures, des boîtes russes où les garçons et les maîtres d'hôtel, sommeliers, barmen et portiers sanglés dans des uniformes de hauts dignitaires, sont des princes ou jouent au prince désabusé, baisant la main des soupeuses, et méprisent hautainement le client, par principe, comme le boyard méprisait le moujik, ... Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 146.
Emploi subst. opposé :
2. Un quart d'heure plus tard, il donnait, à la mode boyard, un bon coup de poing dans le dos à son cocher pour le faire stopper devant la villa Trébassof. G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 80.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bɔja:ʀ]. Kamm. 1964, p. 121, note : ,,Dans certains cas, la lettre y entre voyelles vaut uniquement yod, la voyelle qui précède garde alors sa valeur propre (...). [Dans] le groupe -oy- : les mots boyard, goyave, cacaoyère, oyat, caloyer, coyau, coyote``; (cf. aussi Mart. Comment prononce 1913, p. 191). 2. Forme graph.Ac. 1798 boïard; Ac. 1835 et 1878 : boyard tout en consacrant à boïard une vedette de renvoi (cf. aussi Littré et Rob.); Ac. Compl. 1842 et Ac. 1932 donnent uniquement boyard; Lar. 19e-Pt Lar. 1906 admettent parallèlement boyard ou boïard; cf. aussi Gattel 1841 et DG qui signale, s.v. boyard : ,,on écrit aussi boïard; le d est dû à l'influence du suffixe -ard``. Guérin 1892, à côté de boyard, mentionne les formes boyar et boyare. Besch. 1845 à côté de boïard et boyard la forme boïar. Cf. aussi Lar. 20epour qui boiar est la meilleure orth. comme répondant aux formes slaves. Noter dans Pissot 1803 en plus de boyard les formes bojares ou bojards.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1415 boyare « seigneur russe » (Ghill. de Lannoy, Voy. et embassades, 33, Potvin dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 301); forme encore répertoriée par Trév. 1771; 1575 boyar (Thevet, Cosmogr., XIX, 12 dans Hug.) − Trév. 1721; 1637 boiare (Davity, Le Monde, États de Moscovie dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 301), Trév. 1721 boïar (Trév.); 1721 boyard (ibid., s.v. boyar); 1762 boïard (Ac.); qualifié de terme hist. dep. Ac. Compl. 1842; 2. 1932-35 « homme riche » (Ac.). Empr. au russe boiarin « seigneur » dont la forme du génitif plur. (qui représente une forme non suffixée) boiar, empl. régulièrement en russe apr. certains adv. de quantité, explique le phonétisme du fr. (G. Stréhly dans R. de Philol. fr., t. 8, p. 142); étant donné que les attest. anc. ont trait à des réalités russes, cette hyp. satisfait mieux le point de vue hist. que celle d'un intermédiaire polon. ou tchèque bojar, forme non suffixée (FEW t. 20, p. 36a); cf. lat. médiév. boiarus, 1470, domaine polon. « nobilis inferioris ordinis » (Homag. praestitum Casimiro III inter Leg. Polon., t. 1, pag. 237 dans Du Cange, s.v. bojari). La forme fr. boyard s'explique par assimilation au suff. fr. -ard*.
STAT. − Fréq. abs. littér. Boyard. : 41.
BBG. − Jänicke (O.). Zu den slavischen Elementen im Französischen. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, p. 445, 455.