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BOUTEILLE, subst. fém.
I.− Récipient pour un liquide destiné à la consommation, à un usage familier.
A.− Récipient de contenu variable, le plus souvent en verre (plus récemment en matière plastique), à large ventre, généralement à goulot long et étroit, destiné à contenir des liquides. Une bouteille de vin, d'eau-de-vie, d'encre :
1. Il passa lentement près des petits fûts cerclés de fer, rangés sur de grosses poutres le long des murs; et, les contemplant, il se disait : « Ce Gleiszeller est de huit ans, c'est moi-même qui l'ai acheté à la côte; maintenant il doit avoir assez déposé, il est temps de le mettre en bouteilles. » Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 16.
Spéc. Bouteille de gros verre, généralement noirâtre, contenant le vin. Placer sur la table les carafes et les bouteilles (DG).
Paradigmes, syntagmes et expr. (se rapportant princ. à la bouteille utilisée pour la boisson)
1. PARAD. Burette, cadavre (bouteille vide), canette, carafe, carafon, chopine, dame-jeanne, fiasque, fillette (pop.), fiole, flacon, gourde, impériale, jeroboam, litre, magnum, pinte, quart, siphon.
2. SYNT. a) Nominaux. [P. réf. à la matière constituante] Bouteille de (en) verre, terre, cuir bouilli, grès, métal; bouteille isolante, isotherme, thermos; du verre à bouteille. [P. réf. à la contenance] Du vin à cinq francs la bouteille; une demi bouteille. [P. réf. à la forme] Bouteille carrée, épaulée, ogive, ovoïde, plate, ronde; bouteille clissée. [P. réf. à ses divers part.] L'anneau, le bouchon, le col, le cou, le cul, le fond, le goulot, le ventre d'une bouteille; débris, tesson de bouteille. [P. réf. à l'orig. ou au contenu] Bouteille angevine, bordelaise, bourguignonne, champenoise, mâconnaise, Saint-Galmier; bouteille de bière; bouteille à liqueur, à encre. SYNT. b) Verbaux. Coiffer, décoiffer, remplir une bouteille; laver, rincer, égoutter une bouteille; boucher, cacheter, étiqueter, envelopper, coucher une bouteille; mettre, tirer une pièce de vin en bouteilles; boire à la bouteille.
3. Expr. et loc. diverses
a) Expr. nominales
Un mur hérissé de tessons, de culs de bouteilles. Des carreaux en culs de bouteilles (dans les anciennes maisons).
Un bateau dans une bouteille (cf. Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 28).
Couleur vert(-)bouteille. Un habit, un pardessus, une redingote vert bouteille.
Spéc. Un vide-bouteille, une maison de bouteille. Petit pied à terre à la campagne où l'on peut prendre un verre avec ses amis. Le vide-bouteilles qu'ombrageaient des vinaigriers et d'autres arbres d'agrément (Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 136).Attesté dans les dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Lar. 19e.
b) Loc. verbales
[Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Bourdonner comme des mouches dans une bouteille (Alain, Propos,1909, p. 49);tu t'agites trop, tu ressembles à un frelon dans une bouteille (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1101).
[P. anal. avec la forme de la bouteille, le suj. désigne une pers.] Avoir des épaules tombantes de bouteille (Barbusse, Le Feu,1916, p. 49);avoir des épaules en goulot de bouteille (Aymé, Uranus,1948, p. 38).
[Le suj. désigne un vin ou un alcool] Prendre de la bouteille en vieillissant; avoir trois ans de bouteille. Synon. vieillir :
2. Bien des vins ne tiennent pas, quand ils ont de la bouteille, ce qu'ils promettaient quand ils étaient jeunes, tels certains enfants précoces. Ali-Bab, Gastr. pratique,1907, p. 131.
P. anal. et au fig. [le suj. désigne une pers., ou un aspect, qualité, etc., de la pers.] Une amitié qui compte vingt ans de bouteille :
3. Et moi qui pensais que François, dès qu'il aurait pris un peu de bouteille, pourrait me remplacer! C'est moi qui vais être forcé de tenir le temps d'une génération de plus. Druon, Les Grandes familles,1948, p. 124.
B.− P. méton. Contenu de la bouteille (généralement une boisson). Une bouteille de bière. [Les dames de Sion] réservaient pour lui [l'aumônier] les meilleures bouteilles de ce vin gris dont il était si friand (Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 902).
SYNT. Mettre (à) rafraîchir, refroidir, chambrer une bouteille; du vin de bouteille (p. oppos. au vin courant); une bouteille de vin bouché, une bouteille millésimée; avoir déjà deux bouteilles dans le bocal, dans le nez; avoir son coup de bouteille; arroser un repas avec (d') une bouteille de vin; laisser vieillir une bouteille.
Loc. (se rapportant au vin et à son usage)
Aimer la bouteille. Aimer le vin et plus généralement s'adonner à la boisson. Avoir du goût pour la bouteille; caresser, téter la bouteille (cf. également biberonner). Il l'aimait la bouteille. C'était son faible (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 616).
Abs. Boire (vider) une (bonne) bouteille; boire bouteille; vider une bouteille à la santé de quelqu'un :
4. Et dis-lui bien que deux vieux compagnons comme nous peuvent se serrer la main et boire une bonne bouteille ensemble avant de se quitter, sans être d'accord sur la politique. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 1, 1870, p. 374.
Rem. S'emploie exclusivement en parlant du vin.
Payer bouteille. Payer le prix d'une bouteille de vin que l'on boit au café avec quelqu'un. Parier (une) bouteille; commander une bouteille. Je vais te prêter un écu pour aller lui payer bouteille (Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 83).
C.− Proverbes et expr. fig. fam.
1. Expr. (signifiant l'acte de boire ou de cesser de boire).
Boucher la bouteille. Manger après avoir bu pour éviter de sentir le vin ou l'alcool.
Rem. Attesté dans Ac. Compl. 1842, Lar. 19eSuppl. et Nouv. Lar. ill.
Laisser ses sens (sa raison) au fond d'une bouteille. S'enivrer.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Lar. 19e.
P. allus. littér. La dive bouteille. La Bouteille, déesse des buveurs (cf. Rabelais, Le Cinquième livre ds Œuvres complètes, éd. Marty-Laveaux, Paris, 1873, p. 165).De petites fibrilles violettes le veinaient et témoignaient d'un culte assidu pour la dive bouteille (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 316).
2. Expr. (signifiant un autre concept)
C'est de la misère en bouteille. C'est de la misère cachée sous une apparente opulence.
Rem. Bien attesté dans les dict. gén. du xixes. jusqu'à Lar. 20e.
[Le suj. désigne une pers.] Il (elle) n'a rien vu que par le trou d'une bouteille; il a été élevé, nourri au fond d'une bouteille. Il ne connaît rien du monde ni des gens. Excusez ma pauvre sœur, elle voit le monde par le trou d'une bouteille (Balzac, Les Petits bourgeois,1850, p. 157).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. 1798.
Être dans la bouteille. Être au courant de quelque chose :
5. ... si je lui cite quelques anecdotes relatives aux souffrances que nous endurâmes pendant le Blocus, et qu'on ne peut connaître à moins d'avoir été dans la bouteille, comme dit Sosie, ... Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 20.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. 1798.
Porter des bouteilles. Marcher lentement, avec précaution comme si l'on portait des bouteilles que l'on craindrait de casser (cf. également marcher sur des œufs).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Besch. 1845.
Avec des si on mettrait Paris en bouteille.
Rem. Dans le même ordre d'idées : mettre le temps en bouteille (Claudel, Le Soulier de satin, 1929, 4ejournée, 5, p. 884); mettre l'univers en bouteille (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 405).
3. Loc. (ne se rapportant pas à la boisson)
[En parlant d'une situation, d'un discours] C'est la bouteille à l'encre. C'est très obscur :
6. Alors vous saisissez ce qui pouvait se produire : ballotage au premier tour, la majorité radicale ébranlée, au second tour c'était le grand inconnu, à cause du scrutin de liste s'il était voté. Cette proportionnelle, une vraie bouteille à l'encre. Des gens qui auraient moins de voix que d'autres seraient élus à leur place! Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 209.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. 1835.
Lancer la (une) bouteille à la mer. Bouteille renfermant un message de détresse lancée d'un navire en perdition :
7. Et ce fut alors seulement que le capitaine apprit qu'il devait son salut à ce document passablement hiéroglyphique, que, huit jours après son naufrage, il avait enfermé dans une bouteille et confié aux caprices des flots. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 241.
Rem. Cf. également La Bouteille à la mer, [1854] dans Vigny, Les Destinées, 1863, p. 185.
Au fig. :
8. 5 octobre. Continué la lecture des Lettres de Flaubert. Derniers volumes. C'est le tableau d'un homme qui coule à pic, mais lentement, c'est la vie de presque tout le monde. Ce journal est vraiment la bouteille à la mer. Green, Journal,1931, p. 61.
II.− Emplois spéc.
A.− [P. anal. de forme et de fonction]
1. Récipient métallique de forme cylindrique et allongée pouvant renfermer un gaz. Bouteille d'air comprimé, de gaz, d'oxygène. La pression d'air dans les bouteilles (Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 280).
2. PÊCHE. Bouteille à poisson. Litre blanc défoncé ou autre appareil en verre muni d'un bouchon, placé dans une coulée, avec l'ouverture tournée vers l'aval, utilisé pour la pêche au petit vif (cf. également carafe à vairons).
Rem. Attesté dans Lar. encyclop. et Pollet 1970.
3. PHYS. Bouteille de Leyde. Appareil construit pour la première fois en 1746 à Leyde, constituée d'un bocal de verre et d'une tige métallique, et qui, dans certaines conditions techniques, fonctionne comme condensateur électrique. Son appareil [de M. Blondlot] se compose de deux bouteilles de Leyde symétriques (...) de petite capacité (H. Poincaré, La Théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes,1899, p. 42).
Rem. 1. Attesté dans les dict. gén. du xixeet du xxes. depuis Ac. 1835. 2. On relève dans la lang. littér. un emploi fig. où bouteille de Leyde est synon. de détonateur. Il met de la haine ou de l'amour en bouteille de Leyde (Renard, Journal, 1894, p. 209).
B.− [P. anal. avec la forme enflée de la bouteille]
1. MAR. Retranchement en saillie situé à la poupe des anciens vaisseaux et servant de lieux d'aisances aux officiers.
P. ext., au plur. Les lieux d'aisances. Aller aux bouteilles. Le restant de l'étage jusqu'à la proue est occupé par (...) les « bouteilles » (Pesch, Hist. de l'École navale et des institutions qui l'ont précédée,1889, p. 309).
Rem. 1. Bien attesté dans les dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. 1835. 2. Encore usité dans la mar. de guerre.
2. TECHNOL. Chaînon de la chaîne qui élève l'eau d'un puits salant.
Rem. Attesté dans Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892 et Nouv. Lar. ill.
3. MÉD. VÉTÉR. Tumeur molle qui se développe dans le tissu cellulaire chez les moutons atteints de cachexie aqueuse (cf. également boule et bourse) :
9. Douve. (PLV.) Qui provoque la distomatose chez le mouton et chez le bœuf : on donne, suivant les régions, bien d'autres noms à cette affection : anémie d'été, foie pourri, bouteille ou cachexie aqueuse. E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 67.
Rem. Attesté dans les dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. Compl. 1842.
C.− P. méton., VERR. Bulle d'air dans le verre ou le cristal (Lar. 20e).
P. ext., vieilli. Bulle d'air formée par un liquide qui rejaillit ou qui bouillonne. La pluie fait des bouteilles en tombant dans les flaques d'eau; les enfants font des bouteilles de savon avec un chalumeau :
10. De partout, une eau noire arrivait en sautelant, gargouillante, soulevée de bouteilles qui crevaient entre les joncs. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant. 1931, p. 233.
Rem. On relève dans la docum. le mot bouteillophone, subst, masc. désignant l'instrument de mus. formé par un ensemble de bouteilles dont chacune donne une note différente selon qu'elle est plus ou moins pleine (cf. A. Schaeffner, Les Orig. des instruments de mus., 1936, p. 99 : Dans le bouteillophone de nos cirques (...) des gammes de bouteilles (...) vibrant par percussion ou par frottement).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [butεj]. [ε ˑ] mi-long dans Passy 1914. [λ] mouillé pour la finale dans Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré; yod dans Land. 1834 et DG. Littré : ,,C'est un vice de prononciation commun dans le nord de la France de ne pas mouiller les ll et de dire bou-tèl'``. (Cf. abeille). 2. Forme graph. Ac. Compl. 1842 et Lar. 19ementionnent encore l'anc. forme boutaille.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1160-70 botele « récipient » (Beroul, Tristan, 3695 dans T.-L.); 2. 1601 fam. et pop. nourri dans une bouteille « élevé dans l'ignorance » (Charron, Sagesse, III, 14 dans Hug.); 3. 1690 mar. (Fur. : Bouteille se dit des saillies qui sont au côté du vaisseau); 4. 1835 phys. bouteille de Leyde (Ac.). Empr. au b. lat. buticula (Misc. Tiron. p. 51, 3 dans TLL s.v., 2660, 5). Le sens de « récipient de verre » paraît s'être d'abord développé dans le Nord de la Gaule (cf. viiie-xies. dans Mittellat. W., s.v., 1630, 37 : buticula glosé flasca « bouteille entourée de vannerie »; v. aussi J. Hubschmid, Schläuche und Fässer dans Romania helvetica, t. 54, 1955, p. 42); le mot ayant plutôt signifié « cruche » dans le Midi, cf. cat. esp. port. botija « cruche »; bouteille « flacon de verre » a au contraire été empr. au fr. par le cat., esp. port. (REW, no1426). Buticula est le dimin. du b. lat. bŭttis « sorte de vase (contenant des liquides ou des éléments solides) », (lui-même sans doute empr. au gr. β ο υ ̃ τ τ ι ς « récipient en forme de cône tronqué »), anno 564 (Papyrus Marini, 80 dans TLL s.v., 2260, 70) largement attesté en lat. médiév. au sens de « tonneau » ou de « outre » (J. Hubschmid, op. cit., p. 38 et 53).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 884. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 088, b) 5 723; xxes. : a) 5 569, b) 4 067.
DÉR. 1.
Bouteillée, subst. fém.Contenu d'une bouteille. [Toinette] J'aime pas les gens qui sentent trop bon à coups de bouteillées [frôles à parfum] (J. de La Varende, Cœur pensif,1957, p. 147). 1reattest. 1954 (P.-L. Menon, R. Lecotté, Au Village de France, t. 2, p. 13); dér. de bouteille, suff. -ée*.
2.
Bouteiller, verbe intrans.,technol. du verre(cf. supra II C).Se remplir de bulles d'air, se goder en cours de fabrication. Le verre bouteille. 1reattest. 1803 (Boiste) puis dans la plupart des dict. gén. du xixes. et dans Duval 1959 et Mots rares 1965; dér. de bouteille, dés. -er.
BBG. − Grafström (Å.). Un Suédois traverse la Fr. au xviiies. (le j. de voyage de B. Ferner). In : Acta Universitatis Stockholmiensis. 1964, pp. 5-6 [Cr. Baldinger (K.). Z. rom. Philol. 1964, t. 80, p. 640]. − Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang aus Asien nach Griechenland und Italien sowie in das übrige Europa hrsg. von V. Schrader. Berlin, 1902, p. 575. − Lew. 1960, p. 27. − Rigaud (A.). Poids et mesures. Vie Lang. 1969, p. 296. − Rog. 1965, p. 71, 83, 117. − Rosenfeld (H. F.). Nd. buddel, hd. flasche « Tölpel, Dummkopf » it. fiasco « Mißerfolg », franz. bouteille « Fehler, Schnitzer ». Neuphilol. Mitt. 1952, t. 53, pp. 277-287; 1953, t. 54, pp. 327-356. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 194. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, pp. 215-216.