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BOUILLIR, verbe.
I.− Emploi intrans. [En parlant le plus souvent d'un liquide, d'une matière liquéfiée] Être en état d'ébullition :
1. ... quand je dis que mon eau placée sur mon réchaud va bouillir aujourd'hui comme elle faisait hier, et que cela est d'une absolue nécessité, je sens confusément que mon imagination transporte le réchaud d'aujourd'hui sur celui d'hier, la casserole sur la casserole, l'eau sur l'eau, la durée qui s'écoule sur la durée qui s'écoule, ... Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 216.
A.− P. méton. [En parlant d'un récipient où l'on fait cuire qqc.] Faire bouillir le pot. Le pot bout (Ac.1835-1932).
B.− Au fig.
1. Fam. [En parlant d'une chose ou d'une pers.] N'être bon ni à rôtir ni à bouillir. N'être propre à rien (Ac. 1798-1932).
2. Être en état d'excitation. Avoir le sang qui bout dans les veines. Être ardent, fougueux.
P. exagér. Être brûlant. La cervelle, la tête me bout (Ac. 1835-1932).
P. ext., usuel. Bouillir de colère, d'impatience :
2. Le feldwebel, un petit homme trapu, à tête ronde, au nez court, salua avec une correction rigide, mais son visage semblait encore bouillir d'indignation. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 271.
II.− En constr. à sens factitif. Faire bouillir. (Faire) cuire dans un liquide en ébullition. Faire bouillir de la viande, des châtaignes, des pommes de terre (Ac. 1835-1932).
Nettoyer, stériliser dans l'eau bouillante. Faire bouillir sa lessive :
3. Dans le cabinet de toilette, la religieuse de garde, les pointes de sa cornette relevées par une épingle, faisait bouillir des seringues. Druon, Les Grandes familles,1948, p. 35.
Emploi absol., région. Faire bouillir. Faire bouillir la lessive; faire bouillir l'eau d'érable (Canada 1930, Bél. 1957).
Au fig.
P. méton., fam. Avoir de quoi faire bouillir la marmite. ,,Avoir de quoi vivre`` (DG).
Cela fait bouillir le sang. Cela provoque une vive impatience. Faire bouillir qqn. ,,Provoquer son irritation, son impatience`` (Dub.).
Rem. Logiquement bouillir reste intrans. : « faire en sorte que quelque chose bouille »; mais faire bouillir est senti comme un composé à constr. globale transitive.
III.− Emploi trans., rare. Faire bouillir.
A.− [Le compl. désigne une pers.] Faire périr dans une chaudière d'eau bouillante :
4. Rien de plus lugubre que ces représailles en peinture, sur un jeu de cartes, en présence des bûchers à rôtir les contrebandiers et de la chaudière à bouillir les faux monnayeurs. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 204.
B.− [Le compl. désigne un inanimé] Fam.
1. Porter à ébullition. Bouillir le lait pour le conserver (Ac.1932).
Au fig. Bouillir du lait à qqn. Se moquer de lui, le traiter comme un enfant; lui dire quelque chose d'agréable (cf. Besch. 1845, etc.).
2. Faire cuire dans de l'eau en ébullition. Bouillir du linge (Lar. Lang. fr.) :
5. Tout en discutant, elles n'arrêtaient pas d'éplucher leurs châtaignes, la petite par terre se démenait, comme si elle avait fait un travail de force. − Vous les épluchez avant de les bouillir? dit Juliette, et moi qui ai toujours fait le contraire! E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 18.
3. Au fig. [P. fig. étymol.] :
6. Il aurait bien joué au sautaré, au quienlion, au ramounadis. Peut-être pour amuser son impatience, alors qu'il bouillait la fièvre. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 170.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [buji:ʀ], (je) bous [bu]. Le verbe est transcrit avec [λ] mouillé dans Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré. 2. Homon. (je) bous, (il, elle) bout et boue (fange), bout (extrémité). 3. Forme graph. − Clédat 1930, p. 48 : ,,x a été dans l'ancienne graphie un signe abréviatif, distinct de la lettre et qui, par convention, valait us; on écrivais les dieus ou les diex, les chevax ou les chevaus. Puis on a confondu le signe abréviatif et la lettre, et brouillé les graphies; telle est l'origine peu recommandable, de l'x du pluriel après u, et des formes verbales telles que je veux, tu vaux. Un certain nombre de mots, comme je meus, je bous, le pluriel de bleu et de la plupart des noms en ou, ont échappé par hasard à la corruption; on n'a jamais su pourquoi, écrit Michel Bréal.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1080 « jaillir » (Roland, éd. Bédier, 2248), seulement en a. fr.; 2. ca 1150 « s'agiter en formant des bulles sous l'influence de la chaleur » (Wace, St Nicolas, 174 dans T.-L. : l'eve [...] commencea a boillir); 1165-70 fig. (Troie [Joly] 13120, ibid.); 1317 part. passé substantivé (Mart., Anecd., I, 135 dans Gdf. Compl.); ca 1393 boulu part. passé adjectivé (Ménagier, II, 77 dans T.-L.), forme condamnée par Rich. 1680. Du lat. bullire intrans. « bouillonner » (Vitruve dans TLL s.v., 2243, 30, en parlant d'une source); notamment sous l'infl. de la chaleur (ives., Palladius, ibid., 2243, 36).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 548. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 503, b) 952; xxes. : a) 855, b) 872.
DÉR. 1.
Bouillage, subst. masc.,,Action de faire bouillir`` (Guérin 1892); ,,fermentation du vin en tonneaux`` (Lar. 3). [buja:ʒ]. 1reattest. av. 1866 (Payen dans Lar. 19e); dér. de bouillir, suff. -age*.
2.
Bouillaison, subst. fém.,,Fermentation du cidre`` (Ac. Compl. 1842). Seules transcr. dans Land. 1834 : bou-iè-zon ([ε] ouvert à la 2esyll.), dans Besch. 1845 : bou-ie-zon (e fermé à la 2esyll.) et dans Littré : bou-llé-zon (e fermé à la 2esyll. et [λ] mouillé). 1reattest. 1783 (Encyclop. méthod., Arts et Métiers, t. 2, p. 246); dér. de bouillir, suff. -aison*.
3.
Bouillissage, subst. masc.,,Action de faire bouillir (les matières dont se fait le papier)`` (DG). Seule transcr. dans DG : bou-yi-sàj. 1reattest. 1765 (Encyclop. t. 16, s.v. toile, p. 376a); dér. du rad. de bouillir avec élargissement du rad., sur le modèle de mots comme décatissage.
4.
Bouillisseur, subst. masc.,,Appareil dans lequel s'effectue le bouillissage`` (Lar. encyclop.). 1reattest. 1923 (G. Saillard, Betterave et sucrerie de betterave); dér. avec suff. -eur2* de bouillir avec élargissement du rad., v. bouillissage.
5.
Bouilloir, subst. masc.,,Récipient dans lequel on fond les métaux destinés au monnayage`` (Duval 1959). Dernière transcr. dans DG : bou-ywàr [λ] mouillé dans Gattel 1841 et dans Littré. 1reattest. 1409 boullouer (Déclar. de biens de Clisson dans Gdf.); 1567 bouiloir (Arch. Nord, B 13 204 fo70 dans IGLF Litt.); dér. de bouillir, suff. -oir*.
6.
Boulage, subst. masc.,,Quantité de linge que l'on met bouillir dans une chaudière`` (Besch. 1845). Seule transcr. dans Littré et DG : bou-làj'. 1reattest. 1845 id.; dér. avec suff. -age* d'une anc. forme de bouillir : boulir av. 1200 (Perceval, 1recontinuation, éd. Roach, 7184).
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, pp. 61-62, 112-113. − Mellot (J.). Faire bouillir Vie Lang. 1957, pp. 58-61. − Sigurs 1963/64, p. 427.