| BOURSE1, subst. fém. I.− A.− Vieilli. Petit sac de cuir, de peau ou d'étoffe que l'on ferme à l'aide d'un petit cordon resserré, utilisé pour porter sur soi des pièces de monnaie. Ouvrir, fermer, remplir sa bourse : 1. Je demandai à voir Madame; je ne pus obtenir cette faveur; mais on me remit de sa part un petit porte-manteau assez bien garni, une bourse de cuir renfermant quinze louis en or, et l'on accompagna le tout d'une défense expresse de me représenter devant les maîtres que je quittais.
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 171. 2. Je m'approche, je l'appelle très respectueusement « ma mère », et, vite, je vide ma bourse dans la menotte. Il y a quantité d'argent dans ma bourse : sept, huit piécettes, qui valent au moins cinq francs de France!
Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 315. SYNT. Bourse ornée de perles (Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 26); grande bourse en filet rouge (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 326); le lacet de la bourse (Pourrat, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 152). − Coupeur de bourses. Voleur qui dérobe avec adresse (cf. Aragon, Le Roman inachevé, 1956, p. 217). − Emploi exclamatif. La bourse ou la vie! Demander à quelqu'un son argent en menaçant de le tuer s'il ne le fait pas (cf. G. Sand, Histoire de ma vie, t. 1, 1855, p. 283). ♦ Au fig., rare. La bourse ou la vie? pardon, le maréchal ou M. Gambetta? (Vivacités du lang. Le Petit Parisien,14 juin 1877).L'égoïsme disant à l'égoïsme : la bourse ou la vie (Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 457). B.− Loc. fig. 1. Avoir la bourse pleine, la bourse ronde. Avoir beaucoup d'argent : 3. Malheur à qui plaide [au Parlement de Paris] s'il n'a pas la bourse pleine.
Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 93. 2. Avoir la bourse vide, plate, à sec. Être dépourvu d'argent. Avoir les doublures de la bourse qui se touchent; loger le diable dans sa bourse. SYNT. Bourse vide (Nerval, La Pandora, 1855, p. 737); bourse presque à sec (Alain, Propos, 1911, p. 118). − Expr. iron. Marquis, comte de la bourse plate (Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 828). 3. Ouvrir, fermer sa bourse à qqn. Le père Varajou, (...), avait fermé sa bourse à son garnement de fils (Maupassant, Contes et Nouvelles,t. 1,1887, p. 582);ouvrir sa bourse à tous les garçons d'intelligence et de courage (Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 457). 4. Fam. Se laisser couper la bourse. Donner son argent avec trop de facilité, être dupe. Ne pas laisser voir le fond de sa bourse. Ne pas montrer l'état de ses finances, de ses affaires. Donner la bourse à garder au larron. Remettre son argent ou une mission quelconque à celui qui ne mérite pas confiance. 5. Tenir les cordons de la bourse. Disposer des finances du pays, de la famille, etc. : 4. ... M. Fould (...) tenant les cordons de la bourse avec la prudence d'un ancien banquier, a excité la haine de tous ceux qui voudraient puiser à cette bourse.
Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 2, 1870, p. 150. 6. Sans bourse délier. Sans qu'il en coûte rien : 5. Je leur conseillai de cultiver en grand des légumineuses, betteraves, navets, pommes de terre; de semer des vesces, des trèfles, de l'orge, du maïs-fourrage; de se servir en un mot de leur sol sans bourse délier, « sans tirer argent de la poche » : ce à quoi ils se résignent mal.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 241. C.− P. méton. 1. Somme d'argent disponible, ressources en argent. Donner toute sa bourse, sa bourse s'épuise. Mettre sa bourse au service de qqn, aider qqn de sa bourse. Faire appel à la bourse de quelqu'un (cf. Reider, Mlle Vallantin, 1862, p. 36) : 6. ... « on peut, loin de sa patrie, comme vous l'êtes de la vôtre, se trouver dans certains embarras : ma bourse est à votre service. » Ma mère le remercia comme elle put. Mais le don suivit l'offre, et la bourse fut glissée dans la poche de ma mère.
Restif de La Bretonne, M. Nicolas,1796, p. 109. − À la portée de toutes les bourses, à la portée des bourses les plus modestes (Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 693).Monsieur a besoin d'un vêtement... Il y en a pour toutes les bourses... (J. Vallès, Jacques Vingtras,Le Bachelier, 1881, p. 293). − En économ. domestique.Faire bourse commune, faire bourse à part : 7. Zidore (...) gagnait de l'argent à pratiquer la boxe dans les cabarets, et faisait bourse à part.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 49. 2. ÉDUC. Bourse d'étude, et p. ell. bourse. Somme allouée par un organisme public ou privé à un élève ou à un étudiant pour lui permettre d'effectuer des études dans un établissement d'éducation. Obtenir une bourse; bourses nationales des lycées, collèges, écoles de commerce; bourse de licence, d'agrégation : 8. Voici qu'une seconde fois je suis attrapé, mais cette fois beaucoup plus cruellement que la première. Ma bourse de licence (1.200 fr.) m'est accordée pour Bordeaux, et comme les frais nécessaires pour vivre convenablement à Paris sont beaucoup plus considérables que mes parents ne pensaient, je reste ici.
J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1905, p. 159. ♦ Bourse de voyage. Somme allouée pour un voyage d'étude. II.− P. anal. A.− Petit sac qui ressemble à une bourse de monnaie. Bourse de quêteuse; bourse à jetons. Bourse à cheveux. Petit sac de taffetas noir qui enfermait les cheveux des hommes (...) qu'elle est habillée en homme, qu'elle a une bourse derrière la tête, les cheveux crépés et une épée au côté? (Balzac, Sarrasine,1831, p. 427);perruque en bourse. Rem. Attesté par Ac. 1835, et la plupart des dict. gén. du xixesiècle. B.− LITURG. Double carton couvert d'étoffe à l'intérieur duquel on place les corporaux qui servent sur l'autel. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. C.− CHASSE. Poche en réseau placée devant un terrier pour prendre le lapin. Je ne suis pas assez subtil pour prendre moi-même les lapins dans les bourses (Genevoix, Raboliot,1925, p. 197). Rem. S'emploie également comme terme de pêche pour désigner toute sorte de filet en forme de poche. III.− ANATOMIE A.− ANAT. HUM. Membrane affectant la forme d'une poche. Bourse séreuse, synoviale. − Emploi abs., gén. au plur. Les testicules (...) sont suspendus au-dessous du bassin dans une espèce de bourse ou de scrotum (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 5, p. 11). B.− BOT. [En parlant de toute membrane qui a la forme d'un sac : volve, capsules, etc.] Une allée bordée de jasmins, de pensées et de verveines entre lesquelles des giroflées ouvraient leur bourse (Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 140). Rem. Noter les syntagmes bourse-à-pasteur, bourse de berger, attestés dans la plupart des dict. gén. et qui désignent des plantes crucifères très communes (v. aussi boursette, ex.). PRONONC. : [buʀs]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1150 borse « sachet destiné à contenir de l'argent » (Charroi Nîmes, 1222 dans Gdf. Compl.), graphie attestée jusqu'au xiiies. dans T.-L.; début xiiies. metre se main a sa bourse (Elie de Saint-Gilles, 1983 dans Gdf. Compl.); xiiies. donner a borse ouverte (Clef d'amour, 1485 dans T.-L.), d'où 1668 ouvrir sa bourse (Molière, Georges Dandin, éd. du Seuil, acte II, scène 1); 1512 bource plaine (Gringore, II, 206 dans IGLF Litt.); xvies. bourse plate (Génin, Recréat., t. 2, p. 246 dans Littré); 1611 faire bourse à part (Cotgr.); 1680 vivre sur la bourse d'autrui (Rich.); 1690 bourse commune (Fur.); 1690 sans bourse délier (Fur.), annoncé dès 1160-85 par l'expr. borse deslier ([Chr. de Troyes,] G. d'Angleterre, 1882 dans T.-L.); 1798 tenir le cordon de la bourse (Ac.); b) 1399 « argent donné aux étudiants pour la durée de leurs études » (Lettre de rémission, ex Reg. 154, Chartoph. reg. ch. 644 dans Du Cange, p. 790a); c) 1404 « part financière qui revient à chaque notaire (ou membre d'une même profession) » (N. de Baye, Journ. II, 74 dans Gdf. Compl.) − 1680, Rich.; 2. a) anat. ca 1275 « enveloppe des testicules » (J. de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 7113); av. 1593 (Amyot, Arat., 53 dans Littré); b) 1409 vén. et pêche « filet » (Boucicaut, 1rep., ch. XIII dans Gdf. Compl.); c) 1600 bot. bourse à pasteur (O. de Serres, Théâtre d'Agric., VI, 15 dans Hug.).
Du b. lat. byrsa (bursa) « cuir » fin ives. (Tiberius Claudius Donatius dans TLL s.v., 2266, 10) attesté en lat. médiév. au sens de « sac de cuir » (milieu viiies. Vita Eligii dans Mittellat. W. s.v., 1626, 51); « sac destiné à recevoir de l'argent » (viiie-xies. Glossae latino-theodiscae, ibid., 1626, 71); « somme d'argent destinée à couvrir les besoins d'une communauté » (viie-xiiies. Chartae Stiriae, ibid., 1627, 15); « pension, subvention » xiiies. dans Nierm.; terme d'anat. (ca 1210 Richardus Anglicus dans Mittellat. W. s.v., 1627, 30); terme de bot. viiie-xies. (Glossae latino-theodiscae, ibid., 1627, 37); le lat. est lui-même empr. au gr. β
υ
́
ρ
σ
α « peau » (Batrachomyomachie, 127 dans Liddell-Scott). |