| BOUGEOIR, subst. masc. A.− Petit support de bougie, bas et à plateau, que l'on saisit par une poignée ou un anneau fixé au plateau. Prendre un bougeoir; (apparaître) un bougeoir à la main : 1. Le domestique, en faisant les chambres, redescendait les bougeoirs, qu'on plaçait sur une table du vestibule où chacun les prenait en allant se coucher; ...
Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 319. − P. ext. Bougeoir non portatif et parfois non destiné à recevoir une bougie : 2. ... il brisa sur les tapis d'Orient les petites lampes à pétrole toujours odorantes et transpirantes que l'on fixait, avec des manchons à ressorts, dans les bougeoirs du piano.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 102. Rem. Attesté dans tous les dict. des xixeet xxesiècles. B.− HIST. Bougeoir que le roi (ou un baron, etc., cf. infra) faisait tenir à son coucher par un de ses courtisans : 3. ... quand, ses valets assemblés autour de lui à distance respectueuse, après les avoir parcourus du regard, il disait : « Coignet, le bougeoir! » ou : « Ducret, la chemise! », c'est en ronchonnant d'envie que les autres se retiraient, envieux de celui qui venait d'être distingué par le maître. Deux, même, lesquels s'exécraient, essayaient chacun de ravir la faveur à l'autre, en allant, sous le plus absurde prétexte, faire une commission au baron, s'il était monté plus tôt, dans l'espoir d'être investis pour ce soir-là de la charge du bougeoir ou de la chemise.
Proust, Le Côté de Guermantes2, 1921, p. 553. − LITURG. Instrument réservé à la dignité épiscopale (Archéol. chrét. t. 2, 1925); bougeoir qu'on tient à l'évêque pendant qu'il officie. Le porte-bougeoir (Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 230). PRONONC. : [buʒwa:ʀ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1531 bougeouer « petit chandelier bas à anse latérale ou à manche » (Inv. de Louise de Savoie, fo2 dans Gay); 1534 bougeoir (Inv. du duc de Lorraine, fo18 vo, ibid.).
Dér. du rad. de bougie*; suff. -oir* (dont -ouer représente la prononc. pop.). STAT. − Fréq. abs. littér. : 137. |