| BONNE-VOGLIE, subst. masc. Vx. Rameur engagé volontairement sur une galère et non enchaîné : « Dans un an », avait dit Galart, « si tu marches bien, je te ferai bonne-voglie ». Ceux-là étaient des hommes libres, enchaînés seulement pour la nuit. Ils guidaient la nage, mais ils enduraient plus que les autres, se trouvant au sommet de ce large mouvement conique décrit par le manche de l'aviron, à l'intérieur du navire. Ils touchaient la coursie, l'épine dorsale de la galère, entre ses bancs comparables à des côtes déviées et symétriques. Ils devaient être très grands pour s'accrocher au giron, bout extrême de l'aviron, tandis que les huit autres poignes des rameurs forçaient sur la maintenante, où quatre alvéoles étaient ménagés. Les rameurs-forçats se trouvaient enchaînés à leurs bancs.
J. de La Varende, Heureux les humbles,1942, p. 129. Rem. 1. Attesté aussi dans Ac. 1798-1835, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG, Quillet 1965. 2. Tous ces dict. en parlent au passé sauf Ac. 1798, et le donnent pour masc. sauf Lar. 19e. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. − Dernière transcr. dans DG : bòn'-vòy'. (Yod également pour la finale dans Land. 1834; [λ] mouillé dans Gattel 1841, Nod. 1844, Besch. 1845 et Littré). 2. Forme graph. − Ac. 1798 écrit bonne voglie sans trait d'union (cf. aussi Lar. 19e, Littré, DG et Quillet 1965). Ac. 1835 consacre à la forme bonavoglie une vedette de renvoi à bonne-voglie. Cf. aussi Lar. 19e: ,,bonavoglie : syn. de bonne-voglie`` et Littré : ,,on a dit aussi bona-voglie``. Besch. 1845, Guérin 1892 et Nouv. Lar. ill. donnent uniquement la forme bonnevoglie en un seul mot. Au plur. des bonnes-voglies. ÉTYMOL. ET HIST. − 1515-22 armer une gallée de bonne voille (A. Conflans, Faits de la marine et navigaiges, Traité de 1515 à 1522 dans Annal. marit., juill. 1842 d'apr. Jal1); id. gens de bonne veulle (A. Conflans, loc. cit., ibid.); 1554 filles de bonne voglie (Amadis, XI, 129 dans Wind, p. 140); 1670 subst. masc. plur. bonneuoglies (Ordre du Roy [Galeres], vol. 2, fol. 45, Arch. de la Mar. dans Jal1).
Empr. à l'ital. b(u)onavoglia attesté au sens général de « bonne volonté » dep. le xives. dans Batt.; le terme mar., qualifié de terme anc. par Batt., est attesté comme subst. au sens de « galérien » av. 1536 (d'apr. Vidos, p. 245). L'ital. est composé du fém. de l'adj. buono « bon » et du subst. fém. voglia « volonté » (de vogliere « vouloir »). BBG. − Haschke (F.). Die Sprache Richelieus nach seinem Briefwechsel. Leipzig, 1934 [Cr. Barbier (P.). Proceedings of the Leeds philosophical and literary society. 1934, t. 3, p. 254]. − Hope 1971, p. 165. |