| BOISSEAU, subst. masc. A.− MÉTROLOGIE 1. Récipient de forme cylindrique destiné à mesurer les solides, dont la capacité varie selon les lieux et les époques et qui est encore en usage dans certains pays. ... pommes de terre, qu'il vendait au boisseau (Zola, La Terre,1887, p. 169). 2. Quantité contenue dans ce récipient. Un boisseau de blé, de charbon, de sel (Ac. 1798-1878). Rien (...) qui ne s'évalue en tonnes, livres, boisseaux (Valéry, Variété 2,1929, p. 33). − P. ext. Grande quantité : 1. ... c'est un de ces mariages convenables, (...), des diamants de famille à boisseaux, ...
Dumas Père, Un Mariage sous Louis XV,1841, II, 1, p. 126. B.− P. anal. Tout appareil, de forme généralement cylindrique, rappelant ce récipient. 1. BÂT. Élément cylindrique ou rectangulaire formant les conduites d'eau, les tuyaux de cheminée. (E. Robinot, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment, t. 5, 1928, p. 59). 2. CÉRAM. Étui cylindrique dans lequel on cuit les pipes de terre et d'autres petits objets. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. 3. CH. DE FER. Partie d'un tampon de choc, fixée sur une traverse, dans laquelle coulisse la partie mobile du tampon (M. Bailleul, Notions de matériel roulant des ch. de fer, 1951, p. 23). Rem. Attesté dans Lar. encyclop., sous le syntagme boisseau de tampon. 4. PLOMB. Partie conique d'un robinet, dans laquelle s'emboîte et tourne la clé. Robinet à boisseau (R. Champly, Nouv. encyclop. pratique,t. 10, 1927, p. 93). C.− Au fig. : 2. ... le boisseau de mes dégoûts n'était pas comble : une épingle m'attachait encore à la vie.
P. Borel, Champavert,Champavert, le lycanthrope, 1833, p. 226. − Spécialement ♦ [P. allus. à l'Évangile (Matthieu V, 15, Marc, IV, 21, Luc XI, 33)] Ce qui cache une chose et plus particulièrement des valeurs qui mériteraient d'être connues, révélées, développées. Garder, mettre qqc. (en partic. la flamme, la lampe, la lumière) ou qqn sous le boisseau; [en parlant d'une valeur] être mis, rester sous le boisseau : 3. Quel que soit l'auteur de l'indiscrétion, il faut le remercier d'avoir libéré du boisseau la lumière qui éclaire maintenant les yeux les plus troubles.
J. Jaurès, Europe incertaine,1914, p. 370. ♦ Expr. proverbiale. [En parlant d'une pers., ou d'un inanimé personnifié] Faire trois pas dans un boisseau. Être lent, avoir du mal à prendre une décision : 4. De l'Autriche, elles [les Flandres] ont conservé cette pesante diplomatie qui, suivant un dicton populaire, fait trois pas dans un boisseau.
Balzac, La Recherche de l'absolu,1834, p. 114. Prononc. : [bwaso]. Étymol. et Hist. 1. 1188-91 boistiel « mesure de capacité » (Chr. de Troyes, Perceval, 31541 dans T.-L.); 1198 boissel (Archivum Veteris Villae in Charta ann. 1198 dans Du Cange); 2. emplois techn. 1694 (Corneille : boisseau de poterie); 1751 robinetterie (Encyclop. t. 2). Orig. discutée. L'hyp. généralement admise est celle d'une dérivation de l'a.fr. boisse « mesure de blé, sixième partie du boisseau » attesté dep. 1262 (Gdf. Compl., s.v. boissel), encore au xves. (Gdf.), issu d'un lat. de la Gaule, *bostia, dér. du gaul. *bosta « creux de main » qui est à l'orig. de l'irl. boss et du bret. boz « paume de la main » (Jud dans Revista de filologia española, t. 7, pp. 339-350). Cette hyp. convient bien du point de vue phonét. si l'on admet avec Jud que les anc. formes en -st- (v. lat. médiév. bustellos, boistellus, bostellus, etc. dans Du Cange t. 1, s.v. boistellus, bostellus) localisées en norm. pic., ont subi l'influence de boiste (boîte*); cf. le prov. ponhadièra, punhièra « mesure de grains de 32 dl, mesure agraire d'un are », proprement « contenu d'une poignée » (v. Jud, loc. cit., p. 349 et Alib., s.v. ponh). Fréq. abs. littér. : 163. DÉR. 1. Boisselier, subst. masc.,mét. Artisan qui fabrique et qui vend divers objets en bois, partic. des mesures de capacité comme le boisseau. Un grand tamis de crin chez un boisselier (Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 630).− [bwasəlje] − 1reattest. 1338 (Cart. de S. Taur., A. Eure dans Gdf. Compl.); dér. de boissel, forme anc. de boisseau, suff. -ier*. 2. Boissellerie, subst. fém.,mét. Fabrication et commerce d'objets en bois, partic. de mesures de capacité comme le boisseau. Des boutiques de boissellerie (E. et J. de Goncourt, Journal,1888, p. 754).− [bwasεlʀi] − 1751 (Encyclop. t. 2); dér. de boissel, forme anc. de boisseau, suff. -erie*. BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 306-307. − Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang aus Asien nach Griechenland und Italien. Berlin, 1902, p. 231. − Rigaud (A.). Poids et mes. Vie Lang. 1969, p. 296. − Rog. 1965, p. 101. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 173. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 194; t. 3 1972 [1930], p. 248, 257. |