| BLEUIR, verbe. A.− Emploi trans. Rendre bleu. Le froid bleuit les mains (Ac. 1878, 1932, DG) : 1. Et pourtant ces vingt-neuf années avaient fait, d'un enfant en jupes, l'homme qui se trouvait en face de lui, avec la racine de la barbe bleuissant légèrement les joues rasées, ...
Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 40. 2. La bile est basique (elle bleuit un papier de tournesol rouge)...
H. Camefort, A. Gama, Sc. nat.,1960, p. 132. − Spéc., TECHNOL. ,,C'est échauffer un métal jusqu'à ce qu'il prenne une couleur bleue. On bleuit l'acier, le cuivre etc.`` [pour le protéger de la corrosion] (Chesn. 1857). Bleuir de l'acier (Ac. 1798-1932) : 3. Il la regarde. Poignée gantée de drap rouge, large pommeau (...), lame un peu infléchie, vraiment frissonnante tant elle est flexible. Avec l'argent qu'on lui donnera quand il sera reçu à son bachot, il en fera bleuir et toucher d'or le talon.
Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 523. Rem. L'emploi pronom. est mentionné par Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill. Se bleuir en touchant de l'indigo (Lar. 19e). B.− Emploi intrans. Devenir bleu. La haie bleuit sous les mûres (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 191): 4. Ici la flamme des tisons rougeoya et bleuit, et les faces des routiers bleuirent et rougeoyèrent.
Bertrand, Gaspard de la nuit,1841, p. 154. 5. Et, fou furieux, en dépit des hum! hum! hum! répétés du « bon grincheux » qui l'exhortait ainsi de loin à se contenir, il cramponna si violemment au cou Mein Herr Véru, que la face incolore de ce métis s'empourpra, bleuit, et qu'on le vit, lui, tirer une langue de pendu.
L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 281. − [Souvent en parlant d'un obj. situé dans le lointain] Apparaître avec une teinte bleue : 6. Il ne reste plus qu'à attendre la nuit. Elle sera bientôt là : le ciel est vert, les nues légères, tout à l'heure rosées, bleuissent doucement; ...
Giono, Colline,1929, p. 88. Rem. Le part. prés. adj. verbal bleuissant est attesté. Un vert plus tendre que celui des gazons, plus bleuissant, plus doux, plus fragile (Gide, Feuillets, 1896, p. 100). Prononc. : [bløi:ʀ] (je) bleuis [bløi]. Étymol. ET HIST. − Ca 1290 blauir « devenir bleu » (Gloss. de Douai, Escallier dans Gdf. Compl.); 1360-84 bleuir (ap. A. Thierry, Tiers-État, IV, 71, ibid.); 1690 « rendre bleu » (Fur.).
Dér. de bleu*; dés. -ir. STAT. − Fréq. abs. littér. : 222. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 68, b) 555; xxes. : a) 473, b) 301. BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 145. |