| * Dans l'article "BISTOURI,, subst. masc." BISTOURI, subst. masc. CHIR. Instrument de chirurgie en forme de couteau dont la lame est fixe ou repliable, et qui sert à pratiquer des incisions : 1. ... ils [les yeux] voyaient les affreux instruments d'acier, les bistouris impitoyables qui allaient la déchirer, le lendemain matin, lui faire, pour la septième fois, l'opération des glandes cancéreuses.
E. et J. de Goncourt, Journal,1874, p. 961. 2. Dans l'étable, Buteau et Françoise étaient restés pour éclairer Patoir, (...), tandis que le vétérinaire, allongé de nouveau, pratiquait au bistouri une section autour du jarret de gauche.
Zola, La Terre,1887, p. 262. SYNT. Bistouri cannelé, courbe, droit; bistouri à deux tranchants; coup de bistouri; excision au bistouri. − P. compar. : 3. Les économistes sont des chirurgiens qui ont un excellent scalpel et un bistouri ébréché, opérant à merveille sur le mort et martyrisant le vif.
Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 72. − P. métaph. : 4. La mort est, comme la gaffe, mais plus à fond, le coup de bistouri en plein scandale.
Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 182. − Spéc. Bistouri électrique. ,,Appareil qui fait passer dans les tissus un courant de haute fréquence pour obtenir un effet de section, à l'opposé de l'effet de coagulation`` (Méd. 1966) : 5. D'autre part, et dans d'autres affections du foie, l'emploi du bistouri électrique a permis l'exérèse des tumeurs localisées de ce viscère.
Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXes.,1946, p. 238. − Arg. Gibier à bistouri. ,,Prostituée malsaine`` (L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 152). Prononc. et Orth. : [bistuʀi]. Ac. Compl. 1842 et Lar. 19eenregistrent la forme bistorie, forme anc. d'où est venu le mot bistouri. Cf. aussi Guérin 1892 (s.v. bistourie : ,,forme fém. de bistouri``), DG (s.v. bistouri : ,,on dit une bistorie au xvies.``) et Rob. (également s.v. bistouri). Étymol. et Hist. 1. 1464 masc. bistorit « poignard » (Lit. remiss. ex. Reg. 199 ch. 599 dans Du Cange t. 1, p. 600c, s.v. bistoria : Ung coustel poignant, nommé Bistorit); 1468 fém. bistorie (Arch. JJ 194, pièce 335 dans Gdf. : une bistorie ou panart), sens répertorié par Ac. Compl. 1842; 2. 1564 fém. méd. bistorie (Paré, Dix livres de Chirurgie d'apr. Malgaigne dans
Œuvres Complètes de Paré, t. 1, p. 389); 1680 masc. bistouri (Rich.). Empr. par l'intermédiaire d'une forme du nord de l'Italieoù le suff. -ino se réduit à -i, à l'ital. bistorino, bisturino, altération de pistorino (xviiies., G. Flaiani dans DEI) littéralement « de Pistoie [lat. Pistorium] », « dague, poignard fabriqué à l'origine à Pistoie » sous l'infl. d'un mot en b- initial qui demeure obscur. À l'appui de cette hyp. d'une part l'hésitation de A. Paré pour exprimer la notion de « lancette » entre pistolet (V, 10 dans Gdf. Compl.) empr. à l'ital. pistolese « dague » (1585 dans DEI) et bistorie (supra), d'autre part le sens de « bistouri » de pistorino (xixes., Guerrazzi, ibid.). Fréq. abs. littér. : 55. DÉR. Bistouriser, bistourier, verbe trans.,fam. a) Inciser à l'aide d'un bistouri (cf. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 615). Abcès qu'il fallut bistourier (Verlaine, Correspondance,t. 3, 1869-96, p. 374).b) P. ext. On m'a bistourisé les deux bras (...) en cherchant en vain à forcer ma veine à accepter une injection (Gide, Journal,1941, p. 103).− Seule transcr. dans Littré et DG : bis'-tou-ri-zé. Les dict. donnent uniquement la forme bistouriser. − 1reattest. bistorier 1546 (Rabelais, Tiers Livre, Prol., éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 8); bistouriser 1678 (Hauteroche, Nobles de province, II, 10 dans Littré); a dés. -er, b suff. -iser*. − Bistouriser. Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Rog. 1965, p. 109. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 196; t. 2 1972 [1925], p. 314; t. 3 1972 [1930], p. 112. |