| BISEAU, subst. masc. A.− Bord d'un objet taillé obliquement : 1. Tenues par la bague, elles [les bouteilles] ne blessaient pas à l'éclatement normal du bas du col, mais des goulots se fendaient en longueur et entraient leur biseau dans la main de l'homme.
Hamp, Marée fraîche,1908, p. 155. − En biseau. En angle aigu, en oblique. Coupe en biseau; tailler en biseau : 2. Ils les [racines] tranchent, et puis ils attaquent le tronc en biseau, jusqu'au cinquième à peu près de son diamètre.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 47. ♦ P. anal. : 3. Mécontente de se laisser ainsi subjuguer par l'image d'un passant, elle s'entêta à lui trouver des défauts : son nez aux ailes nerveuses était large et à la fois busqué; son menton, court, taillé en biseau, on dirait; ...
G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 38. − Spécialement 1. ARCHIT. Synon. de chanfrein. Rem. Peut être rattaché à ce mot, bezeau « pièce de bois coupée obliquement ». 2. IMPR. Réglette de bois qui entoure les pages de caractères et dont un côté est taillé obliquement pour recevoir les coins qui servent à serrer la forme. 3. JOAILL. Face d'un brillant qui entoure la table. 4. MUSIQUE a) Pièce de bois ou de métal taillée en plan incliné et grâce à laquelle résonnent les instruments à vent. b) Pièce de plomb ou d'étain, taillée en sifflet, qui recouvre les tuyaux de l'orgue. B.− P. méton. Outil dont le tranchant forme un angle aigu et qu'utilisent divers corps de métier : 4. Il m'a appris le coup d'épingle le petit André, qu'est l'essentiel dès qu'on retape les pièces par le bout... Après l'entame au biseau... Le petit retroussis du satin.
Céline, Mort à crédit,1936, p. 169. PRONONC. : [bizo]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1451 orfèvr. biseau « chaton taillé en biais servant à enchâsser l'émail d'un bijou » (Comptes du Roi René, t. 1, éd. Arnaud d'Agnel, p. 280 dans IGLF Techn.); xvies. bizeau « bord taillé obliquement » (De Laborde, Émaux, p. 194 dans Littré) [Dauzat 1968, Bl.-W.5, EWFS2, FEW t. 1, s.v. bis donnent le xiiies. comme date de la 1reattest. de ce mot mais dans les attest. du xiiies. données par Gdf. et T.-L., biseau désigne un morceau de pain bis*].
Orig. incertaine. Prob. dér. de biais*, par l'intermédiaire d'une forme *biaiseau prononcée, par suite du déplacement de l'accent, bieseau [biεz'o], puis biseau (Cohn dans Arch. St. n. Spr., t. 103, pp. 225-226, REW3, no1072, EWFS2, Cor. t. 1, s.v. bisel). Une dér. à partir de l'adv. bis « deux fois » (FEW t. 1, s.c. bis, Dauzat 1968, Bl.-W.5) est inexplicable du point de vue morphol. (v. EWFS2et Cor., loc. cit.). L'esp. bisel « biseau » (Rupp., p. 105), attesté dep. 1589 est empr. au fr. (v. L. Spitzer dans Literaturblatt für germanische und romanische Philologie, t. 42, 1921, p. 309 et Cor., loc. cit.). STAT. − Fréq. abs. littér. : 48. BBG. − Thomas (A.). Essais de philol. fr. Paris, 1898, VIII-441 p. [Cr. Cohn (G.). Arch. St. n. Spr. 1899, t. 103, p. 226]. − Ruppert (R.). Die spanischen Lehn-und Fremdwörter in der französischen Schriftsprache. München, 1915, 320 p. [Cr. Spitzer (L.). Literaturblatt für germanische und romanische Philologie. 1921, t. 42, p. 309]. − Rupp. 1915, p. 105. |