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BILLE1, subst. fém.
Petite boule pleine, de matière dure :
1. Des boules noires voyageaient dans les mailles, de vraies boules d'escamoteur, d'abord grosses comme des billes, puis grosses comme des boulets; ... Zola, L'Assommoir,1877, p. 788.
A.− JEUX
1. Boule d'ivoire ou de matière synthétique, pour le jeu de billard. Faire une bille. La pousser dans la blouse avec sa propre bille. Toucher pleine bille; jouer, prendre la bille fine (Lar. Lang. fr.) :
2. À la poule, le hasard avait donné à Lucien la bille numéro 6. Un grand jeune homme silencieux, apparemment adorateur muet de la maîtresse de la maison, eut le 5, et Madame Grandet le numéro 4. Leuwen essaya de tuer le 5, réussit, et se trouva par là chargé de jouer sur Madame Grandet et de la faire perdre, ce dont il s'acquitta avec assez de grâce. Il tentait toujours les coups les plus difficiles, et avait le malheur de ne jamais faire la bille de Madame Grandet et de la placer presque toujours dans une position avantageuse. Madame Grandet était heureuse. (...) Lucien se laissa tuer; alors, ce fut au numéro 7 à jouer sur Madame Grandet. Ce numéro était tenu par un préfet en congé, grand hâbleur et porteur de toutes les prétentions, même de celle de bien jouer au billard. Ce fat montrait une exaltation de mauvais goût à parler des coups qu'il allait faire, à menacer Madame Grandet, à faire sa bille ou à la mal placer. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, pp. 10-11.
Bille en tête. Au propre. Jouer en puissance (cf. billard ex. 1). Au fig. Avec audace, en allant droit au but (Giono, Le Hussard sur le toit, 1951, p. 264 et Bonheur fou, 1957, p. 294).Au fig. Être à billes pareilles, à billes égales. N'avoir aucun avantage l'un sur l'autre (cf. Ac. 1798-1932).Arg. Retirer ses billes (A. Simonin, Le Cave se rebiffe, 1954, p. 74), Abandonner, se retirer d'une association en reprenant son argent. rendre ses billes (M. Stéphane, Ceux du Trimard, 1928, p. 218). Abandonner, se retirer d'une association en reprenant son argent.
SYNT. Bloquer, coller, doubler une bille; partie à deux billes, à toutes billes (Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., etc.); bille de billard (Renard, Journal, 1898, p. 476).
2. Petite boule de pierre peinte ou de verre, servant aux jeux des enfants. Bille d'agate; jouer (encore) aux billes :
3. Le tapis bariolé de cette antichambre présentait de grands dessins géométriques, parmi lesquels il était on ne peut plus amusant de jouer aux billes avec le fameux « ami Pierre ». Un petit sac de filet contenait les plus belles billes, qu'une à une l'on m'avait données et que je ne mêlais pas aux vulgaires. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 351.
3. Petite boule pour jouer à la roulette (cf. Ponson du Terrail, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 483), au billard électrique, etc. :
4. Il se rabattit sur un appareil à billes, mit vingt sous dans le monnayeur. Bientôt, il y eut cercle autour de lui, et cercle admiratif. C'était merveille de voir les petites boules réussir les itinéraires maximum, s'engager dans les couloirs les mieux défendus par les plus astucieux obstacles, tomber dans les cuvettes, éclairer les bornes, tapoter les plots. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 59.
B.− P. ext.
1. Objet dont la forme (ovoïde, sphérique et aplatie aux extrémités, etc.) rappelle celle d'une bille (cf. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 102)Spéc. Balle de fusil le pot de chambre te protège suffisamment l' caberlot contre les billes de plomb.(Barbusse, Le Feu,1916, p. 229).
2. Fam. Tête, visage. (Avoir) une bonne bille (Malraux, L'Espoir, 1937, p. 778; G. Magnane, La Bête à concours, 1941, p. 296). Faire une (drôle de) bille (Vercel, Capitaine Conan, 1934, p. 27; L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 40). Bille de clown (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 616).
Bille de billard. Crâne chauve (cf. F. Jammes, Mémoires, 1922, p. 88; L. Larchey, Dict. hist. d'arg., 2eSuppl., 1883, p. XIV) :
5. Mal lavé, décravaté, hirsute, pommelé de cocards, il [Arthur] ne saurait fournir qu'une tête de gangster. − Une belle bille de clochard! rectifie l'opérateur, qui ajoute : va te refringuer. H. Bazin, La Tête contre les murs,1949, p. 143.
Yeux en billes (Courteline, Le Train de 8 h 47, 1888, 2epart., X, p. 206); plus ronds que billes (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 306).
Emploi adj. Stupide, maladroit, naïf dont les autres profitent :
6. On avait un adjudant qui avait tout de la vache! On rigolait pourtant, parce qu'il était bille, et qu'on lui poussait des colles. Quand il disait au cours de comptabilité : « Les livrets matricules sont conservés dans une boîte ad hoc. « Qu'est-ce que ça veut dire, ad hoc, mon adjudant? − En bois, qu'il répondait. Une boîte ad hoc, c'est une boîte en bois »... Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 31.
C.− Techn. Petite boule, souvent métallique, servant à divers usages. Essai à la bille. ,,Mesure de la dureté des métaux au moyen d'une bille`` (Barb.-Cad. 1963); cf. M. Gasnier, Dépôts métalliques directs et indirects, 1927, p. 128).Synon. essai Brinell (Uv.-Chapman 1956).Crayon à bille, stylo-bille. Sorte de stylographe dont la plume est remplacée par une minuscule bille :
7. Paliers à billes. − Les billes sont semblables aux billes à jouer, mais elles sont en acier chromé ou nickel chrome très dur : ... P. Gorgeu, Machines-outils,1928, p. 15.
8. Elle entre [la jeune mariée], (...) s'excusant auprès de votre voisin de droite, (...) qui lève le nez de son illustré dans lequel il s'essayait à résoudre un problème de mots croisés, l'appuyant sur son genou pour écrire avec un crayon à bille... M. Butor, La Modification,1957, p. 26.
Spéc. Petite boule sur laquelle s'opèrent certaines rotations. Roulement à billes :
9. [les] Billes. − [sont de] Petites boules d'acier trempé que l'on place dans les coussinets afin de diminuer la résistance provenant du frottement. L. Baudry de Saunier, Le Cyclisme,1892, p. 583.
10. Cette année 1869 est d'ailleurs notable à d'autres titres. C'est celle où le Parisien Suriray inventa le roulement à billes, ... P. Rousseau, Hist. des techniques et des inventions,1967, p. 348.
PRONONC. : [bij]. Enq. : /bij/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1164 « petite boule » exprime ici une chose de peu de valeur (Chr. de Troyes, Erec et Enide, 542 dans T.-L.); 1269-78 « petite boule » (J. de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 20266); 1611 « boule de billard » (Cotgr.); p. ext. arg. 1579 « argent » (Larivey, Les Esprits, I, 3, Bibl. elz. dans Gdf.); ca 1900 technol. « petite boule sur laquelle s'opère la rotation de certains mécanismes » (DG). Empr. à l'a.b.frq. *bikkil « dé » correspondant au m.h.all. bickel « dé, osselet » (Lexer30), à rapprocher du néerl. bikkel « osselet » (Gallas), v. Gam. Rom.2t. 1, p. 399.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 119. − Grimaud (F.) Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 134; t. 2 1972 [1925], p. 294.