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BERCEMENT, subst. masc.
Littér. et poét.
A.− [Le plus souvent accompagné d'un compl. déterminatif désignant l'agent] Action de bercer (cf. bercer I A). Synon. balancement, oscillation, va et vient :
1. Cependant, le bercement monotone des roues et des ressauts du wagon l'apaisait peu à peu, maîtrisait son esprit, comme les flots soulevés d'une musique, qu'un puissant rythme endigue. R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 1076.
Rem. Sens attesté par la plupart des dict. gén. du xixeet xxes. à partir de Besch. 1845, sauf par Ac. 1835-1932 et DG.
P. métaph. Apaisement dû à un mouvement régulier. Vivre dans le bercement de la mer (Mauriac, Journal 3,1940, p. 234):
2. Guillaume et Madeleine s'asseyaient là, écoutant le bruit régulier des gouttes qui tombaient une à une de la voûte; il y avait dans ce bruit un bercement sans fin... Zola, Madeleine Férat,1868, p. 97.
B.− [Le plus souvent accompagné d'un compl. déterminatif désignant la chose bercée] Mouvement de ce qui est bercé. Le bercement des futaies :
3. On n'entend plus comme une abeille Le baiser parcourir la chambre, ni le son Du bercement de la corbeille Où repose l'enfant... Jammes, Clairières dans le ciel,Le Poète et sa femme, 1906, pp. 97-98.
Au fig. Apaisement bienfaisant. Bercement du cœur, de l'âme.
Emploi abs. :
4. Elle se sait en voyage vers quelque chose qu'elle nomme souvent l'esprit ou la beauté, dont elle reconnaît l'approche à un sentiment de bien-être, de bercement, de réconciliation. La caresse qu'elle recherche est l'accueil de cet océan spirituel. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 246.
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. fém. plur. berceries, hapax d'aut. Bercements légers et répétés. ... tandis que la chatine refaisait des espèces de petites berceries au soleil (Jammes, Le Roman du lièvre, Contes, 1903, p. 266).
PRONONC. : [bε ʀsəmɑ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1584 « action de bercer » (De Brach, Imit., fo78 recto dans Littré Suppl. addition : Olympe, qui encor esmeue avoit la teste Du bercement passé de l'ireuse tempeste), attest. isolée; réapparaît dans Besch. 1845; 2. 1885 « apaisement » (Hugo, La Fin de Satan, p. 283 : Dormir ... Repos sacré, douceur muette, bercement Qui trempe dans les cieux les cœurs). Dér. de bercer*; suff. -ment1*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 90.