| BELLADONE, subst. fém. A.− BOT. Plante vivace de la famille des solanées dont toutes les parties contiennent un poison violent dont les propriétés sont celles de l'atropine. Baie, feuille, racine de belladone : 1. Sais-tu ce que c'est que la belladone?
− Mais, dit Rocambole, c'est une plante vénéneuse, il me semble.
− La belladone n'empoisonne pas, mais elle rend fou. Une folie momentanée, il est vrai, et que des soins assidus finissent par guérir.
Ponson du Terrail, Rocambole,t. 4, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 423. B.− P. méton. Suc extrait des feuilles de cette plante : 2. Dimanche 13 avril. Liphart, en faisant mon portrait, m'apprend qu'il y a des femmes russes qui prennent de la belladone pour s'agrandir la pupille et donner à leurs regards de l'étrangeté et du brillant.
E. et J. de Goncourt, Journal,1879, p. 16. − Spéc. MÉD. Alcaloïde employé comme modérateur des sécrétions, modificateur du système nerveux, de la sensibilité, comme tonique vaso-moteur, narcotique, antispasmodique : 3. Une nuit agitée et cruelle. − Est-ce donc que je serais obligé de reprendre de l'opium et de la belladone comme l'année dernière à pareille époque pour me procurer un peu de sommeil?
Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1838, p. 355. 4. ... les douleurs d'adhérences ont notablement décru et voici plusieurs nuits que j'ai pu m'abstenir de belladone : ...
Du Bos, Journal,1925, p. 317. ♦ Cigarette de belladone. Cigarette antiasthmatique. Fumer de la belladone. Prononc. et Orth. : [bεl(l)adɔn]. Passy 1914 et Warn. 1968 transcrivent le mot par [ll] géminées (cf. aussi Land. 1834, Fél. 1851, Littré et DG). Barbeau-Rodhe 1930 et Pt Lar. 1968 transcrivent [l] simple. Pt Rob. donne d'une part la possibilité de prononcer [l] et [e] fermé d'autre part de prononcer [ll] et [ε] ouvert à la 1resyll. Ac. 1798 enregistre bella-dona ou belle-dame; Ac. 1835 bella-dona ou plus ordinairement balladone; Ac. 1878 et 1932 belladone en soulignant : ,,on la nomme aussi belle-dame``. Cf. aussi Besch. 1845 qui donne parallèlement belladone, belladona ou belle-dame; Lar. 20enote s.v. belladone : ,,on l'appelle aussi belle-dame, morelle furieuse``; Rob. note s.v. belladone : ,,appelée vulgairement belle-dame``. Le reste des dict. emploie la vedette belladone (Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. signalent : ,,on écrit aussi belladone``) et c'est s.v. belle-dame (terme d'entomol.) que la majorité d'entre eux ajoute : nom vulgaire de la belladone et de l'arroche des jardins. Étymol. et Hist. I. xves. bladone bot. « molène » (Le Grant Herbier, no475, Camus dans Gdf. Compl. : Tapsus barbatus, tapse barbé ... Aucuns l'appellent queue de leu; l'en l'appelle flosmon et bladone). II. 1602 belladonna « espèce de solanée vénéneuse » (A. Colin, Hist. des drogues, trad. de l'Escluse, 540 [Lyon] dans Quem. : L'autre espèce de Nicotiane à [sic] les feuilles un peu plus petites, ressemblant fort au Solane, qu'on appelle communement Belladonna). I adaptation du lat. médiév. bladon(n)a, bot. « Verbascum Thapsus L.; molène commune » peut-être l'orig. gaul. (Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 40, p. 136), la forme bladonna est attestée aux viiie-xies. (Glossae latino theodiscae, III, 105, 1, ibid., 1501, 2). II empr. à l'ital. belladonna (Kohlm, p. 32) attesté comme terme de bot. dep. av. 1577 (P. Mattioli [1500-1577] 2, 1131 dans Batt.), peut-être de même orig. que I, c.-à-d. adaptation du gaul. (Devoto; Migl.-Duro; Devoto-Oli) passé des dial. alpins qui maintiennent le groupe bl-, dans les dial. du Nord qui l'évitent et ont ainsi créé la forme *beladona adaptée par voie pop. en toscan en bella donna, littéralement « belle dame » peut-être en raison de l'espèce de fard que les Ital. en tiraient autrefois [La forme belladone ne se trouve pas dans la 1reéd. du Dict. des drogues simples, 1698 (3eéd. 1733) de Nicolas Lemery comme l'indique le Lar. Lang. Fr., cf. Tolmer (ds Fr. mod., t. 14, p. 295) qui relève dans l'ouvrage de Lemery la forme belladona et non belladone; cf. aussi Trév. 1752, s.v. belle-dame, v. ce mot]. Fréq. abs. littér. : 47. DÉR. Belladoné, ée, adj.,méd. Qui contient de la belladone. Pommades, suppositoires belladonés; préparation belladonée. Attesté dans Nouv. Lar. ill., Lar. 20e.− Lar. 19eSuppl. admet belladoné ou belladonné (cf. aussi Nouv. Lar. ill.). Lar. 20eenregistre uniquement la forme belladoné. − 1reattest. 1872 (Lar. 19eSuppl.); dér. de belladone; suff. -é*. BBG. − Arveiller (R.). Sur l'orig. de qq. mots fr. R. Ling. rom. 1964, t. 28, pp. 308-313. − Colonna (P.). Au jardin des plantes. Vie Lang. 1952, p. 372. − Hope 1971, p. 356. − Quem. 2es. t. 1 1970, p. 7 [Cr. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1971, t. 35, p. 215]. − Quillet Méd. 1965. |