| BAVARDER, verbe. I.− Emploi intrans. A.− Assez souvent avec une nuance péj. 1. [Le suj. désigne une pers., une collectivité, parfois un attribut de la pers.] Parler beaucoup, souvent de choses inutiles, sans intérêt. P. ext. Parler familièrement en prenant son temps. Bavarder avec qqn, bavarder comme une folle : 1. Voyons, tâchez de dormir, mademoiselle, au lieu de bavarder à tort et à travers comme une pie borgne.
O. Feuillet, Histoire de Sibylle,1863, p. 85. − Fam. Bavarder de qqc.Parler de quelque chose. Bavarder de la pluie et du beau temps (Romains, Les hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 122) ♦ Bavarder sur qqc.En discuter longuement, plus ou moins profondément : 2. Ce sont ces jeunes gens qui les premiers m'ont fait connaître les noms de poésie classique et de poésie romantique. (...) peut-être plus curieux qu'eux de connaître ce qu'il y a de positif dans la différence de ces deux genres, je les pressais de la déterminer. (...). Nous avons bavardé pendant deux ans sur cet éternel sujet, ...
Delécluze, Journal,1827, p. 381. 2. Spéc. péj. Parler de façon indiscrète, allant parfois jusqu'à la médisance et la calomnie. Faire bavarder qqn : 3. Il y avait dix hommes amoureux d'elle [Thérèse], et cependant on ne bavardait pas sur son compte.
Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 35. 3. P. ext. [Le suj. désigne une pers.] S'exprimer longuement ou indiscrètement par d'autres moyens que la parole (écrit, gestes, etc.) : 4. « Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, dit Freud, constate que les mortels ne peuvent cacher aucun secret. Celui dont les lèvres se taisent bavarde avec le bout des doigts. »
R. Amadou, La Parapsychologie,1954, p. 75. B.− P. anal. 1. [Le suj. désigne un animal, en partic. un oiseau, ou un inanimé concr. personnifié] S'exprimer abondamment dans son langage propre : 5. Les grives matinales et les merles, leurs cousins germains, sautillaient dans les feuillages argentés et bavardaient joyeusement sur ma tête.
About, Le Roi des montagnes,1857, p. 44. 2. P. méton. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Révéler quelque chose; être expressif : 6. À cet âge, les visages disent tout de suite tout. La parole est inutile. Il y a tel jeune homme dont on pourrait dire que sa physionomie bavarde. On se regarde, on se connaît.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 790. − Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou un inanimé abstr.] Déborder un cadre déterminé, ajouter des détails superflus : 7. ... l'on doit rester sobre, et ne point bavarder. « Là réside (comme je l'écrivais dans mon Étude sur les notes de passage) une des plus grandes difficultés de la Fugue. »
Ch. Koechlin, Ét. sur l'écriture de la fugue d'école,1933, p. 14. II.− Emplois rares A.− Emploi trans. − Vx. [Le suj. désigne une pers.] Bavarder qqc. (à qqn).(Lui) en parler longuement : 8. Je t'envoie tous ces détails qui vous feront plaisir, en attendant que je vous les bavarde moi-même.
Hugo, Correspondance,1862, p. 412. B.− Emploi pronom. [Le suj. désigne des pers.] Parler entre soi : 9. ... on m'a poussé dans un autre côté de la maison, au milieu des femmes de service, qui récitaient des prières devant l'icône, et qui se bavardaient comme des pies...
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 49. Rem. On rencontre dans la docum. les néol. a) Bavardichonner, verbe intrans. (E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin, 1864, p. 5). b) Bavardocher, verbe intrans. (Queneau, Exercices de style, 1947, p. 171). Synon. péj. de bavarder. PRONONC. : [bavaʀde]. (je) bavarde [bavaʀd]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1539 « parler abondamment » (Gruget, Dial. de Pierre Messie, 680, éd. 1610 dans R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 138 : C'est une chose tres rare que d'estre sage et retenu : car la plupart des gens ne font que babiller et bavarder); 2. 1690 « commettre une indiscrétion » (Fur.).
Dér. de bavard*; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 770. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 327, b) 952; xxes. : a) 1 250, b) 1 730. BBG. − Duch. 1967, § 36. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 273. |