| BARBACANE, subst. fém. A.− FORTIF, au Moy. Âge. Ouvrage extérieur de fortification en maçonnerie ou en bois, percé de meurtrières, protégeant un point important, tel qu'un pont, une route, un passage, une porte : 1. Les barbacanes avaient ... pour but de mettre à couvert un point important, situé à peu de distance des murs, un pont par exemple.
A. Lenoir, Archit. monastique,t. 1, 1852, p. 67 2. Sur le rivage même, ils avaient établi une barbacane, fortification sommaire en demi-cercle, destinée à protéger les approches du pont-levis et des deux tours d'entrée. Cette barbacane n'avait point laissé de trace.
G. Leroux, Le Parfum de la dame en noir,1908, p. 40. − Spéc. Meurtrière pratiquée dans le mur des forteresses : 3. escole. −
Il faut que les Pisans, dans un délai fort court,
Soient libres dans leurs murs, l'œil à la barbacane,
Pour aider les Français descendus en Toscane.
Coppée, Severo Torelli,1883, th., p. 169. B.− ARCHITECTURE 1. ,,Ouverture étroite dans un mur de soutènement pour faciliter l'écoulement des eaux`` (Barb.-Cad. 1963) : 4. Quel que soit le type [de soutènement adopté], il faut toujours assurer l'assèchement des terres derrière les murs de soutènement en maçonnerie au moyen de barbacanes, ...
Ch. Bricka, Cours de ch. de fer,t. 1, 1894, p. 184. 2. ,,Ouverture étroite en partie haute d'une cloison de cour pour faciliter l'aération entre caves`` (Barb.-Cad. 1963). 3. ,,Fenêtre de hauteur normale mais très étroite`` (Barb.-Cad. 1963) : 5. Et la nuit suivante, à travers les barbacanes de la porte, on aurait pu voir Andréa Vésalius, dans son laboratoire, disséquant sur son établi, un beau cadavre de femme, dont les cheveux blonds tombaient jusqu'à terre.
P. Borel, Champavert,Don Andréa Vésalius, l'anatomiste, 1833, p. 80. Prononc. et Orth. : [baʀbakan]. Ac. Compl. 1842 et Lar. 19eenregistrent barbacane ou barbacanne. Besch. 1845 souligne : ,,on les appelle aussi ventouses et canonnières``. Quillet 1965 mentionne également la forme chantepleures. Étymol. et Hist. Ca 1160 barbacane « ouvrage de fortification percé de meurtrières » (Eneas, éd. Salverda de Grave, 413 dans T.-L. : grant fossé a barbacane). Orig. obsc. Empr. soit à l'ar. vulg. b-al-baqára, altération du class. bāb-al-báquara, proprement « porte pour les vaches » (parce que la barbacane protégeait une enceinte intermédiaire entre cette fortification et la muraille principale où les assiégés gardaient le bétail), transformé en barbacana sous l'infl. de barrana « extérieur » (Cor. t. 1, s.v. barbacana), mais cette hyp. n'a pu encore être confirmée par l'archéologie; soit au persan bālāḫāna « étage supérieur, terrasse sur un toit » (Lok., no197; FEW t. 19, s.v. bālāḫāna) pour lequel il faut expliquer le passage de -l- à -rb- par l'infl. de barbe. On a également proposé l'ar. barbaḫ-k̮āneh « rempart » (REW3, no941a; DEI, s.v. barbacane 1; EWFS2), mais ce mot signifie en réalité « maison avec égout » (v. Bl.-W.5et FEW, loc. cit.). L'ancienneté du mot en fr. rend peu probable un intermédiaire esp. (Rupp., p. 284; Brunot t. 1, p. 287). Fréq. abs. littér. : 16. BBG. − Herbillon (J.). Barbacane et fenêtre bavisienne. Archives, bibl. et musées de Belgique. 1961, t. 32, pp. 253-258. − Lammens 1890, pp. 41-42. − Rupp. 1915, p. 284. |