| BALZAN, ANE, adj. et subst. [En parlant d'un cheval noir ou bais] Qui a des taches blanches à la partie inférieure des membres. Cheval balzan (Ac. 1835-1932) : ... la maréchalerie se sert d'un dictionnaire entièrement français, ou francisé selon les bonnes règles et les justes analogies; parmi les plus jolis mots de ce répertoire peu connu figurent les termes qui désignent les qualités, les vices ou la couleur des chevaux; azel, aubère, balzan, alzan, ...
Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 55. Rem. Un emploi subst., vx, est attesté dans Ac. Compl. 1842, synon. de balzane. Deux balzans aux jambes (cf. Hugo, Le Rhin, 1842, p. 208). PRONONC. : [balzɑ
̃], fém. [-an]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1584 subst. « tache blanche au dessus du sabot du cheval » (Du Bartas, 2eSemaine, 1erJour, les Artifices, p. 142 dans Hug. : Poil chastain, astre au front, aux jambes deux balzans); 1621 adj. cheval balsan (E. Binet, Merv. de nat., p. 548 dans Gdf. Compl. : Le cheval balsan [c'est a dire, a pied blanc] doit avoir les balsanes [c'est a dire, taches blanches] qui ne soient pareilles, ny ne montent a mesme hauteur).
Empr. à l'ital. balzano (Kohlm., p. 30; Brunot t. 2, p. 208, Sar., p. 31; Wind, p. 163; Dauzat 1968; Bl.-W.5; FEW t. 1, p. 227a), attesté par le lat. médiév. balzanus, adj., au xiiies. (Rolandinus [Rolandino Passaggieri] in Summa notariae, cap. 1 dans Du Cange, I, p. 542c) et au xives. dans la lang. littér. comme adj. (Eneide volgar, 38 dans Batt.), lui-même empr. à l'a. fr. baucent « (en parlant d'un cheval) tacheté » ou, peut-être, à l'a. prov. bauçan « id. ». L'a. fr. présente des formes diverses : ca 1100-1130 bausan, Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 115, ca 1165 baucent < : cent >, Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1369, baucenz < : cenz >, ibid., 2288. Nombre d'étymol. ont été proposées. La plus sérieuse est celle qu'a formulée le premier, F. Diez (DIEZ5, s.v. balza) en y voyant un dér. du lat. balteus « baudrier », satisfaisant pour le sens (« rayé [comme par un baudrier] »). Le suff. fait cependant difficulté; s'agit-il de *balteanus (< balteatus) qui aurait donné bauçan, bauzan en prov. (cf. ca 1150, Girart de Roussillon, éd. W. M. Hackett, t. 3, s.v. baucan) et qui, après avoir été empr. en lang. d'oïl (cf. Chron. Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 11650 : Sur le cheval bauzan gascon), y aurait subi une substitution de suff. (cf. Ov. Densusianu dans Romania, t. 24, p. 586 sqq.)? S'agit-il du suff. germ. -ing comme semblait le penser A. Thomas, ibid., pp. 118-119 et à sa suite Meyer-L. t. 2, § 136? G. Paris avait souligné la double difficulté de cette hyp. qu'il admettait d'ailleurs; les formes bauzan, bauçan ne doivent apparemment rien au suff. -ing mais peuvent être mérid. (cf. Romania, t. 24, p. 588). D'autre part, les nombreuses et anc. rimes baucenz/ cenz ne laissent pas d'être embarrassantes car le cas régime plur. d'un bauceng ou baucenc (formes qui ne sont jamais clairement attestées) semblerait devoir être baucens (cf. Ambroise, Guerre sainte, éd. G. Paris, introd., p. 38); il faudrait alors admettre une substitution très précoce de -ent/-ant à -enc sous l'infl. p. ex. de ferrant auquel baucent peut être associé. STAT. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Lammens 1890, p. XLVIII, 261. − Pope 1961 [1952], § 26, 57. − Sar. 1920, p. 31. |