| BALADIN, INE, subst. A.− Vx. Danseur de théâtre ambulant : 1. Les funérailles eurent lieu selon les rites du paganisme (...) un personnage représentoit le Mort et les baladins prenoient plaisir, au milieu de leurs danses et de leurs lamentations, à se moquer de la défaite et de l'apostasie de l'ennemi des théâtres.
Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. 138. 2. Enfin entrée de baladins qui viennent comme furtivement, puis dansent. Après quelque divertissement, ils miment leur curiosité à l'égard de ce qui se passe derrière le rideau, vont l'entr'ouvrir à plusieurs reprises et figurent une danse érotique.
Valéry, Variété 3,1936, p. 119. B.− P. ext. 1. Saltimbanque, bouffon, comédien ambulant : 3. Les saltimbanques, les bateleurs, les baladins, les athlètes, les lutteurs, les jongleurs, les bohémiens faisaient résonner leurs bruits, leurs musiques et leurs cris dans les rues voisines.
Du Camp, Le Nil,1854, p. 58. 4. Des baraques improvisées montraient des jongleurs et des mimes. Sur une estrade, des baladins à cabrioles se jetaient des poignards et des flammes.
Gide, Le Voyage d'Urien,1893, p. 16. − Au fém., plus rare : 5. Depuis la Révolution, tout a des pantalons, même les danseuses; une baladine doit être grave; vos rigodons sont doctrinaires. Il faut être majestueux.
Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 617. 6. Isabelle est une comédienne (...). Une comédienne, dit le jeune duc avec un air de désappointement, je l'aurais plutôt prise à sa mine discrète et réservée pour une dame de qualité ou une bourgeoise cossue que pour une baladine errante.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 200. ♦ Péj. Femme de mœurs légères : 7. Que refuser aux baladines,
À tant d'illustres gourgandines,
Aux baisers des belles gredines
Avec lesquelles nous couchons?
A. Pommier, Paris, poème humoristique,1866, p. 377. − Emploi adj. Qui concerne les baladins, qui est propre aux baladins : 8. L'histoire du jeune prince ennuyé, − qui se met en tête de mener (...) une existence baladine et estudiantine (...) s'ankylose un peu à la Comédie...
Colette, La Jumelle noire,1938, p. 200. 2. Au fig., vieilli. Mauvais plaisant de société, sot. Faire le baladin. PRONONC. : [baladε
̃], fém. [-in]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Av. 1545 « danseur » (Marot, Leander et Hero dans Hug. : Helas, c'estoient des nopces, mais sans danses ... Là menestriers ne sonnerent aulbades; Là balladins ne jecterent gambades), vieilli dès le xviiies. (Ac. 1762 : [...] Ce mot signifioit autrefois tout Danseur de Théâtre. Il ne se dit plus guère que pour signifier un farceur); b) 1547 « danseur facétieux, amuseur public » (Noël Du Fail, Propos rustiques, p. 70 : Et celuy qui va sus deux petites tablettes, lequel ... fait mieux un soubresault ou une volte que basteleur ne balladin qui soit en ceste ville?); 2. 1680 « farceur, mauvais plaisant » (Rich. : Baladin [...] Farceur [...] Sot, ridicule. − C'est un franc baladin −).
Dér. de ballade*; suff. -in*, peut-être p. anal. avec l'a.fr. galopin* « messager, garçon de course » (dep. le xives.); l'hyp. d'un empr. au prov. est intéressante étant donné le sens de « danse » de l'a. prov. balada − Pt Levy 1961 − sens non attesté pour le fr. ballade*; mais elle fait difficulté dans l'absence d'attest. du mot en prov. jusqu'à Mistral (s.v. balarin). STAT. − Fréq. abs. littér. : 87. BBG. − Duch. 1967, § 27. − Wind 1928, p. 56. |