| AZYME, adj. et subst. I.− Adjectif A.− Qui est sans levain, non fermenté : 1. Toutes pratiques supprimées à Genève, sous prétexte que dans le désert du Jourdain Saint Jean le Précurseur ne baptisait point en cuve, et qu'à Jérusalem Jésus n'avait rompu du pain azyme à ses disciples mais au contraire du pain levé...
J. et J. Tharaud, La Chronique des frères ennemis,1929, p. 212. − Spécialement 1. Pain azyme. Pain que les juifs mangent au temps de leur Pâque en commémoration de celui que mangèrent leurs ancêtres à la sortie d'Égypte : 2. Beaucoup d'israélites consomment encore à Pâque des pains azymes, qui ne se soumettent plus aux règles du « caschrout » (pureté rituelle).
Weill, Le Judaïsme,1931, p. 160. 2. Pain azyme ou pain à chanter. a) Pain en feuilles minces dont on fait les hosties : 3. Saint Philippe de Néri, sainte Angèle, sainte Marguerite de Cortone, reconnaissaient un goût spécial au pain azyme, alors qu'après la consécration, il n'était plus du froment, mais la chair même du Christ.
Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 149. b) PHARM. Pain en feuilles minces servant à envelopper certaines préparations pharmaceutiques pour en faciliter l'absorption. Synon. vieilli ou moins usité oublie. Rem. Attesté ds Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., ainsi que ds la plupart des dict. gén. du xxesiècle. B.− P. ext. Qui est sans goût : 4. Malheureusement, à la longue, les abonnés reconnaissent ce genre [du critique thuriféraire], et ne lisent plus ces tartines azymes.
Balzac,
Œuvres diverses,t. 3, 1850, p. 580. − Au fig. [En parlant d'une pers., au physique et au moral] Qui est pur, sans corruption : 5. À mon air enjoué, mon rire sur la lèvre,
Vous me croyez heureux, doux, azyme et sans fièvre,
Vivant, au jour le jour, sans nulle ambition,
Ignorant le remords, vierge d'affliction;
...
P. Borel, Rhapsodies,Épilogue, misère, 1831, p. 193. II.− Emploi subst. A.− P. ell. 1. Pain azyme (cf. supra A 1, 2 a) : 6. Peut-être le paskh ou fête de printemps, caractérisée par l'usage des azymes, commençait-il à poindre.
Renan, Hist. du peuple d'Israël,t. 1, 1887, p. 56. 2. Les Azymes, fête des Azymes. La Pâque des juifs. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Rob., Lar. encyclop. et Quillet 1965. B.− Au fig. ,,Sans levain, − consacré; substance choisie`` (Plowert 1888) : 7. − Moi, il me semble qu'une seule chose compte : c'est de toujours chercher la vérité.
− Non, dit Raoul, tu ne te contentes pas de la chercher, tu veux aussi la dire.
− Pas seulement la dire. La crier...
− Tu sacrifies tout à un beau discours.
− Pourquoi pas? dis-je, abattu.
Saint Paul dit : « Prenez les azymes de la pureté et de la vérité. »
Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 172. PRONONC. ET ORTH. : [azim]. À l'exception de Ac. 1798, qui écrit azime, tous les dict. consultés écrivent azyme, avec azime comme vedette de renvoi. ÉTYMOL. ET HIST. − xiiies. subst. azime « pain sans levain » (Bib. hist. Maz. 312, fo32b ds Gdf. Compl. : Vous mengeres .VII. jours les azimes); 1495 adj. id. « sans levain » (Ibid. : Pains azimes); xives. feste des azimes « fêtes que les Israélites célèbrent chaque année en souvenir de la sortie d'Égypte » (J. de Vignay, Mir. hist., III, 47, éd. 1531 d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 131 : Le jour ensuyvant commençoit la feste des azimes); azyme dep. Fur. 1690.
Empr. au lat. chrét. azymus « azyme » adj. (Itala, Exod., 29, 2 ds TLL s.v., 1645, 65); subst. (Itala, Exod., 12, 18, ibid., 1645, 75); « fête des azymes » (Itala, Exod., 23, 15, ibid., 1646, 30); le lat. est lui-même empr. au gr. α
́
ζ
υ
μ
ο
ς « sans levain » (Septante, Gen. 19, 3 ds Bailly); v. Cabrol, Leclercq, Dict. d'archéologie chrét. et de liturg. STAT. − Fréq. abs. littér. : 24. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Chesn. 1857. − Dheilly 1964. − Duval 1959. − Encyclop. méthod. Mécan. t. 1 1782. − Foi t. 1 1968. − Lar. méd. 1970. − Lasnet 1970. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Mont. 1967. − Mots rares 1965. − Nysten 1814. − Pézard (A.). Cinq verbes rom. d'Italie. Romania. 1958, t. 79, p. 101, 104, 106. − Plowert 1968 [1888]. − Rheims 1969. |