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AVERTIR, verbe trans.
[Le sujet désigne le plus souvent une pers., son instinct, parfois un pressentiment, une intuition, ou, plus rarement, une chose] Attirer l'attention de quelqu'un sur quelque chose.
A.− [La chose sur laquelle on attire l'attention de qqn est exprimée]
1. [En parlant d'un fait, d'un événement revêtant une certaine importance, d'une action à accomplir] Avertir quelqu'un que (suivi d'une prop. avec un verbe à l'ind. ou au subj.).Avertir quelqu'un de (suivi de l'inf.).Avertir quelqu'un de (suivi d'un subst. désignant un fait, un événement).Faire savoir, prévenir :
1. Dans les travaux littéraires, la fatigue avertit l'homme de l'impuissance du moment. J. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 103.
2. Rouen, 10 avril 1842. J'ai bien l'honneur d'avertir Monsieur Ernest Chevalier que mardi prochain il ait à se tenir chez lui, devant y recevoir la visite d'un homme comme moi. Flaubert, Correspondance,1842, p. 102.
Poét. Avertir quelqu'un de (suivi d'un subst. désignant autre chose qu'un événement).Faire penser à :
3. Je vois les animaux, j'y trouve le modèle Des vertus que je dois chérir : La colombe m'apprit à devenir fidèle; En voyant la fourmi j'amassai pour jouir; Mes bœufs m'enseignent la constance, Mes brebis la douceur, mes chiens la vigilance; Et si j'avois besoin d'avis Pour aimer mes filles, mes fils, La poule et ses poussins me serviroient d'exemple. Ainsi dans l'univers tout ce que je contemple M'avertit d'un devoir qu'il m'est doux de remplir. Florian, Fables,Le Savant et le fermier, 1792, p. 133.
4. ... il pensa à ses amis, voulut qu'eux aussi mourussent en état de grâce. Il demanda à l'évêque de Nantes qu'ils ne fussent pas exécutés, avant ou après, mais en même temps que lui. Il fit valoir qu'il était le plus coupable, qu'il devait les avertir de leur salut, les assister au moment où ils monteraient sur le bûcher. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 145.
Rem. Selon Ac. 1878, avertir qqn de son salut signifie : ,,Lui donner un avis très important``.
Rare. [En emploi pronom. réciproque ou réfl.] Se prévenir que :
5. ... assistez à l'éveil des carillons. Voyez à un signal parti du ciel, car c'est le soleil qui le donne, ces mille églises tressaillir à la fois. Ce sont d'abord des tintements épars, allant d'une église à l'autre, comme lorsque des musiciens s'avertissent qu'on va commencer; ... Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 162.
2. [En parlant d'un événement fâcheux, d'un danger] Avertir qqn de qqc. (de fâcheux).Le lui faire savoir afin de le mettre en garde, mettre en garde contre quelque chose :
6. J'étais obligé d'avertir le gouvernement des dangers de l'absolutisme, après l'avoir prémuni contre l'entraînement populaire. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 269.
7. Je t'avertis d'avance que les noirots sont mal cotés. A. Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 29.
Loc. Je vous en avertis. Expression de menace ou de défi pour annoncer une chose comme certaine, inévitable :
8. ... elle ajouta : − Évariste, j'ai passé une jeunesse trop mélancolique et trop solitaire pour ne pas savoir le prix d'un cœur comme le vôtre, et je ne renoncerai pas de moi-même et sans efforts, je vous en avertis, à une sympathie sur laquelle je croyais pouvoir compter et qui m'était chère. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 52.
Vx. Avertir qqn de ce qu'il faut éviter :
9. La raison peut nous avertir de ce qu'il faut éviter; le cœur seul dit ce qu'il faut faire. J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 270.
Rare, vx. S'avertir de qqc. Se garder de, prendre garde à :
10. Pascal prend à tâche d'éviter tout ce qui lui serait agréable; il est en garde contre les conversations où l'esprit se lance et s'oublie, il s'en avertit comme d'un piége. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 263.
B.− [La chose sur laquelle on attire l'attention de qqn est implicite]
1. Annoncer, dire (qqc. à qqn), prévenir quelqu'un :
11. Que voulait Jean Valjean? Achever ce qu'il avait commencé; avertir Cosette, lui dire où était Marius, lui donner peut-être quelque autre indication utile, prendre, s'il le pouvait, de certaines dispositions suprêmes. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 568.
Rare [En emploi pronom. réfl. et réciproque] :
12. Elmire, cependant, étouffant la voix, revenait à la menace qui pesait sur leurs familles. Il faudrait aviser des mesures à prendre, se renseigner, s'avertir l'une l'autre. Pourrat, Gaspard des montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 14.
2. Annoncer (une chose fâcheuse, un danger) à quelqu'un, mettre en garde quelqu'un (contre une chose fâcheuse, un danger) :
13. ... les bois blancs ... résistent mieux aux chocs. Quelques-uns d'entr'eux ... lorsqu'ils sont sur le point de se briser ... font entendre un craquement précurseur qui avertit le mineur ... J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 635.
Vx. [Avec un compl. désignant une faculté hum.] :
14. Celui qui aime la laideur, dans un temps où mille chefs-d'œuvre peuvent avertir et redresser son goût, n'est pas loin d'aimer le vice; ... Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 132.
15. ... le 23 du même mois, il écrivait un autre bref au cardinal de Noailles pour avertir très-sérieusement sa prudence et pour exciter son zèle. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 524.
Rare. [En emploi pronom. réciproque] :
16. ... les femmes doivent s'avertir et se défendre entre elles; ... Becque, Les Corbeaux,1882, p. 106.
3. Faire en sorte que quelqu'un ne recommence pas une mauvaise action, blâmer, punir quelqu'un. V. donner un avertissement* :
17. Si votre fille avait commis seulement un premier crime, et que je la visse en méditer un second, je vous dirais : avertissez-la, punissez-la, ... A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 313.
MAN. Avertir un cheval. ,,L'exciter au moyen de quelques aides lorsqu'il se néglige dans son exercice`` (Ac. 1835-1932).
Rem. 1. Selon Quillet 1965 ,,le rappeler à l'ordre (...)``. 2. On rencontre ds la docum. le régionalisme avertissant, ante, part. prés. adjectivé (R. Martin Du Gard, Vieille France, 1933, p. 1080). Chiens avertissants. Qui sont capables d'avertir.
PRONONC. : [avε ʀti:ʀ], j'avertis [ʒavε ʀti]. Enq. : /aveʀti/ (il) avertit. Avertissant : [avε ʀtisɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1160-75 soi avertir « s'apercevoir, se rendre compte » (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 15068 : Au tierz jor fist tot ensement Tant que li norriçons s'avert, Conoist et veit tot en apert Que sis chers damiseaus est pris) − xves., Gilles ds Gdf.; 2. fin xiies. avertir « tourner, détourner » (Lambert Le Tort, A. de Bernay, Alexandre, fo4c, éd. H. Michelant, ibid. : Puis li fu sa bontés a grant mal avertie) − fin xives., Froissart, ibid.; 3. ca 1250 « tourner l'attention de qqn vers qqc., informer » (Auberi, p. 90 ds Gdf. Compl. : Lambert le voit; bien connut Auberi; Et son semblant tres bien li averti qu'il en avra en lui mauves voisin); 4. 1678 man. pas averti (Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, 1repart., p. 23). Du lat. advertere « tourner, diriger vers » (Térence, Eun., 343 ds TLL s.v., 861, 75); au sens de « tourner son esprit vers qqc., faire attention à » (Virgile, Aen., 4, 116, ibid., 862, 46) par l'intermédiaire du lat. vulg. *advertire (avert, supra, est peut-être une forme arch. d'un inf. *avertre, issu de advertĕre).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 390. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 717, b) 3 072; xxes. : a) 3 371, b) 3 318. Avertissent. Fréq. abs. littér. : 88.
BBG. − Bruant 1901. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 28. − Henry (A.). Une Collision homon. en a. fr. avertir. In : [Mél. Boisacq (É)]. Bruxelles, 1937-38, t. 1, pp. 463-465. − Le Breton Suppl. 1960. − Le Roux 1752. − Levy (R.). Les Emplois spéc. de avertir et de avenir en vx fr. Rom. Philol. 1951, t. 5, pp. 61-64. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. Suppl. 1926.