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AVENTURIER, IÈRE, adj. et subst.
I.− Emploi adj., peu fréq., littér. [En parlant d'une pers., d'une qualité propre à une pers.] Qui a un rapport plus ou moins direct avec l'aventure.
A.− [L'accent est mis sur l'esprit plus ou moins fantaisiste du sujet intéressé] Qui va à l'aventure, au hasard :
1. ... quelle est la façon la plus pittoresque de comprendre et de mener la vie? N'est-ce pas celle des comédiens ambulants, des poètes aventuriers et, par delà, des gymnastes étincelants de paillons, vainqueurs des lois de la pesanteur? Lemaitre, Les Contemporains,1885, p. 23.
B.− [L'accent est mis sur la participation active du sujet intéressé]
1. Qui aime, recherche l'aventure, les entreprises difficiles ou risquées, qui s'engage dans des expéditions lointaines par terre ou par mer :
2. Le fils excellait à monter à cheval; il était brave comme un chevalier, seule vertu que le vieux père exigeât de sa race. Son esprit eût été supérieur s'il eût été cultivé; son cœur était noble, généreux, aventurier : véritable nature vendéenne qui m'attacha à lui. Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 113.
3. Les premiers Marchands Aventuriers (quel beau nom, où le commerce est ennobli par l'aventure!), dès le quinzième siècle, partaient vers des marchés inconnus sur des caravelles frétées par les négociants de la Cité; après cette hasardeuse époque, ce fut l'âge des grandes expéditions encouragées par l'état; ... Morand, Londres,1933, p. 323.
P. anal. :
4. ... on pouvait facilement sauter le mur pour se trouver dans la cour d'une maison inhabitée, tombant en ruine. On y entrait par la cave, sous l'escalier, en se hissant à travers le trou que formaient deux marches manquantes. Il y a un bon Dieu pour les enfants, naturellement aventuriers, explorateurs, romanesques, comblant le manque de connaissances par l'imagination. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 287.
Au fig., domaine mor. Qui se plaît à poursuivre un idéal difficile et plein d'imprévu :
5. ... l'intelligence a toujours dû s'urbaniser pour atteindre les sommets, car l'intelligence est aventurière; tandis que la foi, qui est fidélité et contemplation, s'accommode mieux du silence des champs. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 87.
2. Péjoratif
a) Domaine pol. soc.Qui cherche à se faire valoir par des procédés plus ou moins douteux :
6. Clemenceau? un personnage pittoresque, impulsif, cherchant l'effet. Un ambitieux incomplet, avec du raté dans son cas. Un peu aventurier; un peu boulevardier. (...). (...), un certain génie de l'action; une façon de gouverner passionnée, vivante, cavalière. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 159.
b) P. anal. et p. euphém., domaine amoureux. Qui est enclin aux aventures galantes :
7. Au premier coup d'œil, sa vie vagabonde et la nature de son roman semblent d'accord pour nous faire voir en Rabelais, malgré sa double robe, un homme de principes relâchés, d'humeur aventurière, de mœurs libres, aussi jovial que savant, au propos cynique et satirique; ... Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 266.
Rem. À la forme adj. aventureux s'utilise de préférence à aventurier, de même qu'à la forme subst. aventurier s'utilise de préférence à aventureux.
II.− Emploi subst. Personne qui a un rapport plus ou moins direct avec l'aventure.
A.− [Sans insistance sur la participation active de la pers. intéressée]
1. Except. [Avec une idée de certitude] Personne qui dit la bonne aventure, qui prédit l'avenir :
8. ... puis elle s'asseyait sur ses talons tout contre moi, me regardait curieusement à la lueur du feu, prenait ma main mourante pour me dire ma bonne aventure, en me demandant un petit sou; c'était trop cher. Il était difficile d'avoir plus de science, de gentillesse et de misère que ma sibylle des Ardennes. Je ne sais quand les nomades dont j'aurais été un digne fils me quittèrent; lorsque, à l'aube, je sortis de mon engourdissement, je ne les trouvai plus. Ma bonne aventurière s'en était allée avec le secret de mon avenir. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 421.
2. Peu fréq. [De façon totalement imprévisible] Personne qui va à l'aventure, au hasard. (Quasi-)synon. bohème :
9. Il y avait dans ses veines du sang de bohémienne et d'aventurière qui va pieds nus. On s'en souvient, elle était plutôt alouette que colombe. Elle avait un fond farouche et brave. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 126.
B.− [L'accent est mis sur la participation active de la pers. intéressée]
1. Personne qui aime, recherche l'aventure, les entreprises risquées.
a) Personne qui s'engage dans des expéditions lointaines, généralement en quête de gloire, de découverte, plutôt que de profit.
− Domaine milit.Engagé volontaire faisant la guerre pour s'illustrer par les armes, sans recevoir de solde; p. ext. soldat mercenaire :
10. Ce sont les soldats accoutumés au brigandage, c'est la lie du peuple, ce sont des aventuriers pervers et immoraux, tels que Regnault de Saint-Jean-d'Angély, Fouché, etc., qui ont appelé Bonaparte. Il a enfreint un traité qu'il avait consenti lui-même; il vient comme un pirate, comme un brigand, avec le poignard d'un Genséric et la massue d'un jacobin, porter encore la désolation chez ce peuple qui l'avait repoussé. Maine de Biran, Journal,1815, p. 50.
11. Le conseil de Bourgogne s'occupa aussitôt de pourvoir à la sûreté du duché. On convoqua des hommes d'armes; Antoine de Toulongeon fut chargé de l'office de maréchal, au lieu de son frère prisonnier; un nommé Perrin Grasset, aventurier et chef de compagnie, fut envoyé dans le Charolais, et tarda peu à surprendre la ville de la Charité, si importante pour les Français à qui elle assurait le passage de la Loire. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 418.
12. Il se laissa entraîner à conter ses campagnes africaines. Gigantesques aventures, dignes de celles des Pizarre et des Cortès! Christophe voyait revivre avec stupéfaction cette épopée merveilleuse et barbare, dont il ne savait rien, que les Français eux-mêmes ignorent presque tous, et où, pendant vingt ans, se dépensèrent l'héroïsme, l'audace ingénieuse, l'énergie surhumaine d'une poignée de conquérants français, (...) conquérant à la France, en dépit de la France, un empire plus grand qu'elle. Une odeur de joie puissante et de sang montait de cette action, où surgissaient aux yeux de Christophe, des figures de modernes condottieri, d'aventuriers héroïques, imprévues dans la France d'aujourd'hui, et que la France d'aujourd'hui rougit de reconnaître : pudiquement, elle jette sur eux un voile. R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 1038.
13. Je regarde leurs faces crispées, pâlies, profondes. Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine − bouchers ou bétail. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu'on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. Barbusse, Le Feu,1916, p. 265.
14. Égaré dans notre temps, fait pour la conquête et le rapt, on le voyait entrant dans une ville forcée, l'armure mi-rompue, au glas du tocsin, le regard en quête de proies vives et de butin gisant... S'il avait les instincts, il avait aussi les dons des grands aventuriers d'autrefois. Les intellectuels : instruit, artiste, éloquent; surtout les militaires. Partout dans le champ du métier il primait : au quartier, à la manœuvre, à la critique des opérations. Il était fertile, sagace, inventif; il procédait par saillies et intuitions, si perçantes qu'elles semblaient des divinations. Il possédait à l'aigu le sens du terrain, ce coup d'œil jeté dans l'espace, qui est le propre du cavalier. Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 218.
SYNT. Hardi, vieil aventurier; bande d'aventuriers. − PARAD. (Quasi-)synon. soudard, spadassin.
Spéc., HIST. Celui qui recherche les aventures de chevalerie :
15. ... au point de vue politique il avait été vraiment l'homme nécessaire, taillé à la mesure de l'épopée ou plutôt la dominant, puisque, seul d'entre tous ces paladins, il sut intégralement, cette épopée, la « réaliser » à son profit. En lui en effet l'aventurier sans scrupules avait tout naturellement, tout continûment fait place à l'homme d'état, (...). Les anciens Grecs, à la manière des bâtisseurs d'empire, l'eussent nommé Baudouin le Fondateur. Cet état franc de Jérusalem, né de la surprise, se trouvera, dès que posé par lui, du jour au lendemain si solide que nul après lui n'osera le remettre en question. C'est en cela que le formidable aventurier dépasse l'aventure. De cette marche extrême de la chrétienté il fit ce qu'elle devait être pour rester viable : une solide monarchie militaire. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 107.
− Domaine de la mar.Celui qui court l'aventure par mer; p. ext. (quasi-) synon. de boucanier, écumeur de mer, flibustier, pirate :
16. Oh! mener une vie de Mohican, courir sur les rochers, nager en mer, respirer en plein l'air, le soleil! oh! que j'ai conçu le sauvage! oh! que j'ai admirablement compris les corsaires, les aventuriers, les vies d'opposition; et, là, je me disais : « La vie, c'est du courage, de bonnes carabines, l'art de se diriger en pleine mer et la haine de l'homme (de l'Anglais, par exemple). » Balzac, Correspondance,1832-35, p. 461.
17. L'horrible Andronic Premier, bourreau de l'Empire, inopinément jeté à bas de son trône, est abandonné à la racaille de Constantinople. Et quelle racaille! Toutes les écumes de la Méditerranée : bandits venus de Carthage, de Syracuse, de Thessalonique, d'Alexandrie, d'Ascalon, de Césarée, d'Antioche; matelots génois ou pisans; aventuriers cypriotes, crétois, arméniens, ciliciens et turcomans; sans parler de ce grouillement barbare, de cette vase dangereuse du Danube qui empuantit la Grèce depuis le Bulgaroctone. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 146.
18. Qu'est-ce que nous allions faire sur la mer? Qu'est-ce que nous sommes allés trafiquer sur ces terres aux noms épouvantables que les anciens n'ont pas connus et où nos hidalgos n'ont fait que gagner les sobriquets de racleurs de cuirs et de mâcheurs de cachous? Est-ce un bon et authentique Castillan qui nous a ainsi pris par la main pour nous mener au delà de la mer vers notre Couchant? C'est un Génois, un métèque, un aventurier, un fou, un romantique, un illuminé plein de prophètes, un menteur, un intrigant, un spéculateur, un ignorant qui ne savait pas regarder une carte, bâtard d'un Turc et d'une Juive! Et cet autre, qui non content de découvrir une autre terre s'est mis en tête de nous apporter un autre Océan, comme si un seul déjà ne suffisait pas à nos pauvres mariniers, ... Claudel, Le Soulier de satin,1929, journée 3, 2, p. 779.
Spéc., MAR., p. méton., vieilli. Navire marchand, sans escorte militaire, armé pour se défendre seul en cas de guerre :
19. C'était un aventurier marchand, gris de quille, avec des flancs étroits et bosselés, où s'attachait encore la souillure de la vase, et un grand mât qui rappelait les brumes de l'estuaire. Il avait accompli déjà un grand voyage entre des horizons si éloignés qu'ils reculaient dans la brume et, poursuivant son chemin dans la ville, son chemin étroit, absurde pour sa force de navire, il n'aspirait plus qu'à atteindre, de contrariété en contrariété, de barrière en barrière, le flot libre du Saint-Laurent et, plus tard, le roulis des grands lacs. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 305.
Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. encyclop., Littré, Guérin 1892, Quillet.
P. anal. (Quasi-)synon. voyageur :
20. Les heures de la nuit ont un aspect romanesque. Deux heures de l'après-midi est prosaïque, presque vulgaire; mais deux heures du matin est un aventurier qui s'enfonce dans l'inconnu. Et cet inconnu, c'est trois heures du matin, le pôle nocturne, le continent mystérieux du temps. On en fait le tour; et si on croit l'avoir traversé jamais, on se trompe, car bientôt quatre heures du matin arrive sans que vous ayez surpris le secret de la nuit. Larbaud, Fermina Marquez,1911, p. 193.
b) Au fig., domaine mor. Personne en quête d'un idéal, d'une valeur, etc. :
21. Le spiritisme : une foi de casse-cou, une foi d'aventurier. E. et J. de Goncourt, Journal,1864, p. 101.
2. Gén. péj.
a) Personne qui recourt à des moyens osés, illégaux ou immoraux, avec intention de profit.
− Domaine financier.Personne qui se lance dans des spéculations hasardeuses, plus ou moins frauduleuses, pour faire fortune :
22. Ce prototype de tous les charlatans nés et à naître, échappé d'Angleterre, où il avait été condamné à être pendu, changea en quelques années de pays, de religion, d'état et de fortune; après avoir vainement colporté son système dans tous les états de l'Europe, il parvint à l'établir en France : on en connaît les résultats. Après l'aventurier Law, survint un autre aventurier, nommé Willars, lequel fit, en quelques années, une fortune de plusieurs millions, en mettant l'eau de la Seine en bouteilles, et en la vendant comme une panacée universelle qui devait prolonger la vie jusqu'à cent cinquante ans. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 143.
23. ... Lille manquait de tout. On exploitait effrontément. A ces « réguliers » se mêlaient une lie d'aventuriers, de spéculateurs, de joueurs, de fraudeurs, tous ceux, toutes celles qui s'enrichissent en eau trouble, et que leur hardiesse, leur habitude de vivre en marge des lois, rendaient particulièrement aptes aux « affaires » de ces temps perturbés. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 83.
24. La temporalité privilégiée qu'à la suite du grand philosophe Georg Simmel nous voudrions décrire n'est pas, à proprement parler, celle de l'aventurier, mais celle de l'aventureux. Car la temporalité aventureuse et la temporalité aventurière font deux... L'homme aventureux représente un véritable style de vie, au lieu que l'aventurier est un professionnel des aventures; pour ce dernier, l'essentiel n'est pas de courir des aventures, mais de gagner de l'argent; et s'il savait un moyen de gagner de l'argent sans aventures, il choisirait ce moyen; il tient bazar d'aventures, et affronte des risques comme l'épicier vend sa moutarde. En somme l'aventurier est plutôt en marge des scrupules qu'en marge de la vie prosaïque. L'aventurier est simplement un bourgeois qui triche au jeu bourgeois, qui dérange le jeu des bourgeois, qui joue en marge des règles, comme on fait du marché noir; ... Jankélévitch, L'Aventure, l'ennui, le sérieux,Paris, Montaigne, 1963, p. 9.
PARAD. (Quasi-)synon. chevalier d'industrie, enrichi, larron, parvenu, rastaquouère, voleur.
− Domaine pol., soc.Personne qui tente de se faire un rang, une renommée, par des procédés peu scrupuleux (fausse identité, intrigue, abus de confiance, de pouvoir, etc.). Aventurier de génie :
25. C'était un fier aplomb, d'envoyer des prospectus, de promettre plus de beurre que de pain, lorsqu'on ne tenait à rien ni à personne. Ils en arrivaient à le traiter en aventurier, en malhonnête homme, battant les villages, histoire de voler leurs votes comme il aurait volé leurs sous. Zola, La Terre,1887, p. 160.
26. M. Octave l'avait adressé au directeur d'un de ces comités « mondains » où, sous un prétexte quelconque, on réunit des gens convenablement vêtus et qui cherchent à se pousser, et où, moyennant cent francs par an, ils sont censés pouvoir se faire des relations, − but avoué de tous les pieds plats de Paris. Escrocs et gens du monde, aventuriers et gens sérieux, voire remarquables, se frottent là l'un à l'autre, dans une promiscuité dont nul n'a le dégoût. Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 824.
PARAD. (Quasi-)synon. conspirateur, coquin, crapule, filou, misérable, vaurien.
b) P. anal. et p. euphém., domaine amoureux, souvent au fém. Personne qui a des aventures galantes, généralement scandaleuses; personne qui recherche en mariage, avec une intention intéressée, une personne d'un rang, d'une fortune plus élevés :
27. Essayez donc, si bon vous semble; mais ce plaisir-là vous sera refusé. − Pourquoi, Monsieur? − Parce que c'est une folie; parce que cette marquise est aussi invisible dans ses petits boudoirs de Brimborion que le Grand-Turc dans son sérail; parce qu'on vous fermera toutes les portes au nez. Que voulez-vous faire? Tenter l'impossible! chercher fortune comme un aventurier! − Non pas, mais comme un amoureux. Musset, La Mouche,1854, p. 271.
28. Avant tout, se disait-il en maudissant la nécessité où le réduisait la folie de son fils, il faut que je voie cette funeste créature. Quelle sorte de personne vais-je trouver? Dieu seul le sait. Quelque aventurière aux regards enjôleurs et aux mines effrontément ensorcelantes. Si encore Gérard avait compromis quelque pauvre fille timide et réservée; mais non, il faut que je tombe sur une de ces sirènes parisiennes, sans principes et sans éducation... Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 187.
29. Elle connaissait sa vie, n'ignorait pas le calcul ancien de ses tendresses, sa continuelle exploitation de la femme, des maîtresses prises pour faire son chemin, et sa liaison avec MmeDesforges dans l'unique but de tenir le baron Hartmann, et toutes les autres, les Clara de rencontre, le plaisir acheté, payé, rejeté au trottoir. Seulement, ces débuts d'un aventurier de l'amour, dont le magasin plaisantait, finissaient par se perdre dans le coup de génie de cet homme, dans sa grâce victorieuse. Il était la séduction. Ce qu'elle ne lui aurait jamais pardonné, c'était son mensonge d'autrefois, sa froideur d'amant sous la comédie galante de ses prévenances. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 748.
30. Elle n'ignorait rien des accusations qu'on avait colportées sur son compte, après la mort de son mari : un journal de l'Oise s'était même permis de transparentes allusions, qui avaient définitivement consacré dans le pays la légende du vieux multimillionnaire, séquestré dans son château par une jeune aventurière épousée sur le tard, et qui était mort, une nuit, dans des circonstances restées mystérieuses. Antoine assura mieux sa voix, et répéta : − « Quoi, vrai? » − « Que j'ai le physique d'une héroïne de mélo », répondit-elle froidement, ... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 223.
PARAD. a) (Quasi-)synon. coureur de dot, débauché, homme à bonnes fortunes, séducteur, viveur. b) (Quasi-)anton. grande dame, honnête homme/femme, prude.
Rem. On rencontre dans la docum. la var. aventurieur, subst. masc. (Nodier, La Fée aux miettes, 1831, p. 164) pour aventurier, par réfection à l'aide du suff. -eur2*; cf. m. fr. aventureur « aventurier », Froissart ds Gdf.
PRONONC. : [avɑ ̃tyʀje], fém. [-ʀjε:ʀ].
ÉTYMOL. ET HIST. − xves. « celui qui cherche, qui court les aventures » (Farce des cris de Paris ds Anc. Th. fr., éd. Viollet le Duc, t. 2, 313 : Se ung advanturier prent femme); 1611 spéc. « celui qui va volontairement à la guerre » (Cotgr.), ,,anc.`` dep. Ac. 1694; id. « celui qui mène une vie de hasard ou d'intrigues » (Cotgr.). Dér. de aventure* étymol. 2 et 3; suff. -ier*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 433. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 503, b) 643; xxes. : a) 657, b) 672. Aventurieur. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Bruant 1901. − Kemna 1901, p. 76. − Le Roux 1752. − Pissot 1803. − Will. 1831.