| AUTORISATION, subst. fém. Action d'autoriser, résultat de cette action. A.− Action de donner la possibilité de faire quelque chose, par un accord explicite. 1. [Dans le cadre des lois ou d'un règlement quelconque] Domaine admin., jur., pol., etc.Autorisation de justice, du tuteur : 1. 217. La femme, même non commune ou séparée de biens, ne peut donner, aliéner, hypothéquer, acquérir, à titre gratuit ou onéreux, sans le concours du mari dans l'acte, ou son consentement par écrit.
218. Si le mari refuse d'autoriser sa femme à ester en jugement, le juge peut donner l'autorisation.
219. Si le mari refuse d'autoriser sa femme à passer un acte, la femme peut faire citer son mari directement devant le tribunal de première instance de l'arrondissement du domicile commun, qui peut donner ou refuser son autorisation, après que le mari aura été entendu ou dûment appelé en la chambre du conseil.
220. La femme, si elle est marchande publique, peut, sans l'autorisation de son mari, s'obliger pour ce qui concerne son négoce; et, audit cas, elle oblige aussi son mari, s'il y a communauté entre eux.
Code civil,1804, p. 41. 2. Les propriétaires qui ont le projet d'exploiter les sources et eaux salées de leurs propriétés, n'ont donc pas besoin d'obtenir une concession ou autorisation préalable, que le Gouvernement pourrait accorder ou refuser selon son bon plaisir : il leur suffit de faire une déclaration, qui ne peut jamais être refusée par l'administration. Les lois du 28 juillet 1791 et du 21 avril 1810 sur les mines, que l'on a souvent invoquées contre les propriétaires des sources d'eaux salées, ne soumettent à la concession ou à l'autorisation préalable, que les mines, minières et carrières.
Du Monopole et de l'impôt du sel,1833, p. 13. 3. La Révolution n'eut aucun effet sur Saint-Sulpice. Un de ces esprits froids et fermes, comme la société en a toujours possédé, rebâtit la maison exactement sur les mêmes bases. M. Emery, prêtre instruit et gallican modéré, par la confiance absolue qu'il sut inspirer à Napoléon, obtint les autorisations nécessaires. On l'eût fort étonné si on lui eût dit que la demande d'une telle autorisation constituait une basse concession au pouvoir civil et une sorte d'impiété.
Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 212. − P. méton. Pièce écrite attestant cet accord. (Quasi)synon. bon, permis : 4. Ancien ambulant, partant très expert en pareille matière, le pèlerin vit, en une minute, comment les choses se tramaient, et, quoique un peu courbaturé, courut à la commune. On y visa ses papiers, et bientôt il en sortit muni d'une autorisation signée, parafée par M. le Maire.
L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 115. 2. [Dans le cadre des conventions soc.] :
5. ... « je vous demandais, Madame, si la fumée du tabac vous gêne le moins du monde? » Elle me jeta d'un air furieux : « Che mi fa! » Elle n'avait pas tourné la tête ni levé les yeux sur moi, et je demeurai fort perplexe, ne sachant si je devais prendre ce « Qu'est-ce que ça me fait! » pour une autorisation, pour un refus, pour une vraie marque d'indifférence ou pour un simple : « Laissez-moi tranquille. » Je repris : « Madame, si l'odeur vous gêne le moins du monde...? » Elle répondit alors : « Mica » avec une intonation qui équivalait à : « Fichez-moi la paix! » C'était cependant une permission, ...
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Sœurs Rondoli, 1884, p. 1261. SYNT. a) Autorisation + adj. : autorisation expresse, maritale, spéciale. b) Autorisation + verbe : autorisation de faire, de publier; verbe + autorisation : demander, falloir, recevoir, solliciter une autorisation. − PARAD. a) (Quasi-)synon. acceptation, accord, agrément, approbation. b) Anton. condamnation, défense, empêchement, interdiction, opposition. B.− P. ext. Action de fournir une justification, un prétexte plus ou moins abusif, par une licence implicite : 6. La religion pour la femme n'est pas la discipline à laquelle l'homme se soumet; c'est un épanchement amoureux, une occasion de dévouement romanesque. C'est dans les jeunes filles un exutoire licite, une permission d'exaltation, une autorisation d'avoir des aventures mystiques; et si les confesseurs sont trop doux, trop humains, elles se jettent aux sévères, qui remplacent la vie bourgeoise par une vie d'émotions factices, ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1854, p. 138. 7. C'était le temps où le Journal intime d'Amiel faisait fureur; M. Richard me l'avait indiqué, m'en avait lu de longs passages; il y trouvait un complaisant reflet de ses indécisions, de ses retombements, de ses doutes, et comme une sorte d'excuse ou même d'autorisation; ...
Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 481. PARAD. (Quasi-)synon. encouragement, incitation (à), invitation (à), provocation (à). PRONONC. : [otɔ
ʀizasjɔ
̃] ou [ɔ-]. Cf. autoriser. ÉTYMOL. ET HIST. − [1419 Auctorizacion ds Delb., Rec. d'apr. DG]. 1. 1593 « action de donner de l'autorité » (Charron, Les Trois Veritez, II, 5 ds Hug. : Ceste raison [des prophéties] est tres puissante, et tres excellente pour la preuve et authorisation du Christianisme, auquel peculierement elle convient, privativement de toute autre religion), attest. isolée; 2. 1611 dr. « action par laquelle on accorde ou on reçoit la faculté, la permission de faire qqc. » (Cotgr. : Lettres d'authorisation).
Dér. de autoriser*; suff. -ation (-tion*). STAT. − Fréq. abs. littér. : 531. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 598, b) 722; xxes. : a) 805, b) 876. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Banque 1963. − Barr. 1967. − Blanche 1857. − Boud.-Frabot 1970. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Burn. 1970. − Cap. 1936. − Comm. t. 1 1837. − Éd. 1913. − Foi t. 1 1968. − Lar. comm. 1930. − Littré-Robin 1865. − Math. 1967. − Pol. 1868. − Réau-Rond. 1951. − Romeuf. t. 1 1956. − Spr. 1967. − St-Edme t. 2 1825. |