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AUSCULTER, verbe trans.
A.− MÉD. Procéder à l'examen clinique qui consiste à percevoir auditivement (par contact direct avec le malade, ou par l'intermédiaire d'instruments) les vibrations intérieures produites par les organes en fonction (surtout poumons et cœur) :
1. ... vous allez m'ausculter. D'abord, Ramond s'y refusa, en affectant de tourner la consultation en plaisanterie. Est-ce qu'un conscrit comme lui oserait se prononcer sur son général? Mais il l'examinait pourtant, lui trouvait la face tirée, angoissée, avec un singulier effarement du regard. Il finit par l'ausculter avec beaucoup d'attention, l'oreille collée longuement contre sa poitrine. Plusieurs minutes s'écoulèrent, dans un profond silence. − Eh bien? demanda Pascal, lorsque le jeune médecin se releva. (...). Ramond s'était remis à écouter, disant à demi-voix : − Oui, l'impulsion est énergique, le premier bruit est sourd, tandis que le second, au contraire, est éclatant... On sent que la pointe s'abaisse et se trouve reportée vers l'aisselle... Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 281.
2. Je passais devant une commission médicale. On me pesait, on m'auscultait, on écoutait battre mon cœur, souffler mes poumons. « Inapte! » J'étais bon pour vivre! Car ce monde était si ordonné, si rationnel qu'on y était d'autant plus sûr de vivre qu'on s'y portait plus mal. Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 212.
3. L'auscultation. − Pour ausculter le cœur on portera son oreille droite contre la cage thoracique, immédiatement en arrière de l'épaule gauche du sujet à ausculter, après avoir tiré en avant le membre antérieur gauche. L'interposition d'une serviette entre l'oreille et la peau peut gêner par son frottement sur le poil. S'en abstenir. Par contre l'emploi d'un stéthoscope ou appareil à ausculter rendra de grands services. L'auscultation permet d'entendre les bruits du cœur. Chaque contraction du cœur s'accompagne d'un bruit qui correspond à la fermeture des valvules, (...) pour une pulsation nous obtiendrons deux bruits consécutifs très rapprochés qui arrivent à se confondre lors de contractions rapides, ou de battements précipités. Mais au repos on distingue parfaitement un premier bruit bien frappé, suivi aussitôt d'un second bruit plus sourd. E. Garcin, Guide Vétér.,1944, p. 186.
B.− Au fig. Examiner attentivement.
1. [L'obj. désigne une chose concr.] :
4. D'abord l'excellent forestier, plein de tact et d'expérience, éprouve son arbre au marteau, je veux dire au bec. Il ausculte comment résonne cet arbre, ce qu'il dit, ce qu'il a en lui. Le procédé d'auscultation, si récent en médecine, était l'art principal du pic, depuis des milliers d'années. Il interrogeait, sondait, voyait par l'ouïe les lacunes caverneuses qu'offrait le tissu de l'arbre. Michelet, L'Oiseau,1856, p. 186.
5. M. Gertrais-Gaboureau n'était pas un homme, c'était un baromètre. Son habitude de la mer lui avait donné une surprenante infaillibilité de pronostic. Il décrétait le temps qu'il fera demain. Il auscultait le vent; il tâtait le pouls à la marée. Il disait au nuage : montre-moi ta langue. C'est-à-dire l'éclair. Il était le docteur de la vague, de la brise, de la rafale. L'océan était son malade; il avait fait le tour du monde comme on fait une clinique, examinant chaque climat dans sa bonne et mauvaise santé; il savait à fond la pathologie des saisons. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 139.
2. [L'obj. désigne une chose abstr.] :
6. J'ai vu des hommes qui donnaient leur vie l'un pour l'autre, et qui n'avaient jamais scruté, analysé, ausculté leur amitié, que dis-je, qui ne savaient même pas qu'ils étaient amis. Montherlant, L'Exil,1929, p. 91.
7. La science des états d'oraison dont témoigne l'abbé Bremond, est le fruit de ce raisonnement par analogie, d'un rapprochement avec ce qu'il a lui-même ressenti, (...). Il observe de tout près, il compte les battements d'un cœur, il ausculte l'extase. Autant qu'il admire et qu'il aime l'âme, objet de son étude, la vénération ne trouble jamais sa lucidité. Mauriac, Journal 1,1934, p. 98.
PARAD. (Quasi-) synon. étudier, explorer, inspecter, palper, pénétrer.
Emploi pronom., rare, au fig. surtout. Procéder à un examen de conscience, s'analyser :
8. ... il essayait encore de s'ausculter. Au fond, je ne sais plus du tout où j'en suis, se disait-il; ce flux et reflux de vœux différents m'effarent; mais comment en suis-je venu là et qu'est-ce que j'ai? Ce qu'il ressentait, depuis que sa chair le laissait plus lucide, était si insensible, si indéfinissable, si continu pourtant, qu'il devait renoncer à comprendre. En somme, chaque fois qu'il voulait descendre en lui-même, un rideau de brume se levait qui masquait la marche invisible et silencieuse d'il ne savait quoi. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 167.
PRONONC. : [ɔskylte] ou [o-], j'ausculte [ʒ ɔ(o)skylt]. Passy 1914, Dub. et Pt Lar. 1968 transcrivent l'initiale avec [o] fermé (cf. aussi les dict. hist.). Passy note en outre une durée mi-longue pour [o]. Barbeau-Rodhe 1930 et Harrap's 1963 transcrivent uniquement [ɔ] ouvert. Pt Rob. et Warn. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. À ce sujet, cf. augmenter.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1510-41 latinisme « examiner, collationner, confronter » (Le Moine, Diplomat. ds Gdf. : Lettre auscultee, lettre collationnee, vidimee, confrontee de l'œil sur l'original), attest. isolée; 2. 1reattest. dans la lexicogr. : 1832 (F. Raymond, Dict. gén. de la lang. fr., Paris, Pitois-Levrault et Cie, t. 1), mais prob. empl. auparavant par Laennec (v. auscultation) qui, cependant, ne l'emploie pas dans son Traité de l'auscultation médiate; 1856 fig., supra ex. 4. 1 empr. au lat. médiév. auscultare au sens jur. « comparer, confronter » (1270, Chartae Carinthiae, V, 35 ds Mittellat. W. s.v., 1267, 66); 2 empr. au lat. class. auscultare « prêter l'oreille, écouter attentivement » [d'où la spécialisation méd. du terme] (Plaute, Amph., 1006 ds TLL s.v., 1534, 66).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 141.
BBG. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Rog. 1965, p. 109.