| AUBÈRE, adj. [En parlant d'un cheval] Dont la robe est constituée de poils blancs et alezans mélangés. Cheval aubère, jument aubère. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. − Emploi subst. masc. Couleur du cheval aubère : ... parmi les plus jolis mots de ce répertoire peu connu figurent les termes qui désignent les qualités, les vices ou la couleur des chevaux; azel, aubère, balzan, alzan, bégu, cavecé, fingart, oreillard, rouan, zain.
Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 55. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [obε:ʀ]. 2. Homon. : auber(t), haubert. 3. Forme graph. − Les dict. mod. enregistrent la forme aubère. 4. Hist. − Ac. 1798-1878 ainsi que Besch. 1845, DG et Pt Lar. 1906 donnent uniquement aubère. Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. signalent : ,,on écrit aussi aubert`` et consacrent à aubert une vedette de renvoi à aubère (cf. aussi Land. 1834). Littré note d'une part aubère, d'autre part aubert où il ajoute : ,,Mauvaise orthographe, quelquefois employée pour aubère.`` (Cf. aussi Guérin 1892). Quant à la prononc. du mot, Buben, 1935, p. 52, § 42, rappelle que ,,la diphtongue latine (ou germ.) au- s'était réduite en ancien français à o qui était et est encore prononcé ouvert, excepté devant s sonore où il est fermé. (...) [que] Dans quelques mots (...) on a rétabli plus tard au- étymologique (ou analogique) et [que] ce changement de graphie a amené un changement de prononciation : pauvre [po:vrə] a. fr. povre; piauler [pjole] anciennement pioler; aubère [obε:r], autrefois hobere, emprunté de l'esp. hobero; aubin [obε
̃], pour hobin, empr. de l'angl. hobby; nautonier [notɔnje] a. fr. notonier.`` ÉTYMOL. ET HIST. − 1555 Hobere, nom propre (Ronsard,
Œuvres Complètes, éd. Laumonier, t. VIII, 1935, p. 12, d'apr. A. Goosse ds R. belge Philol. hist., t. 44, p. 989 : J'ay, quand j'estoy ton page [...], Veu dans ton escurie un semblable cheval, qu'on surnommoit Hobere); 1573 aubere, nom commun « (d'un cheval) dont le poil est de couleur pâle » (Dict. fr.-lat., Paris, J. du Puys, 1573 : Aubere, ou Hobere que l'Espagnol dict Houero, c'est un cheval de couleur grisastre, ayant de grandes places noirastres); 1579 « id. » (L'Ecuirie du Sr Fed. Grison, p. 4 ds Gdf. Compl. : Les chevaux qui ont par trop de poils blancs, naturellement sont foibles comme sont les auberes, et autres leurs semblables marquez de blanc).
Empr. à l'esp. hobero (auj. overo) « de couleur pâle, tacheté, en parlant du cheval », attesté dep. 1495 (Nebrija, Dictionarium ex hispaniensi in latinum sermonem, d'apr. Cor. t. 3, s.v. overo), d'orig. incert. : issu soit d'un dér. du lat. vulg. falvus « fauve », du germ. *falwa- (fauve*; Brüch, Z. fr. Spr. Lit. t. 49, p. 294, REW3, FEW t. 3, s.v. *falwa-, Bl.-W5, EWFS2); soit du croisement de falvus avec varius « tacheté » (vair*), étymol. dont le mérite est d'expliquer les 2 sens de l'esp. hobero (Cor., loc. cit.). L'hyp. d'un empr. de l'esp. à l'ar. h̬ubārā
« outarde » (Lok., no874, Rupp., p. 37) est invraisemblable sur le plan sém. comme sur le plan phonét. (elle ne peut expliquer la forme port. fouveiro). STAT. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 294. − Lammens 1890, p. 29. − Littré-Robin 1865. − Mots rares 1965. − Pierreh. 1926. |