| AUBERGINE, subst. fém. et adj. I.− Subst. fém. A.− BOTANIQUE 1. Plante dicotylédone gamopétale, à fruits en baie soit ornementaux (rouges ou blancs, ovoïdes), soit comestibles (gén. violets, plus rarement jaunes, oblongs ou arrondis). Synon. mélongène, morelle, plante aux œufs. 2. Le fruit comestible de cette plante : 1. Et le vernis mordoré d'un panier d'oignons, le rouge saignant d'un tas de tomates, l'effacement jaunâtre d'un lot de concombres, le violet sombre d'une grappe d'aubergines, çà et là, s'allumaient; ...
Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 627. 2. On peut, à volonté, mêler à ce ragoût des aubergines, des courgettes émincées, passées à la farine et frites à l'huile. Dresser cette macédoine de légumes dans une terrine, ...
Les Gdes heures de la cuis. fr., A. Escoffier, 1935, p. 194. B.− P. compar., littér. : 3. Kastalides! Chantez l'enfant aux brunes tresses,
Dont la peau lisse et ferme a la couleur du miel,
(...)
Dites son rire frais, plus doux que l'aubergine,
Le rayon d'or qui nage en ses yeux violets...
Leconte de Lisle, Poèmes antiques,1874, p. 230. C.− P. anal. de couleur, arg. 1. Absolument a) ,,Bouteille de vin rouge`` (A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1901, p. 72; cf. également Esn. 1966). b) ,,Évêque`` (Dict. de l'arg. ou la Lang. des voleurs dévoilés, 1847, p. 165; cf. également Esn. 1966). c) Nez très rouge et allongé : 4. ... C'est une marquise, au moins? ...
Qui, sans hésiter, me cueille,
M'invite à son « portefeuille »,
Et me veut voir sans témoins.
Elle avait dû, j'imagine,
Tiquer sur mon aubergine,
Et, dans son illusion,
Me jugeant à son échelle,
En tirer je ne sais quelle
Flatteuse conclusion.
Je suivis la demoiselle.
Mais, en arrivant chez elle,
Mon nez était détrempé,
Et pendait comme une loque, ...
Ponchon, La Muse au cabaret,1920, p. 287. 2. Raclure d'aubergine. ,,Ruban académique (allusion de couleur)`` (G. Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 237). II.− Emploi subst. ou adj. invar. Couleur (d')aubergine, teinte aubergine ou absol. aubergine. (Qui a le) coloris de l'aubergine, violet sombre. Le lilas et l'aubergine (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 106): 5. Le violet [de Chine], le vieux violet, arrivé au ton chaud, velouté, sans tomber dans le purpurin brunâtre, le beau violet aubergine, est une des couleurs à la fois les plus triomphantes et les plus rarement réussies de la céramique chinoise.
E. de Goncourt, La Maison d'un artiste,1881, p. 243. PRONONC. : [obε
ʀ
ʒin]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 donnent la possibilité d'une prononc. avec [ɔ] ouvert pour la 1resyll. (cf. aussi auberge1). Passy note, pour cette syll. une durée mi-longue. ÉTYMOL. ET HIST.
I.− Subst. 1. 1750 bot. aubergine (Et.-F. Geoffroy, Matière Médicale et Suite de la Matière Médicale, Traduction de M... Dren médecine, d'apr. L. Tolmer, Fr. mod., t. 14, p. 298); 1768 « id. » (Valmont de Bomare, Suppl. à la 1reéd. du Dict. raisonné universel d'hist. nat., table lat., p. 72 : Melongena, fructu oblongo, violaceo, mayenne, ou mélongène, ou aubergine); 2. 1847 arg. « être ou chose de couleur violette », supra.
II.− Adj. « de couleur violette » 1866 (Lar. 19e: ... des tentures aubergine).
Empr. au cat. alberginía subst. « id. », attesté dep. le xiiies. (Sentencia donada per lo rey en Jacme sobre los delmes e primicies del regne de Valentia, Valencia, 1487 ds Alc.-Moll. t. 1), empr. à l'ar. al bādinǧān « id. », du persan bātinǧān qui remonte au skr. bhantaki (v. FEW t. 19 s.v. bādinǧān). STAT. − Fréq. abs. littér. : 33. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Arveiller (R.). Les N. fr. de l'aubergine. R. Ling. rom. 1969, t. 33, pp. 225-244. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Dumas 1965 [1873]. − Esn. 1966. − Fén. 1970. − Lammens 1890, pp. 276-277. − Lar. mén. 1926. − Lasnet 1970. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Privat-Foc. 1870. |