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AUBÉPIN, subst. masc.,AUBÉPINE, subst. fém.
A.− BOT. Plante arbustive à rameaux épineux, à petites fleurs blanches ou roses très odorantes, à baies rouges, astringentes; fleur ou branche fleurie de cet arbrisseau. Synon. épine blanche/rose, épine de mai, noble épine :
1. Il [Stephen] cueillit une branche d'aubépine (...) arracha les épines de la guirlande et en fit une couronne qu'il mit en tremblant dans les cheveux de la jeune fille (...) la couronne d'aubépine, avec ses feuilles dentelées et d'un vert sombre, et ses fleurs blanches en ombelle, était enlacée dans ses cheveux noirs en bandeau sur son front. − Magdeleine, dit Stephen, vous voici parée comme une fiancée. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 36.
2. Je ne rencontrais que quelques femmes de caserne, à l'air effronté, ramassant des violettes sur le talus de gazon des sentiers ou des épines en fleur sur les buissons. Depuis ce temps-là, l'odeur des violettes et la neige parfumée de l'aubépine, ces deux symptômes précurseurs du printemps, me sont demeurées en dégoût dans l'odorat et dans les yeux, parce que ces deux fleurs me rappellent toujours ces promenades moroses, ces haies monotones, ... Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 74.
3. C'est au mois de Marie que je me souviens d'avoir commencé à aimer les aubépines. (...) elles faisaient courir au milieu des flambeaux et des vases sacrés leurs branches attachées horizontalement les unes aux autres en un apprêt de fête, et qu'enjolivaient encore les festons de leur feuillage sur lequel étaient semés à profusion, comme sur une traîne de mariée, de petits bouquets de boutons d'une blancheur éclatante. Mais, sans oser les regarder qu'à la dérobée, je sentais que ces apprêts pompeux étaient vivants et que c'était la nature elle-même qui, en creusant ces découpures dans les feuilles, en ajoutant l'ornement suprême de ces blancs boutons, avait rendu cette décoration digne de ce qui était à la fois une réjouissance populaire et une solennité mystique. Plus haut s'ouvraient leurs corolles çà et là avec une grâce insouciante, retenant si négligemment, comme un dernier et vaporeux atour, le bouquet d'étamines, fines commes des fils de la Vierge, qui les embrumait tout entières, qu'en suivant, qu'en essayant de mimer au fond de moi le geste de leur efflorescence, je l'imaginais comme si ç'avait été le mouvement de tête étourdi et rapide, au regard coquet, aux pupilles diminuées, d'une blanche jeune fille, distraite et vive. Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 112.
B.− Au fig. [P. allus. à la grâce, à l'éclat, au parfum doux-amer de l'aubépine] :
4. Une à une, les petites filles descendirent. Il semblait que ce fût une floraison hâtive, des aubépines miraculeusement fleuries. Les robes blanches se gonflaient dans le soleil, se moiraient de transparences, où toutes les nuances délicates du blanc passaient comme sur des ailes de cygne. Zola, Une Page d'amour,1878, p. 1077.
5. En de féeriques soirs où l'eau se désagrège, Plus d'un songeur, au bord des canaux rectilignes, Se laissa remorquer par les cygnes! Beaux cygnes, − Duvets d'aubépins blancs et plumage en barège − Conduisant le songeur comme un Lohengrin vierge Vers le doux lac d'amour où toute l'eau converge. Rodenbach, Le Règne du silence,1891, p. 78.
6. Il [Saint-Jean] avait un buisson de vin froid dans le ventre, et la gorge, et la tête, et des racines dans les deux cuisses, et des branches pleines d'épines brûlantes et de fleurs amères comme la fleur de l'aubépine, dans la bouche, sous la langue et près du cœur, un gros bouquet de ces fleurs amères et de ces épines de feu dans la source du sang. Giono, Batailles dans la montagne,1937, p. 242.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [obepin]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 1resyll. du mot. Seule transcr. de aubépin ds Land. 1834 et Gattel 1841 : ô-bé-pein (Gattel). 2. Hist. − Ac. 1798 écrit aubépin ou aubépine tout en précisant que ,,le mot d'Aubépine est beaucoup plus d'usage que celui d'Aubépin, qui ne se trouve que dans les Poésies anciennes``. Ac. 1835 signale la forme aubépin, s.v. aubépine. Besch. 1845, Lar. 19e(et Nouv. Lar. ill.), ainsi que Guérin 1892 consacrent une entrée indépendante à la forme aubépin mais pour souligner que cela ,,s'est dit autref. pour aubépine`` (cf. Lar. 19e). Littré (,,Aubépin, qui se trouve dans les patois, a été employé par Régnier``) et DG (,,On trouve en anc. franç. la forme masc. aubespin``) ne citent le mot qu'à titre hist. et s.v. aubépine (cf. aussi Rob.). Besch. 1845 note également que ,,le peuple dit par corruption noble épine``. Cf. aussi Littré : ,,Dans le picard, nobépine est pour noble-épine nom qu'a porté aussi l'aubépine.``
ÉTYMOL. ET HIST. − xiiies. bot. albespin « aubépine » (Simon de Pouille, Richel. 368, fo150b ds Gdf. : Flor d'albespin); 1268 aubespin (Claris et Laris, éd. J. Alton, 10728 ds T.-L.) − 1866, Lar. 19e, aubépin. Qualifié de ,,vieux`` dep. Ac. 1694. Du lat. pop. *albispinus « aubépine », forme du lat. de Gaule calquée sur un composé gaul. (André Bot., p. 22), de albus spinus « id. » (Antid. Cambridge, 164, ibid.), le lat. spinus désignant le prunier sauvage (Virgile, Georg. 4, 145 ds Gaff.).
STAT. − Aubépin. Fréq. abs. littér. : 2. Aubépine. Fréq. abs. littér. : 242. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 299, b) 428; xxes. : a) 424, b) 289.
BBG. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Chass. 1970. − Delaigue (J.). Les N. d'arbres dans la topon. de la Haute-Loire. Almanach de Brioude. 1962, t. 42, p. 153. − Duval 1959. − Forest. 1946. − France 1907. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 82. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 279. − Lar. méd. 1970. − Lar. mén. 1926. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870.