| ATHANOR, subst. masc. ALCHIM. Grand alambic utilisé par les alchimistes pour leurs décoctions; fourneau à combustion lente. Synon. fourneau des paresseux, fourneau philosophique :... le laboratoire de l'empirique est généralement surchargé de toutes sortes d'appareils et d'objets plus ou moins utiles, alors que les appareils de l'adepte sont en nombre restreint (fourneau ou athanor,
œuf philosophique, creuset...) et rangés dans un ordre méticuleux. Interrogé par un médecin qui désirait visiter son laboratoire, un alchimiste contemporain − fidèle disciple de Fulcanelli − a déclaré qu'il serait sûrement déçu en trouvant un laboratoire assez semblable à un petit laboratoire de chimie, et non un autre de sorcier!
M. Caron, S. Hutin, Les Alchimistes,1959, p. 69. Rem. Raymond Lulle donne au mot le sens de feu immortel (cf. Littré-Robin 1865). − P. ext., CHIM., vieilli. ,,Fourneau de laboratoire dont la construction permet de se livrer, avec le même feu, à plusieurs opérations différentes.`` (Chesn. 1857). PRONONC. − Dernière transcription ds Littré : a-ta-nor. ÉTYMOL. ET HIST. − 1269-78 « sorte de fourneau d'alchimiste » (J. de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 6362 : Li vif deable, li maufé T'ont ton athanor eschaufé, Qui si fet tes ieuz lermoier).
Empr. au lat. médiév. athanor « id. » (cf. Liber de Septuaginta, trad. lat. d'un traité ar. d'alchimie ds Mém. de l'Ac. des Sciences, t. 49, 1906, p. 318), de l'ar. al tannūr « id. », proprement « le four », attesté dep. le Coran, de l'araméen tanūra qui remonte au sumérien tinur, tunur. L'esp. atanor est attesté plus tard que le mot fr. (fin xves. d'apr. Cor. et Al.) mais l'empr. du lat. médiév. à l'ar. a probablement eu lieu dans la Péninsule Ibérique (v. FEW t. 19, s.v. tannūr). BBG. − Chesn. 1857. − Duval 1959. − Lammens 1890, p. 28. − Littré-Robin 1865. − Masson 1970. − Mots rares 1965. − Nysten 1814. − Rheims 1969. |