| ATERMOYER, verbe. I.− Emploi trans. A.− DR. ANC. et COMM., vieilli. ,,Prolonger les termes d'un paiement : atermoyer une lettre de change, une promesse, un billet, etc.`` (Ac. 1798-1932). ♦ Atermoyer une difficulté. Régler une difficulté de paiement en arrangeant un atermoiement (cf. II rem.) : 1. ... nous pouvons arriver à un accord, qui sera cent fois meilleur qu'une lutte judiciaire, et mercredi ou jeudi prochain, il se présentera une personne chargée d'atermoyer toutes ces difficultés, et d'établir un arrangement.
Balzac, Correspondance,1834, p. 512. B.− P. ext. Retarder, renvoyer à plus tard quelque chose. Atermoyer sa réponse, son départ (Nouv. Lar. ill.), atermoyer un voyage (Quillet 1965). II.− Emploi pronom., vieilli. [En parlant d'une pers.] ,,S'accommoder avec ses créanciers pour payer à certains termes par delà les termes échus.`` (Ac. 1798-1932). S'atermoyer avec ses créanciers (Ac. 1798-1932) : 2. Il s'est atermoyé avec ses créanciers à six termes d'année en année.
Ac.1798-1878(Lar. 19e). Rem. Emploi pronom. à sens passif, rare : ,,l'affaire (...) s'est atermoyée après mille peines de ma part`` (Balzac, Correspondance, 1837, p. 229). III.− Emploi intrans. Demander ou chercher à obtenir des délais, différer pour gagner du temps. Avoir l'habitude d'atermoyer (Ac. 1932) : 3. − Oui, vous ne pouvez pas vous déranger. Hé bien! je vous offre d'aller à Paris (vous me tiendriez compte du voyage, c'est une misère). J'y vois [à Paris] les créanciers, je leur parle, j'atermoie, et tout s'arrange avec un supplément de payement que vous ajoutez aux valeurs de la liquidation, afin de rentrer dans les titres de créances.
Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 139. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [atε
ʀmwaje], j'atermoie [ʒatε
ʀmwaj] (d'apr. Passy 1914). Littré transcrit : a-tèr-mo-ié ou a-tèr-moi-ié. 2. Forme graph. − ,,Les verbes en -oyer (...) changent y en i devant e muet (...). En revanche, ils conservent cet y de leur radical devant les finales ions et iez.`` (Ortho-vert 1966, p. 587). ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1erquart xiiies. trans. « renvoyer à un terme plus éloigné » (Reclus de Molliens, Miserere, CCXXII, 5 ds Gdf. Compl. : Contre chelui le mors s'avanche Ki ses pekies si atermoie), attest. isolée; repris ds Lar. 19e; 1604 dr. attermoyer (Disc. d'un usurier de Remilly, 16 may ds Gdf. Compl.); ,,vieilli`` d'apr. Ac. 1932-35; 1864 emploi absolu « user de délais, retarder » (V. Hugo, W. Shakesp., p. 72 ds Rob.); 2. 1571 pronom. s'atermoyer [sens peu clair] (Belle-For., Secr. de l'agr., p. 309 ds Gdf. Compl. : Les fermiers et laboureurs laissans leurs maistres s'atermoyent a celle saison de l'annee); 1694 dr. (Ac. : S'atermoyer [...] s'accommoder avec ses creanciers à certains termes de payement, par delà les termes qui sont escheus); ,,inus.`` d'apr. Boiste 1808.
Dér. de l'a. fr. termoier, termiier (lui-même dér. de terme*) « tarder, ajourner » (fin xiie-début xiiies. Aymeri de Narbonne, Richel. 24369, fo58 vods Gdf. : Tu me rendras Fourre sanz termiier) et « vendre à terme » 1270-85 (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, LXVIII, 8, Beugnot, ibid. : Quant aucuns est en mariage, et se conscience le reprent qu'il ait aucunne coze mal aquise par uzure, par termoier, ou en autre maniere); préf. a-1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 11. BBG. − Dupin-Lab. 1846. |