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ASSOMMOIR, subst. masc.
A.− Instrument qui sert à assommer; spéc. bâton court garni à une extrémité d'une balle de plomb, encore appelé casse-tête :
1. Si Philippe reçut un coup de sabre qui lui coupa le front et une partie de la figure, il fendit obliquement la tête de Max par un terrible retour du moulinet qu'il opposa pour amortir le coup d'assommoir que Max lui destinait. Balzac, La Rabouilleuse,1842, p. 543.
2. Un des « fumistes » dont la chandelle éclairait le visage barbouillé, et dans lequel Marius, malgré ce barbouillage, reconnut Panchaud, (...) levait au-dessus de la tête de M. Leblanc une espèce d'assommoir fait de deux pommes de plomb aux deux bouts d'une barre de fer. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 947.
Au fig.
1. Coup d'assommoir. Événement accablant par sa soudaineté et sa brutalité :
3. Et il [des Supeaulx] présenta à madame l'État Volé par Dutocq (...). Célestine reconnut l'écriture, lut, et pâlit sous ce coup d'assommoir. Balzac, Les Employés,1837.
2. Fam. Personnage très ennuyeux.
P. ext. :
4. Les travaux et les affaires sont de terribles assommoirs. Balzac, Lettres à l'étrangère,t. 1, 1850, p. 305.
B.− CHASSE et PÊCHE. Piège destiné aux bêtes nuisibles et se composant d'un appât et d'un poids de pierre ou de bois qui assomme l'animal dès qu'il touche l'appât :
5. Devant lui, deux clayons de genêt étrécissaient encore le sentier, que barrait complètement, entre eux, la trappe d'un assommoir : une lourde planche de chêne, et qu'alourdissaient davantage deux grosses briques liées d'un fil de fer. À côté, jeté hors du chemin, gisait un écureuil mort. Il était tombé sur le dos, aplati par le poids du piège; ... Genevoix, Raboliot,1925, p. 282.
1. Trébuchet employé pour capturer certains oiseaux (d'apr. Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop.). Assommoir du Mexique (Baudr.Chasses1834).
2. ,,Boule de fer ronde qui termine généralement un dégorgeoir et sert à assommer le poisson d'un coup sec sur la tête, ce qui permet de le décrocher aisément`` (Pollet 1970).
C.− Pop. Débit de boisson de bas étage où les consommateurs « s'assomment » à force de consommer de l'alcool :
6. Trois semaines plus tard, vers onze heures et demie, un jour de beau soleil, Gervaise et Coupeau, l'ouvrier zingueur, mangeaient ensemble une prune, à l'Assommoir du père Colombe. Zola, L'Assommoir,1877, p. 466.
7. Un soir, comme nous étions attablés dans un assommoir de Montmartre, nous vîmes entrer une vieille femme en guenilles, qui tenait à la main un jeu de cartes crasseux. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Misti, Souvenirs d'un garçon, 1884, p. 910.
PRONONC. : [asɔmwa:ʀ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1700 « instrument (piège) pour assommer » (Liger, Nouv. Maison rust. ds DG : Broyon ou assommoir pour prendre les bestes puantes); 1834 fig. (d'une pers.) (Land. : en parlant d'un homme dont le bavardage nous fatigue, on dit : c'est un assommoir! quel assommoir!); av. 1755 « événement soudain qui assomme, qui porte un coup fatal » (St-Simon, 104, 161 ds Littré : La lâcheté si punissable de ce refus de secours fut le dernier assommoir qui détermina la victoire d'une part, le désordre et la fuite de l'autre); 1877 L'Assommoir, titre d'un roman de Zola [cabaret où les consommateurs s'assomment d'alcool]. Dér. de assommer*; suff. -oir*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 123.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Baudr. Chasses 1834. − Bréz. Pierre 1968. − Bruant 1901. − Burn. 1970. − Canada 1930 (s.v. assomouère). − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − France 1907. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Pollet 1970. − Sain. Lang. par. 1920, p. 52, 268, 541.