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ASSISTER1, verbe trans.
[Le suj. désigne une pers.; le compl. est dir. ou indir.]
A.− Emploi trans. indir. Assister à qqc.
1. [Le compl. indir. désigne une cérémonie, une séance, un spectacle, une conversation] Être physiquement présent à son déroulement en qualité d'auditeur, de spectateur ou d'acteur :
1. Que se passait-il dans cette misérable créature qui vivait juste assez pour assister à la vie sans y prendre part? Elle voyait, elle entendait, elle raisonnait sans doute d'une façon nette et claire, et elle n'avait plus le geste... Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 177.
2. Il [Christophe] continuait de discuter avec le commandant Chabran, et parfois violemment. Céline s'en amusait. Elle assistait à leurs entretiens, travaillant en silence. R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison,1909, p. 1054.
3. C'est un fait connu que le public aime la bagarre. Il l'aime d'autant plus qu'il se tient prudemment à l'écart, hors de portée et qu'il assiste au pugilat en spectateur. G. et H. Coston, L'A.B.C. du journ.,1952, p. 133.
SYNT. Assister à un bal, à la distribution des prix, à un entretien, à une messe d'un bout à l'autre, à la projection d'un film, aux réunions, aux séances d'une commission, à un spectacle. Cf. encore assister à l'ouverture d'un testament (G. Sand, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 373).
2. [Le compl. indir. désigne la naissance ou le développement d'un phénomène extérieur, d'un événement pol., écon., sc.] Y être présent moralement en qualité de témoin :
4. On assiste à une augmentation de salaires beaucoup plus forte pour les salariés de la catégorie la moins payée que pour les cadres supérieurs. J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes.,t. 1,1968, p. 106.
SYNT. Assister à un développement surprenant du roman (Arts et litt. dans la société contemp., 1936, p. 5208), à la naissance de l'automatisme (Ricœur, Philos. de la volonté, 1949, p. 282), à un relèvement des tarifs (A. Albitreccia, Ce qu'il faut connaître des grands moy. de transp., 1931, p. 40).
Rem. Cette valeur du verbe se rencontre surtout au xxes., et le plus souvent avec le pron. pers. on.
P. ext. et rare. [Le compl. est un terme abstr. mis en relation avec une pers.] Être témoin de. Assister au bonheur de qqn (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 73).Ne pouvoir assister à sa naissance ni à sa mort (Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. 129).
Spéc., DR., vx
a) ,,Il se dit en matière criminelle, pour marquer une présence qui tient de la complicité : Il fut banni pour avoir assisté à un vol`` (Ac. 1798). Synon. plus usuel participer.
b) ,,Juger conjointement avec un autre juge qui préside : Un clerc qui assiste à un jugement de mort, devient irrégulier`` (Ac. 1798) Assister à un jugement ,,signifie quelquefois faire partie du tribunal qui prononce un jugement`` (Ac.1835-1932).
Rem. Sens attesté ds les dict. de l'Ac. (1835-1932), ds Besch. 1845 et Littré.
B.− Emploi trans. dir. [Le suj. et l'obj. désignent une pers.] Assister qqn (dans qqc., en qqc.). L'aider dans ses fonctions, sa tâche, en se tenant auprès de lui :
5. Les candidats favorables au Gouvernement étaient désignés comme candidats « officiels » et les fonctionnaires locaux, dont la situation dépendait de leur loyauté envers le Gouvernement, les assistaient et contrecarraient leurs adversaires à tous moments. Lidderdale, Le Parlement fr.,1954, p. 27.
SYNT. Assister qqn dans une tâche laborieuse (Sandeau, Sacs et parchemins, 1851, p. 44). Cet emploi est fréq. à la forme passive : le président est assisté de ministres (G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel, 1949, p. 80), le ministre est assisté de deux secrétaires d'État (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 95).
Spécialement
1. DR. [Le plus souvent en parlant d'un mineur] Assister qqn en justice. ,,Assister une personne c'est être présent à ses côtés au moment où elle agit, pour la guider, pour surveiller ses intérêts`` (Planiol, Traité de Dr. Civil, 12eéd., no2010, ds Rob.)
HIST. ROMAINE. Client qui assiste son patron en justice (cf. Michelet, Hist. romaine,t. 1,1831, p. 125).
2. LITURG. Servir le célébrant à l'autel en qualité de diacre ou de sous-diacre lors d'une messe solennelle :
6. Le prêtre qui accomplit le sacrifice, y met une onction passionnée. Plusieurs desservants l'entourent, l'assistent, s'unissent à lui vivement, du geste et du cœur. Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 80.
7. Le père Emonot fut promu maître des cérémonies, Dom Paton et un autre moine assistèrent comme diacre et sous-diacre l'abbé... Huysmans, L'Oblat,t. 2,1903, p. 230.
3. Assister qqn (de qqc., ou absol.).Aider quelqu'un en le servant, secourir. Assister un malade, un prisonnier :
8. Les pauvres femmes en couche étaient surtout l'objet de sa compassion; toutes les fois qu'elle [sainte Élisabeth] le pouvait elle allait se mettre à côté de leurs misérables lits, les assistait et les encourageait. Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 55.
9. « (...) laissez-moi vous assister et vous soigner ». Elle [sœur Hélène] avait la fièvre, disait-elle, mais ses mains étaient glacées, et elle était agitée d'un tremblement nerveux. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3,1855, p. 221.
10. Il [Césaire] savait fort bien que les prêtres rendaient des services, de grands services aux plus pauvres, aux malades, aux mourants, assistaient, consolaient, conseillaient, soutenaient, mais tout cela moyennant finances... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Père Amable,1886, p. 216.
11. ... vous, ses voisins, du même métier de paysan, de sa trace, selon votre expression, venus pour l'assister et le servir une dernière fois; lui [Janouét], enfin, couché sur son lit de jeunes tiges, comme un lit de drapeaux : quelle sérénité! quelle grandeur! Pesquidoux, Le Livre de raison,1932, p. 69.
SYNT. Assister des mendiants, les pauvres. Cf. encore assister qqn de ses conseils, assister de son amitié dans une circonstance douloureuse (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 95).
Rem. La constr. est vieillie quand le compl. indir. est un terme concr. assister ses amis de sa bourse (Ac. 1798).
Loc. proverbiale vieillie. Dieu m'assiste! Dieu vous assiste (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,1868, p. 91).,,Façon de parler familière, dont on se sert quand une personne éternue. On s'en sert aussi presque toujours, lorsqu'on veut marquer à un pauvre qu'on n'a rien à lui donner`` (Ac. 1798).
Proverbe. ,,Dieu assiste trois personnes : les enfants, les fous, les ivrognes.`` ,,Dieu veille sur ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes`` (Lar. 19e). La tournure anc. était ,,Dieu assiste à trois personnes...`` (Ac. Compl. 1842).
Spéc. [Souvent en parlant d'un prêtre] Assister un malade, un condamné à mort. L'aider à mourir :
12. L'agonie n'est pas la fin, mais la lutte pour la fin, vers la fin; à cette lutte nous participons, aidant le moribond à lutter (comme dit Heidegger, nous n'assistons pas à la mort, nous assistons le mort)... Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 432.
SYNT. Demander un ministre de cette religion [protestante] pour l'assister dans ses derniers momens (Constant, Wallstein, 1809, p. 200), obtenir un prêtre de sa religion pour l'assister dans ses derniers moments (Mmede Staël, De l'Allemagne, t. 2, 1810, p. 333).
Assister un prisonnier (ou une personne hospitalisée). ,,Pourvoir [un détenu] d'aliments, de vêtements, d'argent`` (Esn. 1966), expr. passée dans le domaine de l'arg. Synon. porter le panier :
13. J'assiste ma femme (...) qui tire six marquets de ballon. (...) je viens en aide à ma maîtresse (...) qui fait six mois de prison. J. Lacassagne, L'Argot du« milieu », préf. de F. Carco,1928, p. 9.
Rem. 1. La lang. du cin. emploie la loc. brachylogique assister un film, au sens de « y collaborer en tant qu'assistant, participer à sa réalisation » :
14. La Roue, que filma, voici plus de deux ans, Abel Gance, et qu'assista Blaise Cendrars. Harlaire, C.M.,1925, p. 157 (Giraud 1956).
Rem. 2. [Le suj. désigne un inanimé] Rare et littér. :
15. L'idée habite la prose; mais assiste, surveille, guide la poésie. Valéry, Tel quel II,1943, p. 162.
Rem. 3. Emploi pronom. rare, s'assister « s'aider soi-même » (sens signalé ds Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.) :
16. Cette sorte de foi que j'avais en ma prédestination poétique me faisait accueillir tout, voir tout venir à ma rencontre et le croire providentiellement envoyé, désigné par un choix exquis, afin de m'assister, de m'obtenir; de me parfaire. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 531.
PRONONC. : [asiste], j'assiste [ʒasist]. Enq. : /asist/ (il) assiste.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Début xives. assister à (qqn) « être présent auprès de qqn, se tenir auprès de lui » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, Amsterdam, 1915, 395 : A lui [Jupiter] assistent les angeles, qui ravissent les enffans c'est a dire les ames des purs et innocens homes) − 1592, Montaigne ds Hug.; b) début xives. part. prés. subst. « celui qui assiste à qqc. » (Ovide moralisé, commentaire de Copenhague, t. 5, p. 420 : De costé Pluto estoit assise Proserpine, la royne d'enfer, ayant une terrible face au regart des assistans); 2. a) 1465, oct. « fournir aide et protection à qqn. » (Ord., XVI, 386 ds Gdf. Compl. : Ils n'ayderont, serviront, ne assisteront, ne feront aucune ayde, service, faveur ou assistance, en quelque maniere que ce soit); b) av. 1604 relig. assistant (Cardinal D'Ossat, Lettres, 1. IV, 159 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 4, p. 113 : Comme Evesque assistant au Pape je seois avec les autres Evesques assistans); 1751 (Encyclop. : Assistant, [...] personne nommée pour aider un officier principal dans l'exercice de ses fonctions). Empr. au lat. adsistere (assistere) au sens 1 « se tenir auprès de » (Plaute, Cas. 930 ds TLL s.v., 898, 65) et « être présent » (Plaute, Most. 885, ibid., 900, 20); au sens 2 « aider » (Sénèque, Thy. 276, ibid., 901, 83); à noter l'influence de l'angl. assistant sur l'emploi de assistant au sens gén. de « aide », dep. le xviiies. (Fér. Crit.).
BBG. − Esn. 1966. − Feugère (F.). En marge de l'exposition Charles V. Dans le vocab. de Du Guesclin. Déf. Lang. fr. 1968, no45, p. 26. − Feugère (F.). La Première Renaissance et notre vocab. : d'Oresme à Christine de Pisan. Déf. Lang. fr. 1970, no51, p. 14. − France 1907. − Giraud 1956. − Le Breton 1960. − Le Roux 1752. − Noter-Léc. 1912. − Sandry-Carr. 1963. − Sandry-Carr. Prison 1963.