| ASSASSIN, INE, subst. et adj. I.− Substantif A.− Celui qui tue, qui commet un homicide avec préméditation ou guet-apens : 1. La nuit vient. Le hibou s'envole. C'est l'instant
Où l'on songe aux récits des aïeules naïves...
Sous un fourré, là-bas, des sources vives
Font un bruit d'assassins postés se concertant.
Verlaine, Poèmes saturniens,1866, p. 84. 2. « Vous êtes-vous essayée d'avance avant de porter le coup à Marat? » − « Ah! le monstre! s'est-elle écriée. Il me prend pour un assassin! » Et les yeux fixes, en fermant le livre, Marie-Jeanne dit : − « C'était la vérité. Elle n'était pas un assassin. »
P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 123. Rem. Le fém. est rare et littéraire : 3. ... il a fallu qu'il se rencontrât un Octave Feuillet pour rendre le thème ridicule à force d'être caricatural et outré, en faisant tout bêtement de cette jeune fille une empoisonneuse et une assassine de M. Dennery!
E. et J. de Goncourt, Journal,1886, p. 532. − P. métaph. : 4. Du sommet où est cette maison, on aperçoit au sud-ouest, à un mille de la côte, l'écueil des Hanois. Cet écueil est célèbre. Il a fait toutes les mauvaises actions que peut faire un rocher. C'était un des plus redoutables assassins de la mer. Il attendait en traître les navires dans la nuit.
Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 153. − P. ext., néol. Les assassins du dimanche. ,,Les automobilistes novices ou imprudents qui causent des accidents mortels`` (Dub.). B.− P. hyperb. Personne (parfois chose) qui cause de grandes souffrances, de graves préjudices : 5. En voilà assez, je te dirai ce qui m'étouffe, ce qui me tue, depuis que je te connais... Ah! cette peinture, oui! Ta peinture, c'est elle, l'assassine, qui a empoisonné ma vie. Je l'avais pressenti, le premier jour; j'en avais eu peur comme d'un monstre, je la trouvais abominable, exécrable; et puis, on est lâche, je t'aimais trop pour ne pas l'aimer, j'ai fini par m'y faire, à cette criminelle... Mais, plus tard, que j'en ai souffert, comme elle m'a torturée!
Zola, L'œuvre,1886, p. 376. 6. ... les « frappeurs, » les « puncheurs, » les « assassins » et autres « terreurs » du ring apporteront toujours à leurs supporters satisfactions et désappointements en parts égales. (Match du 30.10.34).
A.-O. Grubb, French sports neologisms,1937, p. 16. C.− HIST. Les assassins (cf. étymol.) : 7. − Sachez-le donc. L'ordre du temple fut affilié à la secte des assassins, des haschischins, à la ligue des manichéens et des ismaïliens, ces schismatiques musulmans qui niaient le caractère admis de Mahomet.
Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 204. Rem. Pop., vx. Synon. de assassinat : 8. Il faut d'abord cacher feu M. Colar. Ça ne peut pas le chagriner et ça nous rendra grand service. − Mais, dit Nicolo, ce n'est pas nous qui l'avons tué, après tout... Et la Rousse ne peut pas nous accuser de cet assassin.
Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux,1859, p. 624. II.− Adj., vieilli, littér. Qui commet ou a commis un assassinat : 9. Ces crimes inouis ont été commis par cette bande assassine aux environs d'Orléans... C'est à cette troupe homicide que nous devons les affreux assassinats...
P. Leclair, Hist. des brigands chauffeurs et assassins d'Orgères,1800, p. 23. − P. ext. Qui tue. Arme assassine : 10. Ton amour! ... Ton amour qui n'a fait de moi qu'un ami parjure et faussaire! ... Ton amour damné qui poignarde ton mari! ... Ton amour fatal qui mène ces malheureux au bûcher et tout un peuple à sa ruine! ... Ton amour infernal, assassin et mortel! ... Je le maudis! Je l'exècre! ... Et je l'abhorre! ...
Sardou, Patrie,1869, V, 2, p. 181. ♦ P. plaisant., vx. La gent assassine. Les médecins. − Au fig. Qui cause une grande souffrance, un grand préjudice. Mots assassins : 11. Ce sont, à tout moment, des interrogations, des demandes d'explications, des airs de ne pas comprendre, une sollicitation continue, près de la méchanceté de sa grand-mère, près de la méchanceté de sa mère, à se faire plus claire, plus accusée, plus mordante, plus assassine.
E. et J. de Goncourt, Journal,1873, p. 946. ♦ [Dans la lang. galante] Qui trouble, qui excite les sens : 12. ... ma beauté à moi, mes yeux violettes des bois riant dans la rosée, avec leur fameuse robe bleue, couleur du temps, et une assassine nudité d'épaules et toutes les tentations d'un corset à moitié ouvert.
Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1839, p. 396. ♦ Mouche assassine, ou, p. ell., assassine (v. mouche*). PRONONC. : [asasε
̃], fém. [-sin]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1560 assassin « individu gagé pour un meurtre » (R. Belleau, Les Amours de Ronsard, 1. 2, f. 73b d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 14 : Busire et Cacus, tous deux cruels assassins et alterez du sang humain).
Empr. à l'ital. assassino, assessino (Lok., § 839; Kohlm., p. 29; Tracc., p. 106; Sar., p. 58; Sain. Lang. Rab., p. 145; Brunot, t. 6, p. 1104; Wind, pp. 54-55) attesté en ce sens dep. le début du xvies. (Dante, Enfer [apr. 1300-ca 1313] 19-50 ds Batt.), cf. Buti [1324-1406], Commento sopra la Divina Commedia, 499 [Enfer, 19-50], ibid. : Assassino è colui che uccide altrui per dinari. L'ital. assassino, assessino est empr. à l'ar. hašiš
« Cannabis indica » par l'intermédiaire d'un plur. ar. non attesté *Hashīshiyyīn (sing. Hashīshiyya « fumeur de haschich », Devoto), nom donné par leurs ennemis aux Ismaëliens de Syrie, coupables de multiples assassinats à l'égard des Chrétiens et des Musulmans. À cet ar. a été empr. un premier sens de l'ital. « membre d'une secte de fanatiques musulmans de l'Asie occidentale, qui, au temps des croisades, tuaient souvent des chefs chrétiens » attesté dep. le xiiies. (Guido delle Colonne [début xiiie-1290], La poesia lirica del Duecento, 163 et 166, ibid.), le corresp. fr., de même sens, est attesté dep. 1195 (harsasis Ambroise, Guerre sainte, éd. G. Paris, 8795 ds T.-L. : ome al Harsasis) jusqu'à 1309, Gdf. En ital. les formes du type assas(s)ino sont le résultat d'une assimilation progressive. STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 983. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 815, b) 2 230; xxes. : a) 4 933, b) 1 871. BBG. − Bruant 1901. − Chambers (F. M.). More about the word assassin in Provençal Mod. Lang. Notes. 1950, t. 65, pp. 343-344. − Darm. Vie 1932, p. 95. − Dub. Pol. 1962, p. 33, 94. − Duch. 1967, § 8. − Éd. 1967. − France 1907. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 138. − Lacr. 1963. − Lammens 1890, p. XXI, 28. − Le Breton Suppl. 1960. − Le Roux 1752. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 303. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. Suppl. 1926. − Sar. 1920, p. 58. − St-Edme t. 1 1824. − Wind 1928, p. 54, 151, 201. |