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ASIATIQUE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− Qui appartient à l'Asie ou qui en est originaire. Continent asiatique; Russie asiatique; civilisations asiatiques.
1. LING. Idiomes asiatiques :
1. ... le mot pour « labourer » manque dans les idiomes asiatiques; mais cela ne signifie pas que cette occupation fût inconnue à l'origine : le labour a pu tout aussi bien tomber en désuétude ou se faire par d'autres procédés, désignés par d'autres mots. F. de Saussure, Cours de ling. gén.,1916, p. 308.
2. MÉD. Choléra asiatique :
2. Le choléra asiatique n'était-il pas nouveau pour nous, lorsqu'en 1832 il vint fondre sur la France? A. Trousseau, Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu,1895, p. 158.
Grippe asiatique :
3. ... une bonne grippe, une asiatique. Personne n'y coupe. A. Arnoux, Double chance,1958, p. 170.
B.− Qui est propre au mode de vie, ou à la mentalité ou au goût des habitants de l'Asie; p. ext. qui rappelle les caractéristiques du genre de vie, de la mentalité ou du goût des Asiatiques.
1. Péjoratif
a) [En parlant de la vie affective de l'aristocratie] Corruption asiatique.
Mœurs asiatiques. Mœurs à la fois passionnées et efféminées :
4. Bon nombre de ses épigrammes [de Méléagre] sont destinées à célébrer ses amours à Tyr, amours bien asiatiques la plupart, de ceux qu'on rougit seulement de nommer... Sainte-Beuve, Portraits contemp.,t. 5,1846-69, p. 425.
b) [En parlant du train de vie de l'aristocratie] Opulence asiatique. Surabondance de richesses (cf. Mérimée, L'Abbé Aubain, 1847, p. 157) :
5. Au commencement de l'hiver, elle [Mlledes Touches] repartit pour Paris. La petite ville de Guérande fut alors soulevée par une curiosité diabolique : il n'y était bruit que du luxe asiatique de Mademoiselle des Touches. Balzac, Béatrix,1839-45, p. 81.
c) [En parlant du régime pol.] :
6. On a dit que Louis XIV avait rendu la monarchie despotique et asiatique : telle ne fut jamais sa pensée. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 5,1851-62, p. 326.
ARCHIT. [En parlant des monuments d'archit.] Grandiose avec une profusion d'ornements :
7. Bossan, le seul architecte qui ait, en somme, su élever un intérieur de cathédrale, depuis cent ans! Sa nef fulgure d'émaux et de marbres, de bronzes et d'or; des statues d'anges coupent les colonnes, interrompent avec une grâce solennelle, les eurythmies connues. C'est asiatique et barbare; ... Huysmans, Là-bas,t. 2,1891, p. 201.
RHÉT. Style asiatique. Style prolixe et emphatique comme celui des orateurs grecs des colonies d'Asie (notamment de Rhodes) par opposition à la pureté des orateurs attiques. Éloquence asiatique :
8. Quoique bon et exquis écrivain à sa date, il [Fléchier] n'est pas attique : l'atticisme est proprement l'opposé du genre asiatique trop surchargé d'ornements; mais il a éminemment l'urbanité, qui est le contraire de la rusticité. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 15,1851-62, p. 405.
À l'asiatique. Métaphores à l'asiatique (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 115).
SOCIOL. Mode de production asiatique. ,,Notion historique et sociologique d'origine marxiste qui caractérise le mode de production dominant d'une société où le surplus de production de communautés villageoises éparses, pratiquant l'artisanat et l'agriculture, était prélevé par un État (une monarchie despotique le plus souvent) qui en contre partie, assurait l'exécution des travaux publics (irrigation, communication).`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968).
2. Plus rarement, laud.
a) [En parlant de l'esprit et de son expression] :
9. Tout nous vient de l'Orient; et c'est la fable, sans aucun doute, qui a le plus conservé du caractere et de la tournure de l'esprit asiatique. Ce goût de paraboles, d'énigmes, cette habitude de parler toujours par images, d'envelopper les préceptes d'un voile qui semble les conserver, durent encore en Asie; leurs poëtes, leurs philosophes, n'ont jamais écrit autrement. Florian, Fables,De la fable,1792, p. 26.
b) [En parlant du comportement] À l'asiatique :
10. Si Tcheng-Daï se tuait en l'honneur d'une cause, à l'asiatique, il donnerait à cette cause une force contre laquelle il serait difficile de lutter. Malraux, Les Conquérants,1928, p. 117.
Rem. Comme il ressort des ex., la valeur péj. de asiatique est très instable, même si elle domine. Elle varie notamment suiv. qu'il s'agit du Proche-Orient, ou de l'Extrême-Orient, de l'Antiquité ou du monde mod., de l'aristocratie ou du peuple, et naturellement selon le tempérament ou le degré d'inform. des écrivains.
II.− Emploi subst. Celui ou celle qui habite l'Asie ou qui en est originaire :
11. ... les Américains voguent et nagent comme les poissons; les Asiatiques, populeux comme les insectes, labourent la terre avec la même patience, et offrent dans les Indiens et les Chinois les plus habiles des cultivateurs. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 61.
Rem. Par un phénomène d'étymol. pop., le fr. du Canada a substitué asiatique à sciatique ,,avoir un rhumatisme asiatique = la goutte sciatique, une sciatique`` (Canada 1930).
PRONONC. : [azjatik].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xvies. « originaire d'Asie » (J. Le Maire d'apr. Delb., Rec. ds DG : Icelui Dion estoit asiatique); 2. xviies. fig. « excessif, chargé d'ornements, à la manière des Asiatiques » (Balzac, Socrate chret., prol., ibid. : Ces harangues asiatiques). Empr. du lat. asiaticus (gr. α ̓ σ ι α τ ι κ ο ́ ς) souvent attesté comme cognomen d'une gens; cognomen individuel ds Tite Live, 37, 58, 7 ds TLL s.v., 785, 31 : L. Scipio ne cognomini fratris cederet, Asiaticum se appellari voluit; 2 Asiatici oratores « les orateurs du genre asiatique » (Cic., Brut., 13, 51 ds Forc., s.v., 342).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 304. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 643; xxes. : a) 303, b) 387.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Canada 1930. − Duval 1959. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 73, 323. − Pierreh. 1926.