| ARRÊTER, verbe. I.− Emploi trans. A.− Interrompre ou faire cesser un mouvement ou une marche. 1. Arrêter qqc. a) [Le compl. désigne une chose ou un animal en mouvement] − [Le compl. désigne une chose ou un animal qui se déplace] ♦ Empêcher d'avancer : 1. Au bas de la rue Montmartre, un embarras de voitures arrêta le fiacre. Les jeunes gens, qui avaient baissé la glace, entendaient la voix furieuse de Bachelard s'empoignant avec les cochers. Puis, quand la voiture se fut remise à rouler, Gueulin donna des détails sur Clarisse.
Zola, Pot-Bouille,1882, p. 131. ♦ Faire obstacle au passage de : 2. ... le magma est conduit à travers des appareils d'épuration de trois types différents installés en cascade. Ce sont les sabliers où se déposent sables et graviers; les épurateurs plats et rotatifs où sont arrêtés les fibres restées en faisceaux, les fils et plaquettes de pâte; enfin les épurateurs centrifuges qui arrêtent les matières légères : particules de charbon, caoutchouc, liège, etc.
La Civilisation écrite,1939, p. 607. ♦ Empêcher d'arriver à destination : 3. La receveuse, MlleMonod, était seule dans la confidence; elle avait arrêté plusieurs lettres d'Anne : ...
Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 207. ♦ En partic., se disait des agressions, des vols sur les routes. Arrêter une diligence (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 43). − [Le compl. désigne une chose qui bouge, qui remue] Empêcher de bouger. ,,Arrêter une persienne que le vent agite.`` (Ac.1835, 1878). ♦ Au fig. [Avec un compl. abstr.] Limiter, borner, retenir : 4. ... l'intelligence de l'homme ne peut rester stationnaire : si vous ne l'arrêtez pas, elle avance; si vous l'arrêtez, elle recule; si vous la découragez sur elle-même, elle ne s'exercera plus sur aucun objet qu'avec langueur.
Constant, De l'Esprit de conquête,1813, p. 231. ♦ Arrêter le regard. Le retenir : 5. Cette femme aux traits réguliers, épaisse, lourde, à la voix bête, est marquée du signe de celles qui n'arrêtent pas un regard, qui ne fixent pas une pensée. Elle me semble belle, pourtant, au long de ces nuits, d'une beauté étrangère à elle-même, empruntée à son désespoir. N'existe-t-il un homme que cet incendie attirerait?
Mauriac, Le Nœud de Vipères,1932, p. 292. − [Le compl. désigne une chose qui fonctionne, un mécanisme] Interrompre le fonctionnement : 6. Il résulteroit de grands inconvéniens, s'il pouvoit dépendre de nous d'arrêter, à notre gré, soit les mouvemens de notre cœur ou de nos artères, soit les fonctions de nos viscères ou de nos organes sécrétoires et excrétoires; mais aussi il importe, pour que nous puissions satisfaire à tous nos besoins, que nous ayons à notre disposition une portion de notre fluide nerveux pour l'envoyer aux parties que nous voulons faire agir.
Lamarck, Philos. Zool.,t. 2, 1809, p. 203. − [Le compl. désigne une chose qui s'écoule] Empêcher de couler, faire obstacle à l'écoulement de : 7. ... la nappe des eaux souterraines n'est pas arrêtée par ce talus; elle s'introduit sous les graviers perméables qui forment le sol de la Hart et des parties défrichées, biens qu'analogues, qui lui font suite. Ces graviers sont secs à la surface; les cours d'eau s'y infiltrent et disparaissent; ...
Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 223. b) [Le compl. désigne le mouvement lui-même ou une action] − [Le mouvement lui-même, l'écoulement] L'interrompre, le faire cesser : 8. Comme au palais de la Belle au bois dormant, le sommeil avait suspendu toutes les vies, arrêté tous les mouvements! La paralysie du maître avait du même coup paralysé les serviteurs et s'était étendue jusqu'aux instruments!
Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 243. − [Une action] L'empêcher de s'accomplir : 9. À côté des substances que nous venons d'étudier et qui favorisent le développement cellulaire, il existe une série d'autres substances dont la présence dans le milieu retarde ou arrête complètement ce développement.
J. Verne, La Vie cellulaire hors de l'organisme,1937, p. 13. − Spécialement − AGRIC. ,,Couper la sommité d'une tige ou d'une branche, pour y suspendre la végétation.`` (Ac. Compl. 1842) : 10. L'ail réussit parfaitement en bordures... On plante les caïeux à 15 centimètres de distance, et lorsque la tige a acquis tout son développement, on en fait un nœud pour arrêter l'ascension de la sève, et concentrer toute son action sur la racine.
A. Gressent, Le Potager moderne,1863, p. 581. − COUT. Arrêter un point. Faire un nœud au dernier point d'une couture afin que le fil ne s'échappe pas. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. − DR. Saisir, par voie de justice. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. ♦ Saisir-arrêter. Opérer une saisie-arrêt. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixesiècle. 2. [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une pers. ou un subst. coll.] Arrêter qqn. a) [Correspond à arrêt] ♦ L'empêcher d'avancer : 11. Les feldgrau ont atteint nos tranchées de bordure, et ils s'expliquent avec les quelques pauvres bougres que le bombardement n'a pas broyés. Mais n'importe. Le barrage arrêterait les suivants.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 61. ♦ L'empêcher d'agir : 12. ... vers les deux heures, Berthelot, n'y tenant plus, lui jetait à travers une de ses phrases : « Oui, voyez-vous, tout le mal vient des catholiques! » Dans son innocence, Berthelot croyait que cette gaminerie allait produire une diversion, arrêter l'orateur. Mais Trochu, se tournant vers lui, disait simplement : « Le robinet est lâché, il faut qu'il coule! » Et sans donner dans le piège, continuait imperturbablement.
E. et J. de Goncourt, Journal,1875, p. 1089. ♦ Le retarder, le retenir (au propre ou au fig.) : 13. On conçoit, qu'avec cette liberté, il [le physicien] se joue des difficultés qui arrêtent l'analyste. Il peut toujours raisonner comme si toutes les fonctions qui s'introduisent dans ses calculs étaient des polynômes entiers.
H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 155. b) [Correspond à arrestation] Appréhender quelqu'un, le retenir prisonnier : 14. Tout homme ne doit être arrêté et détenu qu'en vertu d'un mandat judiciaire, c'est-à-dire qu'on ne décernera plus de lettres de cachet.
G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 166. B.− Fixer son attention sur quelqu'un ou quelque chose en vue de l'examiner ou de conclure. 1. Fixer son regard ou son attention sur quelque chose ou sur quelqu'un en vue de l'examiner. Arrêter ... sur qqn ou sur qqc. a) [Le compl. d'obj. désigne les yeux, le regard] Fixer les yeux, le regard sur quelqu'un ou sur quelque chose, tenir son regard fixé sur quelqu'un ou sur quelque chose : 15. Alors une terreur profonde et invincible s'empara de lui; il n'osa plus presser cette main qui pendait hors du lit, il n'osa plus arrêter ses yeux sur ces yeux fixes et blancs qu'il essaya plusieurs fois mais inutilement de fermer, et qui se rouvraient toujours.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 241. b) [Le compl. d'obj. désigne la pensée, l'esprit, l'attention] Considérer avec attention, réfléchir, se concentrer, empêcher la mobilité de l'esprit, le fixer sur quelque chose : 16. Le désir de découvrir du nouveau empêche d'arrêter la pensée sur la signification transcendante, irreprésentable de ce qui est déjà découvert.
S. Weil, La Pesanteur et la grâce,p. 1943, 132. 2. Fixer, déterminer quelque chose de manière à assurer la conclusion d'un débat, d'un travail, etc. a) [Le compl. désigne les moyens d'une action] Prendre une résolution, une décision, seul ou en accord avec d'autres : 17. Dès le premier moment, je l'ai dit, ma résolution fut arrêtée; elle ne me coûta pas à prendre, mais elle fut douloureuse à exécuter. Lorsqu'à Lourdes, au lieu de tourner au midi et de rouler vers l'Italie, je pris le chemin de Pau, mes yeux se remplirent de larmes; j'avoue ma faiblesse.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 566. b) [Le compl. désigne les circonstances de lieu, de temps d'une action] :
18. ... je partais, seul, dès la première pointe du matin, après avoir arrêté l'heure et l'endroit où Lucien me rejoindrait...
P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 206. c) [Le compl. désigne une pers. ou une chose] P. ext., vieilli. Fixer son choix de manière définitive. Arrêter qqn.Le retenir, l'engager à son service. Arrêter qqc.Le retenir, s'en assurer d'avance l'usage : 19. « ... Allons donc! s'écria Passepartout en faisant entendre un retentissant éclat de rire! Je savais bien que vous ne pourriez pas vous séparer de nous. Venez retenir votre place, venez! » Et tous deux entrèrent au bureau des transports maritimes et arrêtèrent des cabines pour quatre personnes.
Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 101. d) [Le compl. désigne une œuvre, une réalisation, quelque chose que l'on fait, ...] Terminer, déterminer de façon définitive pour ne plus y toucher : 20. Vous pouvez annoncer, dès aujourd'hui, les deux volumes de contes dont les titres et les sujets sont parfaitement arrêtés : Les souffrances de l'inventeur. − Aventures administratives d'une idée heureuse et patriotique. − César Birotteau. − Le prêtre catholique.
Balzac, Correspondance,1833, p. 416. ♦ Arrêter un compte. Le régler de manière définitive. ,,Arrêter un compte, c'est faire les totaux du débit et du crédit de ce compte, et en déterminer le solde, s'il y a lieu.`` (Lar. comm. 1930, s.v. arrêté de compte). Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds DG, Lar. encyclop. et Quillet 1965. − Rare. Arrêter qqc. dans : 21. L'esprit brouillon est une sorte d'impatience chétive des limites. Les mêmes tempéraments, qui n'arrivent pas à arrêter leur vie personnelle dans un choix décidé, aiment se barbouiller d'internationalisme et de toutes les religions du monde, par impuissance de vivre pleinement une nation ouverte ou une religion universelle.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 718. − B.-A. Terminer, fixer les masses, les parties principales, les contours d'une œuvre, d'une composition, d'un dessin, d'une peinture : 22. « J'ai découvert le secret, vous voyez! Ainsi regardez-moi cette petite femme à coiffure de sphinx qui danse avec un postillon russe, c'est net, sec, arrêté, tout en méplats et en ton crus : de l'indigo sous les yeux, une plaque de cinabre à la joue, du bistre sur les tempes; pif! paf! » Et il jetait, avec le pouce, comme des coups de pinceau dans l'air.
Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 150. e) Arrêter que, de.Décider que, de : 23. Délibération du Corps municipal, du 7 décembre 1791. Lu le rapport fait par les commissaires de la Garde nationale d'un mémoire des musiciens attachés à la Garde nationale, par lequel ils exposent la nécessité de pourvoir à leur conservation. Le Corps municipal arrête que M le Maire (Pétion) enverra incessamment au Directoire du département une copie du rapport des commissaires de la Garde nationale, ...
L'Enseign. en France. L'Enseign. de la mus. et l'éduc. musicale,t. 1, 1950, p. 7. − Spéc. Prendre un arrêté (cf. arrêté III). II.− Emploi intrans. A.− Cesser d'avancer, faire une halte, une station : 24. Arrivés près du mont où naquit saint François, un moment l'on arrête pour laisser respirer après si longue traite les chevaux fatigués; chacun s'élance à bas du coche et me voilà debout, croisant les bras, de long en large allant, flânant; ...
Barbier, Satires,Une Réfutation d'Horace, 1865, p. 123. B.− Cesser d'agir, de parler. Ne pas arrêter de faire quelque chose. Ne pas cesser de faire quelque chose, faire quelque chose sans répit, sans arrêt : 25. L'idée de revoir les lieux où s'était passée sa jeunesse l'exaltait sans doute, car tout le long du chemin il n'arrêta pas de discourir; ...
Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 130. Rem. Cet emploi intrans. qualifié de vx ds Quillet 1965, est surtout fréq. à l'impératif : 26. Tais-toi, ami, tais-toi, arrête. − Calme, calme ta tête brûlante. Laisse passer en silence tes emportements, et n'épouvante pas cette jeune femme qui t'est étrangère.
Vigny, Chatterton,1835, p. 295. − [Le suj. est un subst. d'action] Cesser : 27. N'est-il pas vrai, monsieur Durtal, disait le frère Blanche, que le but de la vie monastique devrait être la louange ininterrompue de Dieu? − Certainement, petit frère, mais pour vous consoler de ne pouvoir réaliser ce projet, persuadez-vous que la louange pérennelle subsiste, non dans un Ordre particulier mais dans tous les Ordres réunis ensemble; la prière des congrégations n'arrête jamais; les couvents des diverses observances se relaient entre eux...
Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 47. C.− Spécialement 1. VÉN. [En parlant d'un chien] Demeurer immobile dès qu'il voit ou sent le gibier : 28. George Le Roi observe que, quoique le chien n'arrête point naturellement, les excellentes chiennes d'arrêt font des petits qui très souvent arrêtent, sans leçon préalable, la première fois qu'on les met en présence du gibier.
Stendhal, Hist. de la peint. en Italie,t. 2, 1817, p. 78. 2. ÉQUIT. Arrêter et rendre. Former des demi-temps d'arrêts successifs. Rem. Attesté ds Ac. 1835-1932, Besch. 1845, Littré, Quillet 1965. 3. ESCR. ,,Prendre un coup d'arrêt.`` (Ac. Compl. 1842 qui l'atteste seul; cf. arrêt I A 1 a spéc.). III.− Emploi pronom. A.− [Le suj. désigne une chose ou un animal] 1. [Le suj. désigne un animal ou une chose doués de mouvement ou mis en mouvement] a) Cesser d'avancer : 29. Telles étaient les inquiétudes de ces anciens peuples, qui, voyant le soleil s'éloigner de leurs climats, craignaient qu'un jour il ne vînt à les abandonner tout-à-fait : de là ces fêtes de l'espérance, célébrées au solstice d'hiver, lorsque les hommes virent cet astre s'arrêter dans sa marche rétrograde, et rebrousser sa route pour revenir vers eux.
Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 145. − En partic. [Le suj. désigne un autobus, un train, etc.] S'arrêter à + compl. de lieu.Faire un arrêt, une station (cf. arrêt I A 1 a) : 30. Le rapide de Cherbourg ne s'arrête pas à Bourg-du-Mont. Je dus en descendre à Valognes afin de reprendre plus tard un train omnibus qui me ramènerait sept kilomètres en arrière.
Billy, Introïbo,1939, p. 175. b) [Le suj. désigne une chose qui fonctionne, un mécanisme] Cesser de fonctionner : 31. 4 amortissement. − On sait que les oscillations d'un pendule ne persistent pas indéfiniment; chaque oscillation est moins ample que celle qui l'a précédée, et, après un certain nombre d'allées et venues de plus en plus petites, le pendule finit par s'arrêter. Cela est dû au frottement.
H. Poincaré, La Théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes,1899, p. 22. − Au fig. [Le suj. désigne la pensée, l'esprit, etc.] :
32. ... elle avait repris : « Je suis sûre d'aimer encore! » M. Baslèvre, aussi, en était sûr : mais, arrivée là, sa pensée s'arrêtait et toutes voix se taisaient en lui.
Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 185. c) [Le suj. désigne un liquide] Cesser de s'écouler, de couler : 33. Marguerite était livide. Elle ne disait pas une parole. De grosses larmes coulaient de temps en temps de ses yeux et s'arrêtaient sur sa joue, brillantes comme des diamants.
A. Dumas Fils, La Dame aux Camélias,1848, p. 263. 2. [Le suj. désigne le mouvement lui-même, une action] Cesser : 34. Une artère est coupée. Du sang jaillit en abondance. La pression artérielle s'abaisse. Le patient a une syncope. L'hémorragie diminue. Un caillot se forme dans la plaie. L'ouverture du vaisseau est oblitérée par de la fibrine. L'hémorragie s'arrête définitivement.
Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 239. 3. P. ext. [Le suj. désigne une chose qui n'est pas en mouvement] Ne pas aller plus loin que, ne pas s'étendre au-delà de : 35. Deux fois, après deux kilomètres environ dans le chaud silence, puis sous les branches, complètement dans l'ombre, le chemin s'est arrêté, obstrué, fermé. Je mettais pied à terre, j'écartais les branches, pour regarder.
Alain-Fournier, Correspondance[avec J. Rivière], 1911, p. 279. 4. [Le suj. désigne les yeux] S'arrêter sur : 36. En entrant dans la salle, ils virent le parterre debout et les yeux fixés sur un seul point de la salle; leurs regards suivirent la direction générale, et s'arrêtèrent sur l'ancienne loge de l'ambassadeur de Russie.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 777. B.− [Le suj. désigne une pers. ou, p. ext., l'esprit, la pensée] 1. [Le suj. désigne une pers. qui se déplace] − Cesser d'avancer : 37. Ils s'arrêtèrent au bord du troupeau. Alban resta un peu en retrait. « Vous pouvez avancer, il n'y a pas de danger », dit le duc. − « Je veux d'abord voir comment se comporte ce bétail », répondit Alban, ...
Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 406. − Faire halte : 38. J'avais quitté Auteuil très tôt, espérant m'arrêter au Louvre en passant; mais la crainte de manquer Fargue m'a fait arriver une demi-heure trop tôt.
Gide, Journal,1911, p. 327. − Séjourner dans un lieu, interrompre un voyage : 39. Nous (...) descendîmes le Rhône jusqu'à Avignon, d'où nous courûmes à Vaucluse, (...). De là, traversant le Midi, saluant le pont du Gard, nous arrêtant quelques jours à Nîmes pour embrasser notre cher précepteur et ami Boucoiran et pour faire connaissance avec Madame d'Oribeau, (...), nous gagnâmes Perpignan, ...
G. Sand, Histoire de ma Vie,t. 4, 1855, p. 437. − Au fig., loc. gén. péj. Ne pas s'arrêter en si beau chemin. Continuer, poursuivre ses entreprises. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que dans Ac. 1932, Rob. et Lar. encyclop. qui renvoie à chemin. 2. [Le suj. désigne une pers. qui agit, qui parle] Cesser de parler, d'agir. S'interrompre dans une action ou la cesser tout à fait : 40. Mais Haynes ne sut jamais ce que le matelot voulait dire. Celui-ci s'arrêta court, puis, sans un instant d'hésitation, étendit le bras et signala par deux coups de cloche qu'il apercevait quelque chose sur bâbord.
Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 152. 3. [Dans un domaine plus abstr., en parlant d'une démarche de l'esprit] a) S'arrêter sur.S'appesantir sur quelque chose, l'étudier de près : 41. Plutôt que de nous arrêter en détail sur tous ces satellites, nous essaierons de distinguer les étapes et les enchaînements qui constituent ce que l'on pourra appeler une histoire.
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 581. b) S'arrêter à + compl. autre que compl. de lieu. ♦ [Le compl. désigne les moyens d'action] Se décider, choisir, se fixer, pour se déterminer : 42. Les travaux à la suite desquels la volonté peut ainsi s'arrêter fermement à une résolution difficile, pénible, sont comparables à un vannage de grains. L'idée qui domine est enveloppée, perdue, parmi une foule de petites idées secondaires, contradictoires, qui se pressent toutes à la fois, qu'il faut secouer longtemps avant qu'elles s'écoulent et disparaissent, laissant enfin l'autre seule, nette, évidente.
Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 319. ♦ S'arrêter à + inf. ou subst.Arrêter son esprit à quelque chose. S'attarder à : 43. ... le monde n'avait pas été l'ouvrage d'un instant, mais (...) Dieu l'avait produit dans un ordre progressif distribué en six époques que l'écriture appelle des jours. Je ne m'arrêterai pas à vous exposer cet ordre qui est connu de vous, ni à le justifier. La science s'en est chargée depuis un demi-siècle; ...
Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 224. ♦ S'arrêter à.Prêter attention à, avoir égard à : 44. L'homme pur et qui s'est préservé des souillures, est brillant comme la lumiere. Il est une arme tranchante, comme le diamant; il dissipe et consume tout devant lui, comme le feu. Ne t'arrête point aux apparences, ni aux similitudes; ne te donne point de repos, que tu n'aies atteint jusqu'aux réalités dans tous les genres.
Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 401. Rem. Un emploi subst. du part. prés. arrêtant en technol. et désignant une pièce métallique du métier à bas qui empêche un crochet de passer outre. Cet emploi est attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Quillet 1965. COMP. Arrête-convois, subst. masc.Mines (et carr.). Dispositif de sûreté destiné à prévenir (dans les transports souterrains sur les plans inclinés automoteurs) les conséquences d'une rupture de câble. Synon. parachute :,,En cas de rupture du câble, on a cherché à prévenir les conséquences de l'accident. (...). Une solution complète du problème se trouve dans l'emploi des arrête-convois ou parachutes, intercalés entre l'extrémité du câble et chacun des trains. Un des plus anciens a été l'appareil Joniaux. Il consistait en un wagonnet spécial, à l'aide duquel le câble remorquait le train. L'attache avait lieu par l'intermédiaire d'un fort ressort, manœuvrant une ancre de marine. Lorsque le ressort était tendu par l'attelage, l'ancre se trouvait soulevée. Mais, en cas de rupture de câble ou d'attelage, le ressort reprenant vivement sa forme naturelle, l'ancre s'abattait et se piquait dans les traverses de la voie.`` (J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des Mines,1905p. 913).(1905, J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des Mines, p. 913); comp. de la 2epers. impér. de arrêter* (cf. arrête-bœuf) et de convoi*. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʀ
εte] ou [-e-], j'arrête [ʒaʀ
εt]. Passy 1914, Goug. 1961 et Harrap's 1963 transcrivent l'inf. avec [ε] ouvert, Dub. et Pt Rob. avec [e] fermé. Warn. 1968 donne deux possibilités de prononc. : avec [ε] pour le lang. soutenu, avec [e] pour le lang. cour. 2. Homon. : arrête (j', il) et arête (de poisson). 3. Hist. − Fér. 1768 rappelle que le verbe : ,,s'écrivait autrefois avec une s : arresté; [qu'] on lui a substitué le chevron sur l'ê``. Il ajoute qu',,on ne prononce qu'une r`` et que ,,l'ê est ouvert et long``. Fér. Crit. t. 1 1787 note qu'il faut prononcer r ,,forte`` (cf. aussi Gattel 1841). 2esyllabe longue également ds Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844 et Littré. Fél. 1851 transcrit [e] fermé pour la 2esyllabe, DG [ε] ouvert. Ces deux dict. n'indiquent plus la durée sur e. Littré enfin, souligne : ,,arê-té, et non ar-té faute commise dans plusieurs provinces``. − Arrêtant. Seule transcription ds Littré : a-rê-tan. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− « Empêcher d'aller plus loin, suspendre le mouvement » 1. ca 1100 « suspendre sa marche » (Roland, éd. Bédier, 2450 : Quant veit li reis li vespres decliner, sur l'erbe verte descent li reis en un pred, Culchet sei a terre, si priet Damnedeu Que li soleilz facet pur lui arester, La nuit targer e le jur demurer); 2. ca 1160 « s'interrompre, suspendre une action » (Énéas, éd. Salverda de Grave, 1405 ds T.-L. : Enmi son conte s'arestait); 3. 1230 « mettre en prison » (Ch. de Thib. de Champ., A. mun. Troyes, lay. 2, 1 ds Gdf. Compl. : S'il estoit pris et arestez por autre chose).
B.− « Maintenir dans un lieu » 1. ca 1130 « maintenir (qqn) fixé en un lieu » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 758 ds T.-L. : a l'estache leiez et arestez); 2. 1170 « séjourner, s'attarder » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 2398 ds T.-L. : Son fil qui an Bretaingne estoit, Ou mout volantiers s'arestoit); 3. 1160-74 « se tenir fixé, attaché (à une pensée) » (Wace, Rou, éd. H. Andresen III, 1017, ibid. : Arestez s'est a cest pensé); xiiies. « se décider » (G. Le Clerc, Fergus, éd. E. Martin, 107, 29, ibid. : A ço s'areste lor conseuls).
Du lat. pop. *arrestare, composé de ad et du lat. class. restare « demeurer »; cf. ital. arrestare, esp., port. arrestar prov., cat. arestar. STAT. − Arrêter. Fréq. abs. littér. : 19 493. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 26 192, b) 30 190; xxes. : a) 29 035, b) 26 912. Arrêtant. Fréq. abs. littér. : 962. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 310, b) 2 079; xxes. : a) 1 646, b) 867. BBG. − Baudr. Chasses 1834. − Bél. 1957. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chabat 1881. − Chauss. 1969. − Criqui 1967 →. − Darm. Vie 1932, p. 168. − Duch. 1967. − France 1907. − Gottsch. Redens. 1930, p. 9, 411. − Jossier 1881. − Larch. 1880. − Le Breton Suppl. 1960. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Sandry-Carr. 1963. |