| ARRÊT, subst. masc. I.− Emploi actif. A.− Action d'arrêter, de s'arrêter, d'interrompre un mouvement (au propre ou au fig.). 1. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Action d'arrêter, de s'arrêter; résultat de cette action. a) Fait d'interrompre un mouvement : 1. Il y a un imbécile de père, qui dépose d'une voix lente et basse, avec des silences réfléchissants et vides, où il polit vaguement de son gant la barre du tribunal, des absences d'une mémoire qui semble avoir sombré dans son chagrin, des arrêts de voix, où l'homme se passe lentement la main sur la figure et devant les yeux pour en chasser quelque chose, des Ah! aux demandes du président, qui sont comme des réveils en sursaut à un coup qu'on lui frapperait au cœur.
E. et J. de Goncourt, Journal,1869, p. 503. ♦ Point d'arrêt. Le lieu où l'on s'arrête, le point de repos : 2. Une voie ferrée est fixe par définition; le train est rivé à un parcours fixe et à des stations fixes; aux points d'arrêt il faut décharger et transborder les marchandises : ...
J. Brunhes, La Géogr. humaine,1942, p. 114. − P. ext. Temps pendant lequel quelque chose est suspendu, arrêté, interrompu : 3. Après un arrêt de quelques jours chez nos parentes de Saint-Pierre-d'Oléron (ma grand'tante Claire et les deux vieilles demoiselles ses filles), nous étions allés demeurer tous trois seuls à la Grand'Côte, ...
Loti, Le Roman d'un enfant,1890, p. 84. ♦ Sans arrêt. De manière continue, sans interruption : 4. Les amants qui d'habitude se disent adieu, au seuil de la mort, sont destinés à se revoir sans arrêt, à se heurter sans fin dans la vie future, à se coudoyer sans répit, à se pénétrer sans répit, puisqu'ils seront des ombres dans le même domaine. Ils se quittent pour ne plus se quitter.
Giraudoux, Ondine,1939, III, 6, p. 218. ♦ Temps d'arrêt. Courts intervalles ou repos observés entre certains mouvements qui doivent s'exécuter avec précision et régularité. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Rob., Lar. encyclop. et Quillet 1965. − Au fig. ou dans un domaine abstr. Interruption limitée dans le temps, suspension, rupture dans la continuité : 5. Ici une arcade soutenue par des colonnes marque, dans la longue galerie, une sorte de temps d'arrêt.
T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 102. ♦ MUS. Point d'arrêt. Synon. de point d'orgue. (Rougnon 1935). − Lieu où l'on s'arrête, en partic., où s'arrête régulièrement un véhicule de transport en commun, station d'autobus ou de tramway. Arrêt d'autobus (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 93). − Au fig., vieilli. [En parlant d'un homme] Léger, volage, sur lequel on ne peut compter. Il n'a point d'arrêt, c'est un esprit sans arrêt. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixesiècle. − Spécialement − ÉQUIT. Action du cheval quand il s'arrête; action de la main pour arrêter le cheval. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. ♦ Action de la main pour ralentir le mouvement sans le faire cesser. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Ac. 1932. − ESCR. Coup d'arrêt. ,,Coup pris sur une manche avec opposition.`` (Ac. Compl. 1842). Rem. Attesté également ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds DG, Lar. encyclop., Quillet 1965. − Au fig. : 6. Stratégie de représailles massives. Le 12 mars 1947, la doctrine Truman remplace la politique d'apaisement de Roosevelt. Les menaces graves sur la Grèce et la Turquie ont, à la fin, ouvert les yeux des Américains, sinon encore ceux des Européens. Elle marque un coup d'arrêt certain à l'expansion soviétique.
P. Billotte, Considérations stratégiques,1957, p. 4203. − VÉN. ,,... Action d'un chien couchant qui s'arrête quand il sent la perdrix ou quelqu'autre gibier.`` (Baudr. Chasses 1834) : 7. Le chien porte un grelot d'un son léger. Doux assez pour ne point donner trop tôt l'éveil à l'oiseau, clair assez pour permettre de suivre la quête et de saisir l'arrêt. On va, de sentier en sentier, à pas étouffés. Autour de vous, devant vous, le chien bat les taillis. Il disparaît, il reparaît; (...). Le grelot n'a cessé de résonner, et le chien, caché par un tronc, dont on ne voyait plus que le fouet, retourne sur ses pas, inquiet, affairé, en reniflant. On pousse plus loin. (...) Tout à coup la quête s'anime. Le chien a un frémissement joyeux. Une odeur vivante l'attire et l'enivre. Il se faufile sous les houx, il écarte les fougères, il rampe, il se hâte vers le but flairé. Il ralentit. Et puis il steppe, il passage comme un cheval ardent et puis fait halte, suspendu sur trois pieds. Le grelot qui carillonnait s'est tu. Et c'est l'arrêt... Un roncier cache encore l'oiseau. Il a perçu le bruit du grelot, et il a fui : pas longtemps, car il a les pattes courtes; vainement, car son fumet le trahissait.
Pesquidoux, Chez nous,1921, pp. 206-207. ♦ (Être) en arrêt (devant le gibier) (Renard, Poil de Carotte, 1894, p. 231). se mettre en arrêt, Médor alors tomba en arrêt en me regardant. (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Rouille, 1882, p. 791).Tenir le gibier en arrêt. ,,L'empêcher de partir`` (Quillet 1965 qui l'atteste seul). Forcer l'arrêt. S'élancer sur le gibier avant l'arrivée du chasseur ou avant commandement (Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop.). Chien d'arrêt. Chien de chasse, qui s'arrête quand il voit ou sent le gibier, par opposition à chien courant : 8. ... pour en finir avec la chasse du lièvre au chien d'arrêt, disons que pour attrayante qu'elle puisse être, elle doit être pratiquée avec la plus extrême modération. Un chasseur digne de ce nom tire au déboulé, à l'arrêt de son chien, un lièvre parfois deux; il respecte les autres.
F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 16. − Au fig. Tomber, rester en arrêt. S'arrêter et rester immobile devant quelque chose : 9. De retour au manoir, (...) elle [Madame de Vaubert] ouvrit brusquement la fenêtre, et, comme une chatte qui guette une souris, tomba en arrêt devant le château de La Seiglière, dont la lune faisait en cet instant étinceler toutes les vitres. Malgré la fraîcheur de la nuit, elle demeura près d'une heure, accoudée sur le balcon, en contemplation muette.
Sandeau, Mllede la Seiglière,1948, p. 258. b) Arrêt + de + subst.Cessation, suspension de quelque chose. − BIOL. ou PHYSIOL. Arrêt de développement. ,,Cessation du développement d'un ou de plusieurs éléments, lequel ne peut pas atteindre les limites ordinaires : l'assimilation ne l'emporte plus sur la désassimilation; il y a égalité entre ces deux actes élémentaires, égalité qui peut durer plus ou moins longtemps`` (Littré-Robin 1865). Cf. aussi Carrel, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 309. − LÉGISL. DU TRAVAIL. Arrêt du Travail. ,,Expression qui tend de plus en plus à se substituer au mot « chômage » que la cessation du travail soit normale (congé, maladie, accidents, etc...) ou qu'elle résulte de mouvements sociaux (grèves, lock-out) ou enfin d'accidents`` (Romeuf t. 1 1956). (Cf. Traité de sociol., 1967, p. 497). SYNT. Arrêt du train; arrêt du cœur, de croissance, de digestion, de développement, du mouvement, de la vie; arrêt de production, du travail; arrêt brusque, brutal, complet, définitif, momentané, total; arrêts fréquents, intermittents, obligatoires, prolongés, soudains, subits, successifs, temporaires; descendre à l'arrêt, être à l'arrêt, marquer l'arrêt. 2. Action, fondée en droit, de saisir quelqu'un en le privant de la liberté de circuler. a) DR., rare. Saisie d'une personne. Synon. plus usuel arrestation : 10. ... la gendarmerie de Marly prévint mon oncle Charles et mon père d'avoir à passer vers trois heures de l'après-midi au Ministère de la Justice. Rebendart les convoquait. Pendant le déjeuner, Moïse arriva en automobile et nous apprit que l'ordre d'arrêt était signé.
Giraudoux, Bella,1926, p. 180. − Subsiste dans les expressions : ♦ Mandat d'arrêt. ,,Ordre d'incarcération motivé en fait et en droit.`` (Cap. 1936). Être sous le coup d'un mandat d'arrêt : 11. Un décret du nouveau pouvoir permet aux préfets d'incarcérer qui ils veulent dans leurs départements, et les préfets à leur tour envoient des mandats d'arrêt en blanc, c'est-à-dire de véritables lettres de cachet, aux sous-préfets placés sous leurs ordres.
Tocqueville, Correspondance[avec Henry Reeve], 1851, p. 127. ♦ Maison d'arrêt. ,,Prison affectée aux détenus en état de détention préventive.`` (Cap. 1936) : 12. ... Greslou est aujourd'hui détenu dans la maison d'arrêt de Riom et doit comparaître aux assises de cette ville, dans la session de février, ou aux premiers jours de mars, comme accusé d'avoir empoisonné Mllede Jussat-Randon.
P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 38. Rem. Lorsqu'il s'agit de saisie d'argent, on ne dit plus guère que saisie-arrêt ou opposition : 13. ... 2. Les retenues judiciaires. − Elles peuvent être opérées par saisies-arrêts sur le traitement des fonctionnaires et sur les arrérages de leurs pensions, d'après la loi du 21 ventôse an IX (17 mars 1801), et l'article 580 du code de procédure civile; cet article fixe une quotité invariable, quelle que soit la nature ou la cause de la créance, en vertu de laquelle est opérée la saisie-arrêt.
J. Baradat, L'Organ. d'une préfecture,1907, p. 54. b) Au plur. − MILIT. (discipline). ,,Sanction disciplinaire restrictive de liberté, qui peut être infligée aux officiers et sous-officiers par la seule décision de leurs supérieurs hiérarchiques. On distingue : 1oles arrêts simples; 2oles arrêts de rigueur; 3oles arrêts de forteresse`` (Cap. 1936); Arrêts simples ,,le militaire (...) fait son service mais doit garder la chambre en dehors de ce service`` (Cap. 1936); Arrêts de rigueur ou forcés ,,le militaire (...) cesse son service et est enfermé dans un local spécial`` (Cap. 1936); arrêts de forteresse ,,... [ils] sont subis dans une prison militaire`` (Cap. 1936) : 14. S'il y a lieu à sanctions, appliquer les sanctions réglementaires et les notifier sous la forme prescrite par les règlements. Éloigner et isoler sans délai tout individu faisant preuve d'indiscipline ou de mauvais esprit (prison, arrêts de rigueur, arrêts de forteresse).
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 434. SYNT. Forcer, garder, lever les arrêts; mettre aux arrêts; jours d'arrêts. − Rare (de manière plus gén.) : 15. « ... le prince s'efforce de briser l'épée du maréchal et se coupe les mains. Il crie : À moi, les gardes du corps! Qu'on le saisisse! » Les gardes du corps accoururent; sans un mouvement de tête du maréchal, leurs baïonnettes l'auraient atteint au visage. Le duc de Raguse est conduit aux arrêts dans son appartement.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 624. − Vx, p. anal. Punition infligée à l'élève d'un établissement d'enseignement : 16. − Le troisième banc s'est signalé par ses vociférations, répondit le malheureux mathématicien. − Que tous les élèves du troisième banc descendent, continua le censeur, on va les conduire aux arrêts. Je faisais partie de ce troisième banc qui s'était effectivement distingué par des hurlements de cannibales. Nous descendîmes au nombre de neuf; (...) Nous traversâmes la cour, nous montâmes sept étages, on ouvrit devant nous une porte garnie de gros verrous et on nous poussa chacun dans une cellule séparée.
Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 57. − P. ext. Le lieu où sont conduits les élèves punis d'arrêts : 17. Joanny demanda la permission de sortir de l'étude. (...) Il y avait, au bout d'un couloir, à côté des arrêts, une salle de classe abandonnée. La porte en avait été condamnée; (...). Les plus rêveurs d'entre les gosses, le petit Camille Moûtier, par exemple, n'imaginaient pas sans frémir l'aspect de cette chambre morte. Et le voisinage des arrêts, où on n'était enfermé que dans les cas les plus graves, achevait de la rendre sacrée, dévouée aux dieux redoutables.
Larbaud, Fermina Marquez,1911, pp. 202-203. B.− P. méton. Ce qui arrête (cf. arrêtoir); ce qui sert à arrêter. 1. Nom donné en général à toute pièce, tout élément naturel ou fabriqué, destiné à arrêter (un mouvement, un écoulement, etc.) avec application en chirurgie, horlogerie, serrurerie, technologie : 18. [Avec le camion à benne basculante, après déchargement et dégagement de la benne] (...) il suffira que le conducteur, reprenant sa route de retour, freine légèrement (...) pour que la vitesse acquise entraînant la benne, (...) celle-ci vienne buter sur des arrêts appropriés et s'enclancher dans un dispositif spécial.
J. Cahen, E. Bruet, Carrières, plâtrières, ardoisières,1926, p. 159. Rem. Arrêt s'emploie seul ou bien comme compl. de nom (subst. + de + arrêt) : 19. Le rein est un véritable organe d'arrêt pour les staphylocoques déversés dans le torrent circulatoire.
M. Macaigne ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd.,1926, p. 319). SYNT. Clavette, cliquet, cran, freins, ligature, plaque, robinet, signal, taquet, valve, vis d'arrêt. 2. Spécialement a) COUT. Point solide ou ganse placé à l'extrémité des ouvertures, afin d'empêcher que l'étoffe ou le linge ne se déchire : 20. 1oDébâtir les hauts et faire les arrêts du gousset de montre.
A. Gendron, Le Métier de tailleur (culottières),1927, p. 45. − Le ou les points qui terminent une couture. (Attesté ds Lar. 19eet Lar. encyclop.). b) TECHNOL. (armure). ♦ Arrêt de cuirasse. Sorte de crochet soit fixe, soit à charnières, vissé du côté droit du plastron et servant de point d'appui à la lance couchée. ♦ Arrêt de lance. ,,Sorte de bracelet de cuir entourant la hampe en arrière de la main du jouteur, bracelet dont la saillie venait buter contre l'arrêt de cuirasse et s'opposait ainsi au recul de la lance.`` (Leloir 1961) : 21. Chaque fois que Joseph montait dans sa voiture et saisissait le volant entre ses mains gantées, il éprouvait un sentiment comparable à celui du chevalier qui, tout roide en son armure, bien calé sur son palefroi, les rênes au poing, la lance en arrêt, part pour la conquête du monde, sur le chemin des aventures.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 29. − Au fig. Être la lance en arrêt, mettre la lance en arrêt. Être sur ses gardes, sur le qui-vive. II.− Emploi passif. Ce qui est arrêté, décidé. A.− Décision d'une autorité supérieure, comportant obligation de s'y soumettre : 22. Denys d'Halicarnasse, qui avait consulté les documents originaux, dit qu'avant l'époque des Décemvirs tout ce qu'il y avait à Rome de lois écrites se trouvait dans les livres des prêtres. Plus tard la loi est sortie des rituels; on l'a écrite à part; mais l'usage a continué de la déposer dans un temple, et les prêtres en ont conservé la garde. Écrites ou non, ces lois étaient toujours formulées en arrêts très-brefs, que l'on peut comparer, pour la forme, aux versets du livre de Moïse ou aux slocas du livre de Manou.
Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 242. Rem. Ds l'ex. suiv., arrêt est synon. de arrêté* : 23. ... la fermeture s'était faite quelques heures avant que l'arrêt préfectoral fût publié, et, naturellement, il était impossible de prendre en considération les cas particuliers.
Camus, La Peste,1947, p. 1271. B.− ,,Décision de toute juridiction portant le nom de Cour (Cour de cassation, Cour d'appel, Cour des Comptes, Haute-Cour de justice, Cour d'assises) et du Conseil d'État.`` (Cap. 1936). Arrêt de mort : 24. 1. La Haute-Cour ne peut statuer que sur les faits dont elle est saisie par l'arrêt de renvoi; elle peut en modifier la qualification « dans les limites du Code pénal » (Art. 22).
2. Dans sa délibération la Haute-Cour vote d'abord sur la culpabilité et les circonstances atténuantes, puis sur l'application de la peine (Art. 23 et 24).
3. L'arrêt est motivé.
4. En cas de constitution de partie civile, la Haute-Cour statue sur les intérêts civils.
D − Absence de toute voie de recours. L'arrêt ne peut être attaqué ni par la voie de l'appel ni par celle du recours en cassation. Le texte n'interdit pas le recours en revision, bien qu'il ne l'organise pas.
G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 550. SYNT. Arrêt du Conseil de guerre, du Conseil d'État, de la Cour d'Appel, de la Cour d'Assises, de la Cour de Cassation; arrêt de réhabilitation; recueil d'arrêts; arrêt confirmatif, définitif, exécutoire, impérial, souverain; casser un arrêt, motiver, prononcer, rendre, signer, signifier, révoquer un arrêt. − Au fig. Événement que l'on considère comme émanant d'une autorité, d'une puissance supérieure et contre lequel on ne peut rien : 25. Il est vrai qu'il [le prospectus] invoquait, pour la faire venir au grand-hôtel de Balbec, non seulement « la chère exquise » et le « coup d'œil féerique des jardins du Casino », mais encore les « arrêts de sa majesté la mode, qu'on ne peut violer impunément sans passer pour un béotien, ce à quoi aucun homme bien élevé ne voudrait s'exposer ».
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 664. SYNT. Arrêt du ciel, de la conscience, du destin, de la fortune, de l'opinion, de la Providence, du sort; arrêt définitif, équitable, fatal, solennel; prononcer, rendre, signer, signifier un arrêt. 1. DR. ANC. Arrêts du Conseil. ,,On appelait ainsi sous l'ancienne monarchie, les décisions rendues par le conseil du roi, soit par voie de disposition générale sur des matières d'intérêt public, soit par voie de jugement sur des contestations particulières.`` (Blanche 1857). Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. 2. DROIT a) Vx. Arrêt-brandon. Synon. vieilli de saisie-brandon. b) Arrêt de doctrine, de principe. ,,Arrêt émanant d'une haute juridiction, spécialement du Conseil d'État ou de la Cour de Cassation, auquel les commentateurs attachent une importance particulière, en raison de la difficulté ou de la gravité de la question qu'il tranche.`` (Cap. 1936). Rem. Attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop. c) Arrêt d'espèce. ,,Arrêt inspiré par les circonstances particulières d'une affaire, plus que par des considérations purement juridiques.`` (Cap. 1936). Rem. Attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop. d) Arrêt de cassation. ,,A. Arrêt par lequel la Cour de Cassation prive d'autorité une décision en dernier ressort d'une juridiction judiciaire, et renvoie devant un nouveau juge, de même rang que le précédent, pour statuer à nouveau sur la même affaire (...)`` (Cap. 1936). Rem. Attesté ds Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. e) Arrêt de cassation. ,,B. Arrêt par lequel le Conseil d'État prive d'autorité une décision en dernier ressort d'une juridiction administrative et renvoie devant les mêmes juges qui statuent à nouveau sur la même affaire conformément à l'arrêt de cassation.`` (Cap. 1936). f) Arrêt de renvoi. ,,Arrêt par lequel une Cour de justice désigne, dans les cas prévus par la loi, la juridiction devant laquelle l'affaire sera portée. Ex. : arrêt de renvoi après cassation (...); arrêt de renvoi devant la Cour d'assises; (...)`` (Cap. 1936). Rem. Attesté ds Guérin 1892. SYNT. Arrêt confirmatif, contradictoire, par défaut, définitif, infirmatif, interlocutoire, préparatoire, provisoire, solennel; arrêt d'absolution, d'accord (ou d'expédient), d'admission, d'avance, de condamnation, de débet, de décharge, d'entérinement, de non-lieu, de quitus, de réformation, de rejet, de renvoi, sur requête. Rem. On rencontre dans la docum. arrêteau, subst. masc., synon. dial. de arrêt (I B 1), (Colette, Claudine en ménage, 1902, p. 64) et arrêtement, subst. masc., synon. rare de arrêt (I B 2a) (MmeArnou, Le Métier de tailleur, Giletière, 1952-53, p. 31), dont l'emploi, peu usité d'ailleurs, en cout. n'a rien de commun avec l'anc. arrêtement (« action de s'arrêter, séjour » et « arrêt, saisie, arrestation »). COMP. Arrêt-barrage, subst. masc.Mines (et carr.). ,,Dispositif (...) [ayant] pour but de projeter instantanément, sur le front d'arrivée de la flamme d'une explosion éventuelle, une quantité suffisante d'eau ou de matière incombustibles`` (J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 1277). ,,S'agit-il de poussières? Les mesures à prendre sont : la suppression des dépôts, l'arrosage des galeries et des chantiers au moment des coups de mine, la schistification des galeries, la construction d'arrêts-barrages compartimentant la mine − ces barrages sont constitués de matières incombustibles ou d'eau.`` (E. Schneider, Le Charbon,1945, p. 257).(1905, J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines, p. 1277; comp. de arrêt* et de barrage*). PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʀ
ε]. Enq. : /aʀe, (D)/, [aʀ
ε] ou [aʀe]. 2. Homon. : haret. 3. Hist. − Fér. 1768 rappelle que le mot ,,s'écrivait autrefois avec un s, arrest [qu'] on lui a substitué le chevron sur l'ê``. Il ajoute qu'on ne prononce qu'un r. Pour Fér. Crit. t. 1 1787, r est ,,forte`` (cf. aussi Gattel 1841) et il propose la graph. ârêt (1reet 2esyllabes longues). Littré et DG signalent que ,,le t ne se lie que dans la prononciation soutenue``. − Arrêtement. Seule prononc. ds Littré : a-rê-teman. Arrête-barrage. Lar. encyclop. emploie comme vedette : arrêt-barrage; plur. des arrêts-barrages. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1172-75 « action de s'arrêter (dans sa marche, son mouvement) » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 301 ds T.-L. : Li chevaliers sanz nul arest S'an vet poignant par la forest); 2. a) 1244, déc. « convention, traité » (Arch. Douai, cart. L, fo66 ds Gdf. : Si presta on me dame de le priere qu'elle fit a ses viles por les deniers qu'elle prist as deniers de l'arriest des Englois; quand les autres viles li prestoient eut ele de le vile de Douay 400 livres d'esterlins); b) 1356 « décision d'une cour souveraine ou d'une haute juridiction » (Ord., ap. Laborde ds Gdf. Compl. : Tous les procez vielz et nouveaux dont les parties sont et seront en arrest); 3. 1275 « saisie de la personne ou des biens » (Ch. de Gui comte de Fland., A. Douai, lay. 131, pièce 24, ibid. : Quankes on a trouvee en arest et quankes on i trouvera dou leur et de nos bourgois de ces trois viles en Engleterre [...], nous lor renderons et paierons); 4. 1ertiers xives. « chose qui arrête » (Perceforest, vol. 2, fo32d, ibid. : Si va pour se seoir sur le perron; mais il ne trouvast point d'arrest, si va cheoir les jambes levees en un flos qui derriere luy estoit).
Déverbal de arrêter*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 590. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 990, b) 3 230; xxes. : a) 3 746, b) 4 479. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Barr. 1967. − Barr. Suppl. 1967. − Baudr. Chasses 1834. − Baudr. Pêches 1827. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Burn. 1970. − Canada 1930. − Cap. 1936. − Chabat 1881. − Chesn. 1857. − Chauss. 1969. − Dul. 1968. − Fromh.-King 1968. − Galiana Astronaut. 1963. − Gautrat Ski 1969. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Giraud 1956. − Goblot 1920. − Guilb. Aviat. 1965. − Jossier 1881. − Laborde 1872. − Lacr. 1963. − Lafon 1969. − Lar. comm. 1930. − Lar. mén. 1926. − Le Clère 1960. − Leloir 1961. − Lemeunier 1969. − Lep. 1948. − Lew. 1968, p. 53. − Lhoste-Pèpe 1964. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Nucl. 1964. − Nysten 1824. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Pol. 1868. − Pope 1961 [1952], § 564. − Privat-Foc. 1870. − Réau-Rond. 1951. − Rigaud (A.). Le Patois de l'arg. Vie Lang. 1971, no229, p. 236. − Romeuf t. 1 1956. − Sandry-Carr. Manouche 1963. − Sexol. 1970. − Spr. 1967. − St-Edme t. 1 1824. |