| ARRACHE-PIED (D'), loc. adv. Fam. Tout de suite et avec un acharnement ininterrompu. Se mettre d'arrache-pied à un ouvrage, travailler d'arrache-pied, lutter d'arrache-pied : 1. J'ai pour deux grands mois de travail d'arrache-pied aux Misérables. Après quoi, je me reposerai dans un autre ouvrage.
Hugo, Correspondance,1861, p. 361. 2. Là-dessus, pendant quinze jours nous discutâmes d'arrache-pied. Il me disait que j'avais choisi trop précipitamment le désespoir et je lui reprochais de s'accrocher à de vains espoirs : tous les systèmes boitaient. Je les démolissais l'un après l'autre; il cédait sur chacun, mais faisait confiance à la raison humaine.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 244. Rem. Attesté ds tous les dict. généraux. PRONONC. : (d') arrache-pied [aʀaʃpje]. Littré signale que ,,Les gens du peuple disent souvent de rache-pied; ce qui est tout à fait mauvais.`` ÉTYMOL. ET HIST. − 1515 loc. adv. « tout de suite » (Colin Bucher, Poésies, 205, Denais d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 261 : D'arrache-pied quand le faucon a pris, Il luy convient vervelles de hault pris); qualifié de ,,bas`` (Ac. 1694) ,,bas et familier`` (Trév. 1704) ,,familier`` (Ac. 1798-1932).
Composé de la prép. de*, de la forme verbale arrache (arracher*) et de pied* (compl. d'obj.); v. aussi A. Darmesteter, Traité de la formation des mots composés, 1894, p. 234. Le sens premier de cette loc. est peu clair, « sans discontinuer, sans bouger de place, comme si le pied de l'homme avait pris racine et qu'il faille l'arracher du sol » − ou bien « avec un effort soutenu comme celui d'un homme qui arrache un pied d'arbre ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 13. |