| ARCHER, ÈRE, subst. A.− Tireur à l'arc : 1. À force de jouer, les doigts se coupent contre les lyres, les archers tirent de l'arc, les flèches volent, les épées brillent...
Flaubert, La Tentation de St Antoine,1849, p. 383. Rem. Au fém. le mot archère est très peu usité et considéré comme vx par les dict.; son emploi est métaph. : 2. ... [Nada à Aliki]
Vise, tire!
Là-bas, là-bas, archère,
Plus loin que la mer, plus loin que les montagnes,
Plus loin que les siècles,
Alignée sur cette étoile à l'Occident dont ton front a capturé le reflet,
Lance ta flèche!
Claudel, Le Jet de pierre,1949, p. 1300. − MYTHOLOGIE 1. Le petit archer ou le jeune archer. Cupidon ou Éros, dieu de l'Amour. Synon. archerot : 3. Ô nymphe! S'il est vrai qu'Éros, le jeune archer,
Ait su d'un trait doré te suivre et te toucher;
Leconte de Lisle, Poèmes antiques,1852, p. 25. 4. L'amour n'a pas la même figure dans tous les pays. Pour M. de Bussy (...) c'était sans doute l'enfant ailé (...) le petit archer chanté par Anacréon...
A. France, La Vie littér.,t. 4, 1892, p. 141. ♦ P. allus. à l'emploi myth. : 5. J'errai long-temps sur le rempart, invectivant contre ma fatale chance et la dérision du sort, qui m'avait, archer infernal, décoché une femme au cœur, pour m'y faire une plaie mortelle.
Borel, Champavert,Dina la belle juive, 1833, p. 124. 2. L'archer Apollon ou Apollon archer : 6. ... Je te salue, ô Reine,
Artémis, Artémis!
Vénérable, virile,
Sœur d'Apollon archer
Enfanté dans une île
À l'ombre d'un palmier, ...
Moréas, Iphigénie,1900, V, 5, p. 167. B.− Spéc., vx 1. ARMÉE a) Guerrier combattant avec un arc ou une arbalète. Archer à pied, à cheval; archer du guet; compagnie d'archers : 7. César, du milieu de la légion chrétienne, ordonne d'élever la cotte d'armes de pourpre, signal du combat; les archers tendent leurs arcs, les fantassins baissent leurs piques, les cavaliers tirent tous à la fois leurs épées, dont les éclairs se croisent dans les airs.
Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 289. 8. Les écoliers volent, jusque dans les églises. Ils attaquent les bourgeois jusque dans les maisons; et parfois, la nuit, ils font des coups longuement prémédités et concertés. Aussi ont-ils des affaires continuelles avec le guet et les archers du roi.
Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis,1942, p. 108. SYNT. Archer de la garde, de la manche, d'ordonnance (attesté dans qq. dict. gén. du xixes.). b) Au plur. Francs-archers. Compagnie d'infanterie créée par Charles VII, recrutée parmi les paysans et exempte d'impôts : 9. Si tout cela eût été confié à leur libre initiative, ils eussent fait souvent comme M. Bergeret et comme les francs-archers de Bagnolet parmi lesquels il porta le képi.
Thibaudet, Réflexions sur la litt.,1936, p. 155. 2. POLICE. Officier subalterne armé d'une épée, d'une hallebarde et dans la suite d'une arme à feu, chargé de maintenir l'ordre des villes et d'y exercer la justice. Archer de ville : 10. ... sur la figure sinistre des archers de la police se marquait [le regret de ne rien trouver de compromettant.] [Perquisition opérée en 1814].
L.-F. Raban, Marco Saint-Hilaire, Mémoires d'un forçat ou Vidocq dévoilé,1828-1829, p. 210. 11. Ce supplice est fade, bourgeois et commun. Si c'était quelque bel écartèlement à quatre chevaux montés chacun par un archer de la prévôté, quelque tenaillement avec pinces de fer rouge, quelque application de poix bouillante et de plomb fondu, quelque chose d'ingénieusement tortionnaire et de férocement douloureux, faisant honneur à l'imagination du juge ou à l'habileté du bourreau; oh! alors, je ne dis pas.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 470. 12. Ayant fait appel au Parlement de Dijon, elle [Hélène Gillot] fut conduite, sous la garde de deux archers, dans la capitale de la Bourgogne et mise à la Conciergerie du Palais.
A. France, Les Opinions de Monsieur Jérôme Coignard,1893, p. 249. ♦ Archer des pauvres. Officier subalterne chargé d'arrêter les mendiants et les vagabonds. Synon. pop. chasse-coquin, archer de l'écuelle. SYNT. Archer d'armes, de la Connétablie. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− Subst. masc. 1. a) 1174 archier « soldat armé de l'arc » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, Paris 1936, 5181-82 : Li quatre sulement sunt en la sale entre E uns archiers Randulf); 2emoitié xvies. archer (Amyot, Artax., 27, ibid.); d'où xvies. « désigne l'Amour » (Rons. 2, ibid.); 1639 petit archer poét. « id. » (Corneille, Illus., 247 ds Rob.); b) xiie-xiiies. archier « officier subalterne de justice et de police » (G. de Villehardouin, § 156 ds Gdf. Compl. : Li bon archier et li bon serjant); 1669 archer (Molière, Av. IV, 7 ds Rob.); c) xves. Francs archers « milice créée par Charles VII » (Mathieu de Couchy, Hist. de Charles VII, p. 610 ds La Curne : Le Roy ordonna que les Archers... logeroient chacun avec leur lance); 2. p. anal. 1845 ichtyol. (Besch.).
B.− Subst. fém. 1209 arkiere « femme qui tire à l'arc » (Reclus de Molliens, Charité, éd. van Hamel, Paris, 1885, 1781 : O quel estoie o! quel arkiere!); ca 1275 archiere (J. de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 20761); 1558 archère « id. » (Jod.,
Œuvr. mesl., fo100 vo, ibid. : Une Diane archere).
Dér. de arc*; suff. -er*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 334. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 941, b) 539; xxes. : a) 190, b) 212. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Darm. Vie 1932, p. 111. − Esn. 1966. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 18. − Jal 1848. − Lavedan 1964. − Leloir 1961. − Lep. 1948. − Le Roux 1752. − Lew. 1960, p. 209. − Pope 1961 [1952], § 86. − Privat-Foc. 1870. − St-Edme t. 1 1824. |